Greenwin appelle les entreprises à coopérer face au défi de la rénovation du bâti wallon
Pour Dominique Pierard, le nouveau directeur général (ff) de Greenwin, la Wallonie n'est aujourd'hui "pas encore capable de rénover massivement son bâti". L'enjeu est pourtant majeur face aux défis climatiques.
Après dix ans à la tête du pôle Greenwin, Véronique Graff passe la main. "J’ai envie de réorienter ma carrière", nous explique-t-elle, non sans le sentiment du devoir accompli. C’est Dominique Pierard, rentré chez Greenwin en 2022 après une riche carrière dans l’industrie, qui est appelé à la remplacer comme directeur général (ff).
Ce changement à la tête du "petit dernier" des six pôles de compétitivité de la Wallonie, créé en 2011 et positionné comme un accélérateur de l’innovation cleantech dans la chimie, la construction et l’environnement, intervient à un moment où les compétences au niveau de l’innovation autour de la transition énergétique sont de plus en plus sollicitées par les entreprises.
"On doit se mobiliser autour de l’innovation coopérative afin de trouver l’approche optimale qui permettra de lever les freins."
Ecosystème coopératif
"Aujourd’hui, les entreprises font face à des challenges qui sont immenses. On doit se mobiliser autour de l’innovation coopérative afin de trouver l’approche optimale qui permettra de lever les freins. Les entreprises viennent nous voir avec des demandes concrètes. Ces changements ne se feront pas sans investissements de leur côté, mais cela passera nécessairement par une coopération et le recours à l’écosystème", assure Dominique Pierard.
Véronique Graff rappelle ainsi une des bases qui ont donné naissance aux pôles. "Les plus petites entreprises n’ont pas forcément les moyens pour financer leur innovation. Leur présence dans les pôles leur permet de trouver des pistes auprès de grands industriels ou en se connectant aux universités et centres de recherche."
En matière d’écosystème coopératif, Greenwin s’appuie sur une communauté de 230 membres (grandes entreprises, PME, centres de recherche et universités). Pour Véronique Graff, cet écosystème rend les entreprises plus agiles. "Nous le voyons depuis le début. Les entreprises qui axent leur développement autour de l’innovation coopérative sont plus robustes et capables d’anticiper les changements qui arrivent. Nous sommes un pôle multisectoriel avec des entreprises comme AGC, Carmeuse, John Cockerill, Prayon mais aussi de nombreuses PME. Sur dix ans, la valeur ajoutée des entreprises au sein des pôles a augmenté de 60%. Elle a même doublé pour les PME. L’emploi a augmenté de 22,3% sur l’ensemble du tissu industriel et de 40% au niveau des PME", conclut-elle en pointant les 330 millions d’investissements injectés dans les plus de 90 projets lancés par Greenwin. "Et tout ne vient pas du public. 40% de ces investissements ont été injectés par les industriels. Les pôles ont un effet de levier sur le privé".
"Les plus petites entreprises n’ont pas forcément les moyens pour financer leur innovation. Leur présence dans les pôles leur permet de trouver des pistes."
Accélérer la rénovation du bâti
À travers sa nouvelle feuille de route 2025-2030 axée autour de cinq priorités (matériaux circulaires/biosourcés, urbanisation résiliente aux changements climatiques, neutralité carbone, industrialisation de la construction et enfin le zéro déchet), Greenwin entend "être un acteur de solutions" dans la rénovation énergétique du bâti wallon.
"Le constat est celui-ci: on doit tripler la vitesse de rénovation en Wallonie si on veut atteindre les objectifs de 2050. Nous avons lancé une expérience pilote à travers Reno+ sur une vingtaine d’habitations à Braine-l’Alleud. L’objectif est d’arriver à pouvoir massifier les rénovations. On doit admettre que la Wallonie n’est aujourd’hui pas encore capable de rénover massivement son bâti. Cela va demander la mise en place d’une organisation afin d’arriver à optimiser les demandes de rénovation à travers différents outils", estime Dominique Pierard.
Pour y parvenir, Véronique Graff appelle les entreprises du secteur de la construction à miser sur la coopération. "Cette coopération entre entreprises est de plus en plus nécessaire si on veut être capable d’absorber un marché de la rénovation qui sera en expansion. Cela nécessitera aussi des innovations et l’usage de nouvelles technologies."
Tout comme son successeur, Véronique Graff plaide enfin auprès des autorités wallonnes pour qu’on donne à l’innovation un cadre stable. "Mais il faut aussi clarifier le rôle de chaque acteur dans le paysage de l’innovation en Wallonie."
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