Les intempéries coûtent de plus en plus cher
Les phénomènes climatiques se succèdent et se chiffrent en millions d'euros pour les assureurs et les comptes publics. Les intempéries de ces derniers jours confirment une tendance préoccupante.
Face à l'ampleur des intempéries qui touchent le sud-est du pays, la ministre de l'Intérieur, Annelies Verlinden, a enclenché la phase fédérale d'urgence pour permettre une gestion de la catastrophe naturelle à ce niveau de pouvoir.
De son côte, le ministre-président de la région wallonne, Elio Di Rupo, a annoncé que le plan calamité nationale allait être reconnu pour venir en aide aux victimes des inondations. Sur ces cinq dernières années, le plan calamité a été enclenché à quatre reprises, avec des coûts qui se chiffrent à chaque fois en millions d'euros pour les pouvoirs publics et les entreprises d'assurances.
Record de sinistres en 2020
L'Union professionnelle des entreprises d'assurances (Assuralia) n'a pas attendu la fin des intempéries pour activer ses services dédiés aux victimes de sinistres. Elles sont encouragées à suivre les démarches via un protocole détaillé.
Ces dernières années, les experts en assurance avaient été mis à contribution de façon récurrente, comme le rappelle Assuralia. La fédération des entreprises d'assurances annonçait, pour 2020, un record de 168.584 sinistres relevant de la garantie tempête. 2019 affichait également le chiffre important de 141.599 sinistres.
Toutefois, le précédent record de dossiers traités par les assurances datait de 2014, avec 147.433 sinistres. La Belgique avait alors connu un épisode particulièrement intense de chutes de grêlons. Cette année-là, la charge des sinistres pour les assurances s’élevait à 551 millions d'euros, soit six fois les montants dépensés en 2012 et 2013.
Tendance à la hausse
Les indemnités déboursées par les assurances en 2014 n'ont pas été atteintes depuis lors, néanmoins une tendance à la hausse semble se dessiner. Les relevés des sommes perçues par les victimes de catastrophes naturelles des sept dernières années indiquent, en effet, une augmentation, à l'exception de 2015 et 2017. La période 2018-2020 montre, quant à elle, une hausse constante de la somme des dédommagements payée par les entreprises d'assurance.
Même s'il est encore trop tôt pour s'avancer sur un chiffrage, l'ampleur "très exceptionnelle" des intempéries de ces derniers jours, évoquée par Assuralia, suggère que les montants des indemnités seront importants.
"Une assurance fait évoluer les critères d'un risque, tel un événement météorologique par exemple, en fonction de son ampleur et de sa fréquence."
Couverture actuelle (encore) suffisante
Barbara Speybroeck, directrice de la communication d'Assuralia, affirme que les polices d'assurances actuelles remplissent bien leur mission auprès des personnes assurées. "Lorsque vous souscrivez une assurance incendie, vous êtes systématiquement couvert pour un risque d'inondation", précise-t-elle.
Malgré l'amplification des catastrophes naturelles et les coûts qu'elles entraînent, Barbara Speybroeck ne considère pas qu'il est nécessaire d'adapter l'offre sur le marché. "Une assurance fait évoluer les critères d'un risque (tel un événement météorologique par exemple) en fonction de son ampleur et de sa fréquence. Ce n'est pas sur un été qu'il faut évaluer cela, mais sur des périodes plus longues", souligne-t-elle.
Le Plan calamité prévu par la Région wallonne pour les catastrophes naturelles s'applique sur des critères différents que les polices d'assurance privées.
Coût pour la Région
Au niveau des comptes publics de la Région wallonne, un constat vers le haut semble aussi se dessiner. Sur ces quatre dernières années, la Région a connu deux pics, en 2017 et 2018, avec des paiements destinés aux sinistres de respectivement 3,21 et 3,64 millions d'euros. Ces chiffres contrastent avec la somme déboursée en 2016 qui était de 196.090 euros.
Le Plan calamité prévu par la Région wallonne pour les catastrophes naturelles s'applique sur des critères différents que les polices d'assurance privées. Ces dernières n'interviennent, en effet, pas (ou peu) pour les épisodes de sécheresse. Les années 2017 et 2018 ont été davantage touchées par ces fortes chaleurs.
Les catastrophes à répétition ont un coût qui se chiffre déjà maintenant en millions d'euros. Dans un rapport publié en septembre dernier, la Commission nationale climat évaluait que si aucune mesure ambitieuse n'était prise d'ici la fin du siècle, les coûts totaux du changement climatique s'élèveraient à 9,5 milliards d'euros. Ces coûts sont calculés sur la base de la perte de productivité qu'entraîneraient des épisodes "de chaleurs extrêmes, de sécheresse et d'inondations".
Dans l'urgence de la situation, que connaissent les provinces les plus touchées par les intempéries des derniers jours (Liège, Namur et Luxembourg), l'exécutif wallon a décidé de mettre immédiatement 2,5 millions d'euros à la disposition des gouverneurs.
Les plus lus
- 1 Réforme du chômage: quand les premières exclusions auront-elles lieu?
- 2 Rudy Aernoudt (MR): "La dépendance aux allocations ne fera pas le bonheur des Wallons"
- 3 Le FMI soutient les réformes du marché du travail et des pensions de l'Arizona
- 4 Pourquoi Donald Trump veut-il contrôler les centrales nucléaires ukrainiennes?
- 5 Réforme du chômage: 100.000 chômeurs pourraient perdre leurs allocations