Une expertise belge au cœur d'un projet architectural d'envergure à Hô Chi Minh-Ville

Une petite entreprise du Brabant wallon qui participe à la construction d’un nouveau bâtiment emblématique de Hô Chi Minh-Ville, la capitale économique du Vietnam: c’est la belle aventure vécue par le bureau d’étude Matriche, situé à Braine-Le-Château. Spécialisé dans les études de stabilité, ce dernier, qui n'a pas beaucoup l'habitude de travailler en dehors des frontières belges, a été impliqué, avec deux autres partenaires du pays, dans la conception d'une salle polyvalente de spectacle et de cirque à Phu Tho, au sein de la bouillante ville du sud-Vietnam.

Cette toute nouvelle salle de spectacle, qui est à quelques semaines de son achèvement, est une initiative lancée par les autorités de Ho Chi Minh Ville. Il s'agit de l'un des 50 projets sélectionnés pour célébrer le cinquantième anniversaire de la réunification du Vietnam, qui sera fêtée le 30 avril prochain. Un chantier qui revêt une grande importance officielle et symbolique dans le pays.

Un sol gorgé d'eau

L'immeuble circulaire de 57 mètres de haut compte 12 étages, dont deux souterrains, sur un terrain de 10.000 m². Le bureau d’ingénierie Matriche, en collaboration avec un architecte belge d'origine vietnamienne, Minh-Nhut Pham – directeur du bureau bruxellois A Fine Office – a été chargé de la conception et des études techniques de ce bâtiment impressionnant. Il se distingue déjà dans le panorama urbain de l'ancienne Saïgon, une mégalopole de près 10 millions d'habitants qui multiplie les projets immobiliers.

L'association momentanée compte également un troisième acteur belge, le bureau Lemaire à Liège. Les travaux ont été réalisés en partenariat avec une société vietnamienne pour le suivi du chantier.

La difficulté principale du projet était la nature du sol, composé d'alluvions du Mékong et gorgé d'eau. Il est susceptible de glisser complètement en cas de secousse sismique. L'ensemble du bâtiment repose donc sur un total de 431 pieux en béton armé de 38 mètres de profondeur, fixés sur la couche rocheuse. "Des pieux de 200 à 300 tonnes chacun, des gros diamètres que l'on ne rencontre pas chez nous", explique Roger Matriche, qui a assuré, de 1995 à 2020, la direction du bureau d'études fondé par son père.

Une école pour artistes

Des spectacles de marionnettes sur l'eau, une tradition typiquement vietnamienne, feront partie du programme de ce centre culturel.  Le complexe abritera, dans le même temps, une école de formation pour les artistes. "C'est une autre des spécificités du projet", souligne encore Roger Matriche. "L'espace réduit nous a contraint à mettre les salles pour l'école du cirque au-dessus de l’auditorium principal, qui comprendra des scènes amovibles. Ce qui a nécessité des poutres d'une portée de 65 mètres".

Une autre société wallonne, Dragone, est également impliquée pour de la consultance et son expertise dans la mise en scène du spectacle inaugural prévu début juin.

La construction elle-même a duré environ deux ans. Mais la genèse du contrat remonte à beaucoup plus loin dans le temps. "À l'origine, le projet initial avait été porté il y a près de 20 ans par un autre partenaire, Tractebel, qui s'était par la suite retiré. Cela a pris des années pour le relancer. Les plans ont été repensés et adaptés. Il y a aussi eu la pandémie de covid", précise Roger Matriche. Au final, l'association entre les trois acteurs a quand même plutôt bien fonctionné. Ceux-ci envisagent d'ailleurs de soumissionner pour un autre marché situé juste à côté du nouveau complexe, un futur musée consacré à l'histoire du sud-Vientnam.