X (ex-Twitter), plateforme où la désinformation "est la plus présente", selon la Commission européenne
Les grands réseaux et moteurs de recherche ont publié ce mardi leurs rapports sur la manière dont ils luttent contre la désinformation. X (ex-Twitter) ne participait pas.
Pour la première fois, la plupart des grandes plateformes du web ont publié, ce mardi, des centaines de pages de données qui documentent la manière dont elles ont agi contre la désinformation en ligne au cours des six derniers mois. De Facebook à TikTok, en passant par LinkedIn et Google, ces géants du web font un effort de transparence dans le cadre du nouveau code européen de bonnes pratiques en matière de désinformation. Mais un grand absent attire toute l’attention: le réseau X (ex-Twitter), s’est retiré de l’exercice en mai dernier et ne joue donc pas le jeu.
Or, de toutes les grandes plateformes, X est précisément celle où la désinformation est la plus présente, a souligné mardi la vice-présidente de la Commission, Vera Jourova, en charge des Valeurs et de la Transparence.
Un facteur aggravant
L’exécutif européen s'appuie ici sur une évaluation menée par l'expert indépendant TrustLab, désigné par les participants au code quand X en était encore membre. Il a calculé le ratio de messages de désinformation parmi les contenus sensibles ("découvrabilité"): avec un score de 0,43 sur Twitter, ces messages sont bien plus visibles que sur les autres plateformes, où le ratio oscille entre 0,31 pour Facebook et 0,08 pour YouTube.
Si X ne se livre pas à l’exercice de transparence, pour l’heure facultatif, le réseau n’en est pas moins assujetti depuis cet été au règlement sur les services numériques (DSA), qui lui impose de mettre en place des mesures d'atténuation des risques qu’il fait notamment peser sur les élections. "On a reçu le rapport d’évaluation des risques de Twitter, qu’on est en train d’analyser", indique un fonctionnaire européen. Qui fait remarquer par ailleurs que prendre part au code est reconnu comme une façon de réduire les risques, mais que "refuser de participer peut au contraire être vu comme un facteur aggravant".
La guerre russe contre l'Europe
Les rapports des autres très grandes plateformes et moteurs de recherche livrent quelques enseignements. On apprend ainsi qu’au cours du premier semestre, Google a empêché 31 millions d’euros de revenus publicitaires de parvenir à des acteurs de désinformation en Europe, et a rejeté 142.000 publicités politiques mal identifiées.
De son côté, Meta indique avoir supprimé 410.000 publicités politiques non conformes.
De mars à juin, TikTok indique avoir supprimé 5,9 millions de faux comptes, tandis que chez Linkedin (Microsoft), on a bloqué ou restreint sur le territoire européen 6,7 millions de comptes et supprimé 24.000 publications pour cause de désinformation.
Sur Facebook comme sur Instagram, on rapporte aussi que plus du tiers des utilisateurs qui souhaitaient partager un contenu, mais qui ont reçu un avertissement de fact-checking y ont renoncé.
"Les élections en Slovaquie auront valeur de test."
La Commission souligne qu'il y a encore des marges d'amélioration et attend singulièrement des investissements supplémentaires dans la vérification des faits (fact-checking) dans les petits États membres et pour les langues qui comptent peu de locuteurs.
Les manipulations de masses peuvent modifier les résultats des élections, et "les élections en Slovaquie auront valeur de test", estime Vera Jourova. Le scrutin, qui a lieu le 30 septembre, est marqué par une forte polarisation au sujet de la guerre russe en Ukraine. Alors que l’Europe entre en année électorale, la Commission attend des plateformes qu'elles s'ajustent davantage pour refléter le fait, rappelle Jourova, que "il y a une guerre dans l’espace informationnel dirigée contre nous".
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