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Élections américaines: le triomphe des pulsions

Responsable du service Économie/politique

La victoire de Donald Trump mettra la démocratie américaine sous pression. Ses conséquences se feront toutefois ressentir bien au-delà des frontières des États-Unis.

Donald Trump ne passera pas les prochaines années en prison, mais bien installé dans un fauteuil du Bureau ovale. Ce qu'on présente comme la plus grande démocratie au monde vient de couronner le pape du populisme.

Le républicain Trump n'a pas changé sa ligne au cours des derniers mois: défiance envers les institutions et injures à l'encontre de son adversaire ont constitué ses armes de prédilection. Dans une Amérique divisée, que d'aucuns qualifient à l'envi d'irréconciliable, le businessman manichéen a trouvé un terreau fertile pour son message. Démagogue, jouant constamment sur les affects, conscient du "pouvoir de la foule", le milliardaire a réussi son pari. Le bilan économique et le discours rationnel de Kamala Harris n'ont pu faire qu'illusion.

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Au cours des quatre prochaines années, les digues démocratiques américaines doivent s'attendre à subir des assauts sans précédent. Les politiques modérés, mais aussi certains acteurs de la société civile, auront à œuvrer sans répit afin d'éviter que la vague trumpienne ne se transforme en raz-de-marée. Mission difficile certes, mais pas impossible. En plus d'une résistance indispensable aux potentielles atteintes à la démocratie, chercher à comprendre cette seconde victoire de Trump, à comprendre les motivations de ses électeurs, sera indispensable.

Bienvenue dans un monde où la guerre commerciale deviendra la norme.

Avis de tempête sur l'économie mondiale

Sur le plan international, l'élection de ce 5 novembre laissera également des traces. En Europe, beaucoup regretteront un résultat qui laisse entrevoir un bouleversement systémique de l'économie mondiale. S'il reste une marge entre les promesses des candidats en campagne et leurs réalisations en tant que dirigeant, rien ne sert de nier qu'un avis de tempête s'annonce.

Car Donald Trump ne prévoit pas de faire du protectionnisme "soft" sur l'un ou l'autre secteur à préserver, mais bien d'agir sur l'ensemble de l'économie. Il promet d'imposer des tarifs douaniers de "10% ou 20%" sur les produits venus de tous les partenaires commerciaux des États-Unis, en ce compris l'Europe, et de 60% sur ceux venus de Chine. Une attitude qui entraînera à coup sûr des mesures de rétorsion. Bienvenue dans un monde où la guerre commerciale deviendra la norme.

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Le partenaire autrefois fiable ne l'est désormais plus: les Européens sont au pied du mur.

Isolationnisme sur le plan politique

Trump n'en a cure: le rapport de force est le seul à trouver grâce à ses yeux.  Son approche de la politique étrangère, placée sous le sceau de l'isolationnisme, s'en ressentira aussi. Le conflit en Ukraine, qu'il a parfois promis de "régler en 24 heures" – probablement en concédant des gains territoriaux à Moscou – évoluera irrémédiablement. Volontiers critique de l'aide accordée par son pays, Trump risque de diminuer substantiellement son soutien financier et militaire à Kiev.

Ces réalités, aussi désagréables soient-elles, ne peuvent être éludées. Elles mettent en relief les vulnérabilités des Européens, qui depuis trop longtemps se sont reposés sur les Américains. Avec une approche souvent empreinte de naïveté, ils ont délaissé leurs investissements en matière de défense, se complaisant dans une attitude de dépendance. Le partenaire autrefois fiable ne l'est désormais plus: les Européens sont au pied du mur. Dans ce contexte, assumer la nouvelle donne et prendre leurs responsabilités n'est plus une option, c'est un devoir.

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