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analyse

Les premiers enseignements du scrutin de ce 9 juin

Le MR, conduit à Bruxelles par David Leisterh, redevient premier parti à Bruxelles, selon des résultats partiels. ©Valentin Bianchi

Les résultats sont maintenant quasi complets. Voici, en six points, le résumé des premières grandes leçons que l'on peut tirer du scrutin de ce 9 juin.

1. Le MR, premier parti francophone

Le MR redevient premier parti à Bruxelles, avec 26% des voix, selon les résultats presque complets disponibles en toute fin de soirée (98% des bureaux de vote). Un bond de plus de 9 points de pourcentage par rapport à 2019, qui permet au parti conduit à Bruxelles par David Leisterh de redevenir la première force politique de la capitale, loin devant le PS, qui parvient à se maintenir avec 22% des voix. "C’est une nette victoire pour le MR", analyse Robin Lebrun, politologue à l’ULB.

Au parlement wallon aussi (96% des bureaux de vote), le MR est désormais numéro un, avec près de 30% des voix, devançant très largement le PS (23%) et les Engagés (un peu moins de 21%). Du jamais vu depuis l'organisation d'élections régionales.

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Et à la Chambre (96% des bureaux dépouillés), la victoire est nette également, avec un MR qui pourrait décrocher 19 sièges (5 de plus qu'en 2019). Mais vu la défaite de l'Open VLD, qui passerait de 12 à 5 sièges, la famille socialiste resterait première du pays, avec 28 sièges, talonnée par les sociaux-chrétiens (27 sièges) et les libéraux (26 sièges).

"Un moment historique" s'est réjouit le président du MR, Georges-Louis Bouchez, qui a indiqué qu'il prendrait dès ce lundi les contacts nécessaires pour mettre sur pied des gouvernements "le plus rapidement possible". "Pour Bruxelles comme pour la Wallonie, il n'y a plus une minute a perdre", a-t-il annoncé.

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2. Une résurrection pour Les Engagés

Le pari de Maxime Prévot a payé. Les Engagés dépassent la barre des 10% à Bruxelles, une progression de plus de 3 points de pourcentage par rapport à 2019. En Wallonie, ils s'affichent à près de 21%, derrière le PS (23% des voix) et le MR (près de 30%). La victoire est nette aussi à la Chambre où ils devraient tripler leur nombre de sièges, passant de 5 à 15!

La vaste opération de refondation lancée après la défaite des élections de 2019, qui avaient vu le cdH perdre un quart de ses électeurs et quatre de ses neufs siège à la Chambre est un succès. Au printemps 2022, le cdH s’est effacé pour laisser place aux Engagés et à leur nouveau manifeste. En février 2023, l’ancien ministre MR Jean-Luc Crucke annonçait son ralliement. Mais c’est en septembre, avec l’arrivée d’une série de personnalités de la société civile comme Yves Coppieters, Elisabeth Degryse, Jean-Jacques Cloquet ou Olivier de Wasseige que les intentions de vote commencent à redresser le nez, jusqu’à cette victoire. "La remontada, ce soir, nous l’avons faite!", a lancé Maxime Prévot à ses militants.

Le président des Engagés se voit maintenant potentiellement présent dans tous les gouvernements. "L’électeur nous y pousse. Le résultat de ce soir nous oblige à prendre nos responsabilités", a-t-il conclu.

3. L'incertitude sur le score du PTB

Un sondage RTL-ULB réalisé à la sortie des urnes donnait le PTB grand gagnant de l'élection côté francophone, au-delà encore de la progression que lui prévoyaient les sondages précédents. Mais c'était une erreur. "Nous avons malheureusement commis une erreur d'encodage en inversant Engagés et PTB et inversement, a expliqué le politologue Pascal Delwit (ULB) sur X. Nous étions à flux tendu. Nous présentons nos excuses."

Selon des résultats presque complets pour le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, le parti d'extrême gauche est tout de même en très nette progression, avec près de 21% des voix, plus de 7 points de pourcentage de plus qu'en 2019.

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Au parlement wallon, où certains résultats étaient encore manquants en fin de soirée (96% des bureaux dépouillés), le PTB restait par contre en recul, avec 12% des voix, contre presque 14% en 2019.

On s’attendait à ce que 2024 soit l’heure de la confirmation pour le PTB. Depuis l’immédiat après-guerre, un parti communiste n’avait jamais eu autant le vent en poupe. Né dans les années 1970, le PTB, formation révolutionnaire aux racines maoïstes, a entamé depuis 2008 une conquête des parlements. Les sondages réalisés durant la campagne électorale le voyait à 15% environ en Wallonie et à 20% à Bruxelles.

Reste maintenant à voir comment le PTB va gérer la situation. Malgré ses discours de campagne, le parti d’extrême gauche, au programme peu propice au compromis, n’est guère intéressé par une participation gouvernementale. Il mise plutôt sur une participation au pouvoir à l’échelon local.

"Nous avons gagné, camarades! C'est le meilleur résultat de notre histoire! Ce qui rend le PTB comme une force incontournable", jubilait toutefois Raoul Hedebouw, le président du PTB en début de soirée ce dimanche.

4. Une N-VA qui résiste mieux que prévu

Même si l’extrême droite flamande progresse, avec un Tom Van Grieken qui a réussi à banaliser son projet à la fois anti-immigration et séparatiste et qui engrange, selon les résultats disponibles en fin de soirée, près de 23% des voix en Flandre, la N-VA a réussi à se maintenir comme premier parti de Flandre, avec plus de 24% des voix. Un score presque similaire à celui de 2019, et une victoire, pour les nationalistes flamands, dont le président Bart De Wever estimait il y a quelques jours qu’un score de 22 à 23% le rendrait incontournable au Fédéral. Le CD&V, l’Open Vld et même Vooruit ayant annoncé leur préférence pour une coalition avec les nationalistes flamands au Fédéral, une Vivaldi II, même élargie aux Engagés, ne semble pas, pour l’instant, tenir la corde.

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À noter, toujours en Flandre, le net recul de l'Open Vld, qui récolte selon les résultats disponibles en début de soirée moins de 8% des suffrages.

5. Les Verts sanctionnés

Comme en 2004 et en 2014, les écologistes paient leur participation au pouvoir par une nouvelle déroute. L’objectif que s’était donné les verts en montant dans la Vivaldi était pourtant de ne pas répéter cette dynamique. C’est raté. Selon les résultats disponibles en début de soirée, Ecolo s’effondre à Bruxelles, où il fait moins de 10% des suffrages, contre plus de 19% en 2019. La chute est rude aussi en Wallonie, où il ne décroche plus que 7% des voix, deux fois moins que son score de 2019, retournant grosso modo à son score de 2014.

Par contre, Groen garde la tête et progresse même à Bruxelles dans le groupe linguistique néerlandais, décrochant 22,82% des voix, plus de 2 points de pourcentage de plus qu'en 2019. "Une explication possible à cette avancée serait que des francophones, sensibilisés à l'hypothèse d'un blocage dans la capitale et à la montée du Vlaams Belang, aient choisi de voter dans le collège électoral néerlandais", explique Robin Lebrun, politologue à l'ULB. "Potentiellement au détriment d'Ecolo."

6. Défi très affaibli

Défi est en net recul à Bruxelles, où il ne récolte plus qu'un peu plus de 8% des suffrages, contre près de 13,5% en 2019, ce qui lui avait permis de se faire une place dans la majorité bruxelloise pour la seconde fois d'affilée. À la Chambre, il ne comptera désormais plus qu'un député, au lieu de deux. Et en Wallonie, il n'a toujours pas réussi à s'implanter, treize ans après son divorce d'avec le MR.

Le chaos interne entraîné par la guerre ouverte entre l'ex-président Olivier Maingain et son successeur François De Smet a laissé des traces, et ce sont les Engagés, ressourcés dans l'opposition, qui ont profité de leur positionnement centriste, également revendiqué par Défi. "On pourra toujours se consoler en se disant que certains imaginaient notre disparition, ce qui ne sera pas le cas. Nous continuerons à travailler pour le bien-être des Wallons et des Bruxellois", a commenté François De Smet. 

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