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interview

David Clarinval (MR): "Les affaires courantes nous ont fait économiser 1 milliard"

Pour le successeur de Sophie Wilmès au poste de Vice-Premier ministre, ministre du Budget et de la Fonction publique, les cris d'alerte extérieurs sur le dérapage budgétaire doivent être entendus. Mais David Clarinval (MR) rassure. "Nous travaillons avec prudence". Le tax shift que le PS flingue? Il le défend mordicus.

On a rencontré David Clarinval vendredi matin. C’était entre le "j’en ai marre" de Paul Magnette et la convocation de Koen Geens chez le Roi. On a parlé budget face aux coups de pression mis par la Banque nationale. Cette semaine, l'agence de notation Scope Ratings a, elle, réduit la perspective de la note de l'État belge à "négative". En cause: le dérapage budgétaire qui s'aggrave et des prévisions économiques moins favorables.

La pression s'intensifie pour le budget. La BNB, la Commission européenne s'agitent.

La Banque nationale, la Commission, le Bureau du plan ont d'abord souligné le bon comportement des fondamentaux de l'Etat belge. La croissance se comporte bien. On est dans des chiffres relativement positifs compte tenu de la situation générale, le coronavirus notamment. Notre économie est solide. On continue à créer des emplois. Le tax shift en a créé des milliers, on est à plus de 300.000, on en annonce 50.000 de plus en 2020. La politique menée a porté ses fruits. On nous a beaucoup critiqués sur le pouvoir d'achat, mais il a augmenté de 2,5% l'an dernier, et on annonce encore presque 2% d'augmentation pour 2020. En plus, on a amené des recettes pour la sécurité sociale. La dette diminue - on a est à 99% du PIB - ce qui n'était plus arrivé depuis très longtemps. Le déficit été fortement réduit avant la chute du gouvernement.

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Pour 2019, on est à près de 9 milliards de déficit, on annonce 12 milliards en 2020. Vous confirmez?

"Chaque semaine, nous prenons des mesures de prudence budgétaire qui permettent d'éviter que le dérapage s'accentue."

C'est une extrapolation. J'espère que, dans le courant de l'année, un gouvernement prendra des mesures pour éviter d'atteindre ces 12 milliards. Chaque semaine, nous prenons des mesures de prudence budgétaire qui permettent d'éviter que le dérapage s'accentue. Exemple: la sous-utilisation des crédits de l'an dernier est de plus d'un milliard d'euros.

Ce n'est pas un effet naturel des affaires courantes?

Non. C'est le résultat de notre travail de prudence. Chaque dépense de plus de 70.000 euros passe par le conseil des ministres.

La Banque nationale réclame des mesures même en affaires courantes.

Le gouvernement n'est soutenu que par 38 députés, il est impossible de faire voter un budget par le Parlement actuellement. Si j'arrive demain avec un projet de budget qui serait débattu par le gouvernement actuel, je doute obtenir un soutien de la gauche.

La situation est devenue impossible?

Pour les 12es provisoires votés précédemment, on est arrivé avec des amendements du PTB qui, d'un seul coup, octroyaient 400 millions pour les blouses blanches. C'est important, mais avec un seul amendement écrit sur un coin de table on a 400 millions de dépenses en plus. Ajoutez les dépenses en pensions qui s'accroissent chaque année de plus d'un milliard.

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Le PS affirme que votre tax shift définance la Sécurité sociale...

"Les socialistes ont du mal à le comprendre mais trop d'impôt tue l'impôt."

Quelques éléments factuels. Sur la période 2015-2019, les cotisations sociales ont augmenté de 8,32%. Total: quatre milliards de recettes en plus. Les socialistes ont du mal à le comprendre mais trop d'impôt tue l'impôt. Quand on diminue les cotisations sociales, on crée de l'emploi, on diminue les coûts du chômage - on a 12% de baisse, ce qui fait près de 800 millions d'euros en moins chaque année. Quand on additionne ces montants, on est presque à 5 milliards.

Vous avez dit que la Sécu était à l'équilibre, il y a pourtant un écart important entre recettes et dépenses.

Il y a une dotation d'équilibre. On nous a accusé pendant 4 ans de casser la Sécu. Or, les recettes augmentent, contrairement à ce qu'on pense. C'est un scoop, la vérité des chiffres. Les dépenses en chômage ont diminué de 26% lors de la législature. C'est colossal.

Lire aussi | Comment sauver la Sécu?

C'est faux de dire que le tax shift a définancé la Sécu?

Bien sûr. Alors, les augmentations de recettes ne sont pas uniquement dues aux emplois créés par le tax shift. La conjoncture a aussi joué. Mais la diminution des cotisations n'a pas entraîné de diminution des recettes. Au contraire, on est à quatre milliards en plus. Je suis fier d'avoir diminué la pression fiscale dans notre pays, donné un coup de pouce à la compétitivité des entreprises et créé de l'emploi avec une augmentation des rentrées en cotisations. C'est un cercle vertueux. Avec un taux de chômage historiquement bas, on est à 5,3%. C'est incroyable qu'on remette cela en cause. Le tax shift a redonné du pouvoir d'achat. Je suis pour continuer à diminuer les cotisations. La Belgique reste parmi les Etats qui taxent le plus au monde.

Il y a encore des marges pour diminuer les impôts?

"On ne va pas s'excuser d'avoir diminué les impôts."

Comme libéral, je suis pour continuer à diminuer les impôts et les dépenses. On peut aller plus loin. Aujourd'hui, on ne voit plus la différence entre le PS et le PTB au Parlement, je demande un peu de nuances dans le débat budgétaire. La situation apocalyptique que décrit le PS l'est en fait nettement moins que celle que Di Rupo a laissée. Et cela dans un contexte d'augmentation forte des dépenses liées au vieillissement.  On ne va pas s'excuser d'avoir diminué les impôts.

Quelle est la part des déficits des entités fédérées dans le trou estimé de 12 milliards?

La moitié du dérapage de 2020, ce sont les régions et les communautés qui, elles, ne sont pas en affaires courantes. A Bruxelles, il y a une explosion des dépenses. Dans les autres entités aussi. Que le PS s'applique à lui-même les leçons qu'il donne. En Région bruxelloise notamment.

Et en Wallonie et en Flandre?

Je ne vais pas parler de dérapage, mais il y a une augmentation des déficits. En Communauté française, c'est lié au pacte d'excellence. La Flandre a prévu des investissement pour le ring d'Anvers. Les régions partent du principe que l'Europe va se montrer souple sur les investissements, mais je n'ai pas d'indications en ce sens.

Le MR est solidaire des budgets wallons et de la Fédération?

Je ne fais que constater qu'une partie du déficit s'explique là. Magnette attribue cela au Fédéral mais ce n'est pas correct.

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