L'extrême droite belge, identitaire et conspirationniste
Les scènes de violence inouïes survenues mercredi au Capitole pourraient-elles arriver en Belgique? L'extrême droite, très active dans le nord du pays, porte en elle un fond de violence. Même si son principal représentant, le Vlaams Belang, a adouci son image.
L'insurrection survenue mercredi au Capitole démontre que les démocraties, même les plus protégées, restent fragiles. Identifiés grâce aux images et à une campagne active du FBI, les insurgés du Capitole appartiennent, pour la plupart, à des groupes d'extrême droite. Le plus vivace, QAnon, voit en Donald Trump le héros d'une guerre secrète menée contre une secte de dirigeants satanistes qui seraient occupés à diriger le monde.
De telles scènes seraient-elles possibles en Belgique? La culture de la violence et du port d'arme est moins répandue dans notre pays, ce qui laisse peu de chance de voir une telle invasion aboutir. Mais l'extrême droite est très active en Belgique, et présente un fond de violence. "Aux États-Unis comme en Europe, on voit que toutes les droites extrêmes sont suprémacistes, pour ne pas dire racistes, complotistes et au final violentes", dit Manuel Abramowicz, spécialiste belge de l'extrême droite.
"Aux États-Unis comme en Europe, on voit que toutes les droites extrêmes sont suprémacistes, pour ne pas dire racistes, complotistes et au final violentes."
Suprémacistes, complotistes, identitaires ou survivalistes, les idéologies d'extrême droite connaissent de moins en moins de frontières, dans un monde où l'information circule vite et de manière incontrôlée.
L'extrême droite flamande très vivace
L'extrême droite belge se concentre essentiellement en Flandre, où elle est très active. Lors des dernières élections, le Vlaams Belang (VB), réputé moribond il y a quelques années, est devenu le deuxième parti du pays en nombre de voix (11,9%).
Sous l'impulsion de son président Tom Van Grieken, le VB a adouci son image. Le parti flamand fait partie de la "nouvelle extrême droite". À la recherche d'un électorat dans toutes les franges de la population, elle a coupé le cordon ombilical avec l'ancienne extrême droite d'inspiration néo-nazie. Le mouvement est parti de France, avec les identitaires, et des États-Unis, où l'Alt-Right a remplacé la vieille garde.
"Le Vlaams Belang fait très attention à son image. Dans ses discours politiques, il y a 'eux et nous', sans racisme déclaré. Mais en interne, il y a des clins d’œil au nazisme", poursuit Manuel Abramowicz.
Lors du rassemblement automobile du VB au Heysel, en septembre dernier, un pick up arborait sans complexe des signes nazis. Son propriétaire fut arrêté peu après pour avoir incendié un centre d'accueil de réfugiés à Bilzen.
Schild & Vrienden, l'extrême droite 'BCBG'
Plusieurs groupuscules gravitent autour du VB, comme le mouvement de jeunesse nationaliste Schild & Vrienden ("Bouclier et Amis"), inspiré des identitaires français, ouvertement suprémaciste.
"Schild & Vrienden est le plus bel exemple de l'extrême droite qui se donne un visage 'BCBG'. Une fois dans l'underground, ils n'hésitent pas à se montrer antisémites, racistes et génocidaires", lâche Manuel Abramowicz. Leur fondateur, Dries Van Langenhove, devenu député fédéral, la joue en sourdine depuis son élection.
"Schild & Vrienden est le plus bel exemple de l'extrême droite qui se donne un visage 'BCBG'. Une fois dans l'underground, ils n'hésitent pas à se montrer antisémites, racistes et génocidaires."
Pas de violence déclarée au VB, ni chez Schild & Vrienden, mais une invitation à "garder la forme", sur le mode survivaliste, pour combattre le "grand remplacement", cette thèse complotiste dénonçant le remplacement de la "population blanche" par des migrants.
"Au Vlaams Belang, ils encouragent leurs militants à s'entraîner aux sports de combat et à fréquenter les salles de tir", dit Manuel Abramowicz.
"Au Vlaams Belang, ils encouragent leurs militants à s'entraîner aux sports de combat et à fréquenter les salles de tir."
Certains militants n'hésitent pas à recourir à la violence lors d'événements publics. Lors de la manifestation contre le Pacte de Marrakech, en décembre 2018, des militants ont défilé en scandant "rats bruxellois" et dégradé du mobilier urbain.
L'extrême droite inexistante en Wallonie
L'extrême droite est pratiquement inexistante en Wallonie et à Bruxelles, où des partis comme la Droite populaire, Nation ou Les Belges d'abord n'ont jamais réussi à percer. "Il existe des groupuscules isolés, une dizaine de 'skinheads' à Charleroi, quelques villageois en Ardenne qui ont commencé à s'armer mais que la police a vite arrêtés", précise Manuel Abramowicz, "mais même si les temps sont propices, ça ne recrute pas".
"Il existe des groupuscules isolés, une dizaine de 'skinheads' à Charleroi, quelques villageois en Ardenne qui ont commencé à s'armer mais que la police a vite arrêtés."
"En colère", un collectif d'extrême droite dérivé de Nation, a fait son apparition durant la pandémie de coronavirus pour combattre le port du masque.
Quant au mouvement QAnon, il n'a pas d'assise réelle en Belgique. "Il n'y a aucune structure visible, mais cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas. On a vu une pancarte avec un Q lors d'une récente manifestation anti-masque à Liège", dit Manuel Abramowicz.
S'il existe une extrême droite francophone, elle est avant tout constituée d'individus isolés, visibles sur les réseaux sociaux, où ils pratiquent une culture du clash et du harcèlement sur des thèmes conspirationnistes.
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