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Prix Nobel de chimie: deux dirigeants de Google DeepMind récompensés pour leur travail sur les protéines

David Baker, Demis Hassabis et John Jumper ont reçu le prix Nobel de chimie 2024. ©Nobel Prize

Le Nobel de chimie 2024 récompense conjointement David Baker, Demis Hassabis et John M. Jumper pour leur travail sur les protéines. Ces deux derniers, non chimistes, sortent tout droit des laboratoires de Google DeepMind.

La saison des Nobel consacre-t-elle les avancées spectaculaires de Google dans le monde scientifique? L'Académie royale des sciences de Suède a décidé d'attribuer le prix Nobel de chimie pour moitié à Demis Hassabis, fondateur et CEO de Google DeepMind et son collègue John Jumper, créateur du modèle d'IA AlphaFold de DeepMind.

L'autre moitié du prix a été attribué au biochimiste américain David Baker "pour la conception computationnelle des protéines".

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Logiciel d'IA qui utilise la technique de l'apprentissage profond (qui "copie" le fonctionnement des connexions neuronales humaines pour se déployer), Alphafold permet de prédire la structure tridimensionnelle des protéines en fonction de leur acide aminé. Sa première version est sortie en 2018, mais c'est sa deuxième, sortie en 2020, qui a permis une avancée spectaculaire dans ce domaine.

Développement de nouveaux médicaments

AlphaFold 2 a "appris" 170.000 structures 3D de protéine (il en existe plus de 200 millions) déjà connues à l’aide de techniques expérimentales telles que la cristallographie aux rayons X ou la cryomicroscopie électronique. En novembre 2020, l'outil ainsi entraîné a permis de prédire des structures de protéines avec une précision jamais égalée.

"Ce que l’équipe DeepMind a réussi à réaliser est fantastique, avait déclaré Janet Thornton, directrice émérite de l’Institut européen de bioinformatique dans le magazine Science. Et va changer l’avenir de la biologie structurelle et de la recherche sur les protéines." Une percée qui permet en effet de développer de nouveaux médicaments s'attaquant au cœur des repliements caractéristiques des protéines, ainsi que de synthétiser de nouvelles protéines pour des applications spécifiques.

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"Ce que l’équipe DeepMind a réussi à réaliser est fantastique. Et va changer l’avenir de la biologie structurelle et de la recherche sur les protéines."

Janet Thornton
Directrice émérite de l’Institut européen de bioinformatique

Depuis, AlphaFold a mis son logiciel en accès libre, ainsi que sa base de données, permettant aux scientifiques d'en exploiter les ressources. Ce qui ne sera pas le cas de sa troisième version, au grand dam du monde scientifique. Annoncé en grande pompe en mai de cette année, AlphaFold 3 peut non seulement prédire les structures de protéine avec encore plus de précision, il peut aussi prédire les interactions des protéines avec les molécules environnantes.

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Demis Hassabis est le cofondateur et le CEO de Google DeepMind.
Demis Hassabis est le cofondateur et le CEO de Google DeepMind. ©REUTERS

"Je crains que la conséquence globale de tout cela ne soit des systèmes plus intelligents que nous, qui finissent par prendre le contrôle."

Geoffrey Hinton
Prix Nobel de physique 2024 et ex-employé de Google Brain

IA et biologie, un partenariat au potentiel explosif

La preuve qu'intelligence artificielle et biologie, naturelle ou synthétique, sont en train de nouer un partenariat au potentiel explosif. Une "déferlante" comme l'a caractérisée l'autre co-fondateur de DeepMind, Mustafa Suleyman, dans son dernier livre du même nom. De quoi aussi nommer de purs informaticiens à un prix Nobel de chimie.

De quoi aussi mettre en avant les avancées de Google. L'intelligence artificielle a procuré un autre prix Nobel, mardi, cette fois en physique. L'un des deux lauréats, Geoffrey Hinton, a travaillé jusqu'en 2023 pour Google Brain, une équipe du géant américain spécialisée dans l'apprentissage profond. Google Brain a fusionné avec DeepMind en avril 2023.

Un mois plus tard, Geoffrey Hinton a remis sa démission pour pouvoir alerter sur les dangers de l'IA. Ce qu'il a fait à l'annonce de son prix Nobel: "Je crains que la conséquence globale de tout cela ne soit des systèmes plus intelligents que nous, qui finissent par prendre le contrôle."

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