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Le gouvernement wallon renfloue la Société wallonne du crédit social de 74 millions d'euros pour la sauver

La Société wallonne du crédit social (SWCL) a été créée en 2000 afin d’aider un public plus fragile financièrement à accéder à un prêt hypothécaire dans le cadre de l’achat d’un bien. ©Belga

Le gouvernement wallon a adopté les recommandations d'un audit datant de septembre 2023 et dont les conclusions étaient restées sans réponse sous la précédente législature.

Créée en 2000 afin d’aider un public plus fragile financièrement à accéder à un prêt hypothécaire dans le cadre de l’achat d’un bien, la Société wallonne du crédit social (SWCL) se trouve aujourd’hui à un tournant.

Dans un état de faillite virtuelle, sa situation financière a amené le nouveau gouvernement wallon MR-Engagés à procéder, lors de son premier conclave budgétaire à la mi-octobre, à une augmentation de capital de 50 millions d’euros et un apport sous forme de dotation, de près de 24 millions pour les années 2024 et 2025.

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"La SWCS n’est plus en mesure d’emprunter sur les marchés les moyens nécessaires au financement de son activité à des conditions similaires à celles auxquelles elle prête."

Cécile Neven (MR)
Ministre de l'Energie et du Logement

Déséquilibre dans les coûts

Pour comprendre ce qui ressemble à un sauvetage en urgence, il faut plonger dans un audit externe dont les conclusions ont été présentées au conseil d’administration de la SWCS le 6 septembre 2023. Avec un encours global de 1,586 milliard, dont 1,290 milliard affectés à des prêts hypothécaires (le solde allant notamment aux prêts pour la rénovation), et un total de 43.284 prêts à la fin 2023, la SWCS travaille énormément par emprunts pour financer les crédits hypothécaires qu’elle octroie à sa clientèle.

Or, comme le soulignait récemment au Parlement la ministre de l’Énergie Cécile Neven (MR), "depuis plusieurs années, la SWCS n’est plus en mesure d’emprunter sur les marchés les moyens nécessaires au financement de son activité à des conditions similaires à celles auxquelles elle prête."

La ministre a également évoqué "un montant élevé de billets de trésorerie à court terme, jadis souscrit et jusqu’à la crise ukrainienne à des taux très intéressants, voire négatifs, mais qui s’avèrent depuis lors plus onéreux que des emprunts à long terme et qui, en outre, augmente le risque de taux dans le chef de la SWCS."

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Le rapport du consultant pointe également des recettes générées par les prêts qui n’évoluent pas, notamment en lien avec des taux étant fixes, et diverses subventions qui ne sont pas indexées.

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187
millions €
La modification du contrat de gestion devrait permettre à la SWCS de réduire son besoin de refinancement, d'ici 2034, de 302 millions d'euros à 187 millions.

Absence de réaction ministérielle

Derrière cette distorsion entre l’évolution des recettes et des dépenses, les difficultés financières de la SWCS seraient en grande partie dues à une "inadéquation de la maturité entre les actifs et les passifs".

Il aura cependant fallu attendre plus d’un an après les premiers signaux indiquant les problèmes, pour qu’une décision structurelle soit prise. Ces difficultés, tout comme les recommandations du consultant, avaient pourtant été relayées à l’époque au ministre de tutelle sous le gouvernement Di Rupo par le conseil d’administration de la SWCS. "Il apparait que mon prédécesseur n’y avait pas apporté de suivi", a expliqué la ministre de l’Énergie.

À côté d’un refinancement, le gouvernement a modifié le contrat de gestion afin de mettre en œuvre les recommandations du consultant. Cela devrait permettre à la SWCS de réduire son besoin de refinancement, d'ici 2034, de 302 millions d'euros à 187 millions "et de procéder à un ajustement dynamique du recours aux billets de trésorerie, pour passer de 231 millions aujourd'hui à 0 en 2040".

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