Publicité

La pénurie d'enseignants sévit dans toute l'Europe

©BELGA

Les syndicats enseignants de l'UE se sont donné la main pour rédiger dix demandes pour un enseignement plus attractif. La pénurie n'est pas un problème belgo-belge.

Le débat sur la pénurie d'enseignants et le manque d'attractivité du métier ne vit pas seulement en Belgique, mais dans toute l'Europe. Le CSEE (Le comité syndical européen de l'éducation) a formulé dix demandes clés dans le cadre d'une grande campagne intitulée "Rendre l'enseignement plus attractif". Ce mercredi, les syndicats enseignants francophones ont porté ces doléances au cabinet du ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet. Des actions sont également prévues dans les écoles.

Le document reprend des points tels que l'attractivité des salaires, la promotion de l'autonomie du personnel, le soutien aux jeunes enseignants en début de carrière, les conditions et la charge de travail, le respect et la valorisation de la profession... Des thématiques qui ont déjà fait l'objet de nombreuses actions menées par les syndicats depuis plus de deux ans, mais qui agitent aussi le corps enseignant dans les pays voisins, tout comme de l'autre côté de la frontière linguistique d'ailleurs.

Publicité

Des pénuries sévères en Italie ou en Allemagne

50%
En Italie, 50% des enseignants ont plus de 50 ans.

En effet, les problèmes de pénurie et d'attractivité du métier deviennent tout aussi préoccupants en Flandre. À la veille de la rentrée de septembre, un directeur sur quatre se disait toujours à la recherche d'un enseignant. En France, mais aussi en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne, en Suède, le refrain est identique. Lors de cette rentrée 2023-2024 en France, 3.163 postes dans le public n'ont pas été pourvus sur plus de 23.800 postes ouverts.

L'an dernier, Le Monde avait déjà mené une vaste enquête, répertoriant des chiffres alarmants venus d'autres pays européens. Un rapport présenté en Commission des Finances du Sénat français avait également dressé l'état des lieux de la situation, comparant la situation entre une dizaine de pays européens.

Le vieillissement en cause

Ce rapport pointait notamment la problématique du vieillissement au sein du corps enseignant, ainsi que les difficultés de recrutement comme principaux facteurs explicatifs de la pénurie criante que connaissant les établissements.

Au sein de l'OCDE, la part des enseignants de plus de 50 ans a augmenté de 14% entre 2008 et 2018. Une dynamique très variable d'un pays à l'autre. Particulièrement présente en Allemagne ou en Italie, elle est moins préoccupante en Belgique. Notre pays affiche d'ailleurs un des taux les plus élevés d'enseignants de moins de 35 ans (31%, contre 19% en moyenne dans l'UE-28), d'après les données de l'OCDE. Chez nous, seuls 28% des enseignants ont plus de 50 ans, contre une moyenne de 38% dans l'UE-28. En France, ils sont 32% à avoir passé le cap de la moitié de siècle, 37% en Suède. On grimpe à 44% en Allemagne et même 50% en Italie.

Publicité

En France, après 15 ans de carrière, les enseignants gagnent 20% de moins que la moyenne de leurs homologues des pays OCDE.

Face à cette problématique, l'OCDE a insisté sur la nécessité d'intensifier les efforts de formation et de recrutement pour remplacer les enseignants partant à la retraite.

Un salaire pas toujours attractif

Les difficultés de recrutement s'expliquent aussi, dans certains pays, par un niveau de salaire parfois insuffisant. La France en est un exemple parlant. Après 15 ans de carrière, les enseignants y gagnent 20% de moins que la moyenne de leurs homologues des pays de l'OCDE.

L'attractivité du métier ne passe pas uniquement par le portefeuille: en Allemagne, par exemple, malgré les salaires élevés, on risque de manquer de 26.000 enseignants d'ici à 2025.

Dans son dernier rapport "Regard sur l'Éducation", l'OCDE pointait aussi qu'entre 2015 et 2022, les salaires des professeurs du deuxième cycle secondaire ont décliné dans environ la moitié des pays étudiés. En Communauté française, la baisse a été chiffrée à 4%. Néanmoins, le salaire des enseignants en Belgique reste jugé par l'OCDE comme compétitif. Pour l'instant... Car la nouvelle réforme de la formation initiale, qui va former des enseignants au grade de master, pourrait changer la donne et porter un nouveau coup dur à l'attractivité. Aucun accord n'a, en effet, encore été trouvé pour que la rémunération barémique soit adaptée.

Mais l'attractivité du métier ne passe pas uniquement par le portefeuille: en Allemagne, par exemple, malgré les salaires élevés, on risque de manquer de 26.000 enseignants d'ici à 2025.

Parmi les autres écueils pointés par l'OCDE, on retrouve le manque de perspective de carrière ("enseignant un jour, enseignant toujours"), la complexité grandissante de la société qui accroît l'hétérogénéité des classes et rend plus difficile le métier, ou encore les charges administratives et la taille des classes qui rendent l'exercice de la profession plus lourd. Des points rouges qui clignotent dans toute l'Europe.

Le résumé
  • Les syndicats enseignants ont remis dix demandes clés au gouvernement dans le cadre d'une grande campagne européenne intitulée "Rendre l'enseignement plus attractif".
  • Le problème de pénurie et de manque d'attractivité de la profession n'est pas circonscrit à la Belgique.
  • Beaucoup d'autres pays européens, à commencer par nos voisins, rencontrent de grandes difficultés à recruter.
Publicité
Messages sponsorisés