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Rénovation lourde en perspective pour le Musée de l'Armée

©BELGAIMAGE

À l’instar du Musée de Tervueren, le Musée royal de l’Armée et d’Histoire militaire (MRA), sur le site du Cinquantenaire à Bruxelles, va lui aussi subir une rénovation profonde qui nécessitera la fermeture de la majorité des salles. C’est ce qu’a expliqué à L’Echo Michel Jaupart, le patron (a.i.) du War Heritage Institute, le nouvel organisme dédié à la gestion du patrimoine militaire belge et à la transmission de la mémoire.

Le War Heritage Institute (WHI), un parastatal de type B porté sur les fonts baptismaux en mai, a la haute main sur le Musée de l’Armée. Une institution qui a besoin d’une sérieuse rénovation. Car les infrastructures de ce bâtiment datant de 1880 et conçu comme le cœur d’une exposition universelle ne répondent plus aux besoins d’un musée moderne. Idem pour les expositions permanentes, dont certaines relèvent d’une muséographie par accumulation qui était à la mode dans les cabinets de curiosité il y a plusieurs siècles.

Autre défi: montrer davantage de pièces de la collection, jugée comme une des plus importantes au monde. La troisième ou quatrième, selon les rankings internationaux; quelque 130.000 objets qui s’étendent sur près de 20 siècles.

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"Classer quelque chose qui ne ressemble plus du tout à ce que c’était à l’origine me paraît audacieux."

michel jaupart
directeur du war heritage institute

Un casse-tête

"On ne rénove pas un musée de l’ampleur du MRA à la petite semaine", souligne d’emblée Michel Jaupart. "Si on veut faire quelque chose de qualité, nous devons prendre le parti qui a été pris par d’autres grands musées nationaux, à Tervueren, ou internationaux, comme le Rijksmuseum: nous devrons fermer."

Pas question néanmoins d’une fermeture complète. La Halle Bordiau, qui est actuellement en cours de refonte avec l’installation d’une nouvelle tranche consacrée à la fin de la Seconde Guerre, restera accessible après sa réouverture espérée vers avril 2019. Idem pour la salle des armures. "Je ne souhaite pas fermer entièrement, parce que je veux que les gens gardent l’habitude de venir au Musée, précise le directeur. Je veux que le MRA puisse rester un partenaire culturel et pédagogique à Bruxelles".

Mais le hall consacré à l’aviation, jugé par beaucoup comme le fleuron du site, devra être réaménagé. Un véritable casse-tête, selon Michel Jaupart: "il n’est pas imaginable de travailler avec les avions. Il faudra les bouger et les mettre quelque part. Ce sera horriblement compliqué. Une des pistes envisagées, que je suis prêt à négocier avec la Région bruxelloise pour éviter toutes les craintes déjà émises, serait celle d’un stockage provisoire sur le parking du Cinquantenaire, sous une grande tente de protection, ouverte aux visiteurs, comme cela a été fait par exemple pour l’opéra de Liège. Je sais que la Région rêve de supprimer ce parking sur l’esplanade. Et cela coûterait moins cher qu’un transport ailleurs".

Deuxième contrainte de taille: les salles dites "historique" et "technique", souvent jugées comme un musée dans le Musée. Or, ces deux salles, décor y compris, ont été classées à titre provisoire par la Région bruxelloise. "Une très mauvaise idée, objecte Michel Jaupart. Leur muséographie correspond à celle du 19e siècle. Elles ne sont pas propices à la conservation et c’est surtout antipédagogique. Cela a un certain charme, mais qui ne correspond même plus à ce que c’était à leur début en 1923. Ces salles ont été modifiées de très nombreuses fois, comme en attestent les photos d’époque. Classer quelque chose qui ne ressemble plus du tout à ce que c’était à l’origine me paraît audacieux. D’autant que ce faisant, ils empiètent sur notre autonomie de gestion en tant que service public dépendant du Fédéral et créent un très curieux précédent. De notre point de vue, la Région n’est pas compétente pour cela".

Les chars resteront en province

Troisième lieu à refondre complètement: la cour carrée, qui abritait par le passé la collection de blindés, un autre joyau du MRA. L’idée est de la recouvrir, tout comme la cour triangulaire consacrée à la marine. Ensuite, on y replacera les véhicules blindés ayant été en service dans l’armée belge. Le plus gros de la collection restera à Bastogne et à Brasschaat, deux sites qui devront eux aussi être réaménagés.

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Reste une question majeure: le coût. "On a une première évaluation à la très grosse louche de 110 millions d’euros", avance Michel Jaupart. Cette somme devra être apportée par un partenaire privé, sauf embellie budgétaire bien illusoire du côté du gouvernement fédéral, qui gardera la propriété et le contrôle des collections.

Ce partenaire devra se payer sur l’exploitation commerciale du site, comme cela se fait à l’étranger. "À partir de fin 2018 j’espère, nous allons lancer un marché pour trouver ce partenaire" conclut le directeur du WHI. "Comptons encore un an de procédure. Ce qui veut dire que dans le meilleur des cas, fin 2019, début 2020, nous pourrions avoir un accord avec une entreprise ou un consortium. Il faudra aussi décrocher les accords nécessaires puisque l’ensemble du site est classé. Ensuite, je table sur 4 à 6 ans de travaux. Je ne verrai sans doute pas la fin de tout cela".

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