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Google: la guerre des données entre dans les sciences du vivant

Google domine la saison des prix Nobel. Après les accusations de monopole du géant de la Tech, cette nouvelle position dominante pose également question.

Google est la superstar des Nobel cette année. Avec, au cœur des récompenses, ses impressionnantes avancées dans l’intelligence artificielle. Un ancien de Google Brain a décroché le Nobel de physique mardi. Ce mercredi, celui de chimie a été octroyé à deux dirigeants de Google DeepMind (qui a absorbé la division Brain l’année passée). Fait remarquable: ils sont tous trois biberonnés à l’informatique, et n’ont, de par leur formation, aucune compétence en physique ou en chimie.

C’est dire combien l’intelligence artificielle a déjà pénétré toutes les strates de la société, jusqu’au plus profond des sciences de la vie. C’est dire aussi combien Google devient incontournable dans ce domaine. Un statut qui pose clairement question.

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Le prix de chimie consacre, en effet, la spectaculaire avancée de son algorithme AlphaFold, capable à un degré de précision inégalé et inégalable de prédire les structures des protéines. Une mine d’or pour les scientifiques, sauf que pour sa troisième version qui ajoute une modélisation des interactions avec les molécules environnantes, Google a préféré garder son secret de fabrication, au bénéfice de sa filiale pharmaceutique, mais au grand dam de la communauté des chercheurs.

Partager les barils de données

Cette confiscation des données n’est pas sans rappeler l’enjeu qui entoure la récente décision historique contre le géant de la Tech. En août, le Département de Justice américain a reconnu Google coupable de monopole sur son moteur de recherche, et ses procureurs ont remis, mardi, leurs remèdes potentiels. Outre l’option nucléaire – un démantèlement pur et simple de l’entreprise – l’une des propositions s’attaque à la conservation exclusive des données générées par les recherches de ses utilisateurs.

Il est temps de forcer le partage des données à toute entreprise technologique qui utilise leur rétention pour profiter d'un monopole néfaste pour la société. N’est-ce pas là aussi l’une des préoccupations majeures du comité Nobel?

La justice américaine voudrait ouvrir ce trésor de données à toute la communauté informatique. Une mesure qui permettrait à d’autres entreprises de s’enfoncer dans la brèche et renforcer la concurrence. Et qui entre en écho avec les demandes inassouvies de la communauté scientifique vis-à-vis de l’algorithme AlphaFold aujourd’hui célébré par le prix Nobel.

Depuis le début du XXIe siècle, les fameuses "data" sont considérées comme le nouveau pétrole du monde, dont Google, grâce à sa position dominante, détient des montagnes de barils. Il est temps de forcer leur partage, une mesure qui devrait s’appliquer à toute entreprise technologique qui utilise leur rétention pour profiter d'un monopole néfaste pour la société. Cette préoccupation ne devrait-elle pas également intégrer le cahier de charge exigé par le comité Nobel à ses lauréats?

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