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interview

Leonid Volkov, lieutenant d'Alexeï Navalny: "Les oligarques du cercle de Poutine doivent être sanctionnés"

Leonid Volkov, le directeur de cabinet d'Alexeï Navalny, était à Bruxelles pour réclamer des sanctions contre les oligarques russes. ©AFP

Accusé de trahison par la justice russe, Leonid Volkov, le lieutenant d'Alexeï Navalny, appelle l'Europe à frapper les oligarques proches de Vladimir Poutine.

Leonid Volkov, le directeur de cabinet d'Alexeï Navalny, était à Bruxelles ce lundi, suite à l'emprisonnement du chef de l'opposition russe et la répression des manifestations par le Kremlin. L'activiste réclame des sanctions européennes contre le régime du Président russe Vladimir Poutine. Une question qui divise les Européens.

"C'est une année électorale, et Vladimir Poutine est occupé à se débarrasser de tous les opposants potentiels."

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Physicien spécialiste en IT, Volkov dirige depuis 2013 les campagnes de Navalny, qui lui doit beaucoup de sa montée en puissance comme opposant politique. Pour lui, "les oligarques du cercle de Poutine doivent être sanctionnés". Poursuivi par la justice russe pour traîtrise du fait de son appel aux sanctions, il fait l'objet depuis le 10 février d'un mandat d'arrêt international. Il risque des années de prison.

Leonid Volkov s'est entretenu avec L'Echo et quelque médias internationaux.

Qu'êtes-vous venu dire aux ministres européens?

Nous avons rencontré dimanche des ministres européens des Affaires étrangères et nous avons parlé de sanctions conte les proches de Poutine. Ce ne sont en aucun cas des sanctions contre la Russie, ni contre les citoyens russes, mais contre des personnes qui soutiennent un système.

"Les oligarques ne seraient pas ce qu'ils sont si la machine de répression ne leur permettait pas d'écarter toute opposition."

La situation en Russie doit être considérée dans le cadre des élections de septembre. Ce n'est pas seulement une histoire de vengeance entre Poutine et Navalny, même s'il y a une rivalité personnelle très forte entre les deux hommes. C'est une année électorale, et Poutine est occupé à se débarrasser de tous les opposants potentiels avant même que la campagne ne commence.

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Pourquoi les sanctions devraient-elles viser les oligarques?

Il faut comprendre qui est Poutine. Les oligarques ne seraient pas ce qu'ils sont si la machine de répression ne leur permettait pas d'écarter toute opposition. Nous sommes ici pour expliquer pourquoi ils permettent à Poutine d'être en place et comment la répression leur permet d'être des oligarques.

"L'exportation de la corruption russe met en danger la démocratie européenne."

Ceci dit, nous ne nous attendons pas à ce que l'Europe fasse tout pour nous. Ce que nous faisons ici en Europe est important, l'Europe nous écoute et ces sanctions sont utiles. Mais il faut être réaliste, les problèmes ne disparaîtront pas avec elles.

Qu'attendez-vous de l'Europe, mis à part ces sanctions?

Nous attendons que l'Europe prenne soin d'elle-même. La Russie est le plus grand exportateur de fonds de la corruption, on parle de plus de 60 milliards de dollars par ans qui quittent le pays. Les oligarques utilisent d'abord cet argent pour acquérir des biens immobiliers en Europe, des villas à la Côte d'Azur. L'étape suivante, c'est l'achat de juges et de politiciens locaux qui protègent leurs intérêts. L'exportation de la corruption russe met en danger la démocratie européenne.

Certains politiciens en Europe agissent comme s'ils étaient des proches du régime russe. Voyez l'extrême droite, en France, comme elle le défend. Mais ce régime ne finance pas que l'extrême droite, il finance aussi l'extrême gauche et les partis europhobes. L'Europe devrait enquêter sur les flux d'argent venant de Russie et geler les fonds de la corruption.

"Poutine considère le dialogue comme un signe de faiblesse qui le met dans une position confortable."

Avez-vous besoin de fonds européens pour votre combat?

La question est souvent revenue lors de notre rencontre avec les ministres européens. Notre réponse est non. En Russie, si vous recevez de l'argent provenant de l'étranger pour des raisons politiques, vous allez en prison. La société civile russe est aujourd'hui très forte, elle n'a jamais été aussi forte. Nous n'avons pas besoin de fonds, nous avons besoin de soutien politique.

Certains gouvernements veulent privilégier le dialogue avec le Kremlin. Qu'en pensez-vous?

Poutine considère le dialogue comme un signe de faiblesse qui le met dans une position confortable. Dans sa culture d'homme du KGB, le dialogue est hypocrite. Il voit les Européens comme voulant imposer les droits humains, mais quand ils ont besoin de gaz, ils sont prêts à négocier. Voyez la visite de Josep Borrell à Moscou, comme il a été humilié alors qu'il venait dialoguer.

"Loukachenko a donné une leçon: on peut mater une révolte en frappant et en emprisonnant les gens."

N'avez-vous pas peur d'être considérés comme pro-européens?

Oui, la propagande russe dit que nous sommes des traîtres, elle veut aussi diaboliser l'Europe. Mais ce n'est plus aussi efficace que par le passé, la majorité des électeurs considèrent l'Europe comme amie.

Prenez-vous exemple de la révolte en Biélorussie?

Oui. Nous l'avons suivie de très près. Poutine est arrivé un peu après Alexandre Loukachenko au pouvoir. La Russie imite ce qui se passe, avec un décalage. Loukachenko a donné une leçon: on peut mater une révolte en frappant et en emprisonnant les gens. Nous avons aussi appris à ne pas décourager les gens parce que le mouvement ralentit. Nous nous préparons et nous envisageons une grande manifestation au printemps.

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