L’immobilier de luxe a connu un été torride à la côte
La vente d’immobilier de luxe a cartonné comme jamais cet été, assurent les agents et promoteurs immobiliers actifs sur la côte belge. Et il ne s’agit pas d’un simple rattrapage.
Depuis la fin du confinement, le mouvement de rattrapage à la côte est clairement plus important que dans le reste du pays. C’est du moins ce qui ressort des premiers chiffres publiés par les notaires. Au cours du mois de juin et pendant la première quinzaine de juillet, le nombre de transactions a augmenté respectivement de 18% et 24% par rapport à la même période de l’an dernier. Ces chiffres sont nettement supérieurs à ceux du reste du pays, où l’on observe respectivement des augmentations de 8% et 2%. Une enquête du Tijd révèle que cet été, l'immobilier côtier a connu un succès sans précédent, en particulier dans le segment du luxe.
Saison sans pareil
"De plus en plus de citoyens aisés souhaitent habiter à Knokke et cherchent dès lors de plus grandes propriétés", explique Stéphane Cambier, de l’agence immobilière Cambier De Nil. Malgré deux mois de fermeture, l’agence enregistre déjà un total de 190 millions d’euros de transactions pour 2020, soit presque autant que pour l’ensemble de 2019, qui était déjà une excellente année. Cambier De Nil est le plus important acteur du segment du luxe à Knokke. "L’an dernier, durant les mois d’été, nous avons vendu des biens pour une valeur totale de 40 millions d’euros. Cette semaine, nous en étions déjà à 52 millions d’euros pour 19 transactions, soit un prix moyen de 2.750.000 euros", ajoute Stefaan Geerebaert, un acteur de niche dans le super luxe à Knokke, un marché très peu transparent. Il pense qu’une vingtaine de transactions de minimum 4 millions d’euros ont déjà été réalisées cette année.
Rush sur les nouvelles constructions
La ruée sur les nouvelles constructions est frappante. La préférence va aux maisons clé sur porte. "Vu le nombre de plus en plus limité de nouvelles constructions immédiatement disponibles, ce n’est pas évident aujourd’hui", constate Michael Deroose, du site internet Luxevastgoed.
"Ces six derniers mois, et malgré trois mois de fermeture, nous avons vendu autant de biens que durant les six mois précédents."
Il y a six semaines à peine, Ghelamco a lancé le projet Lake District à Knokke. "55 des 162 appartements sont déjà vendus. Les logements de la Heldenplein (de 4.500 à 10.000 euros le m2) à Heist se vendent comme des petits pains", constate Gregory De Bisscop, d’Immo BiS, le plus important agent de Knokke-Heist du segment des nouvelles constructions. Les mois de mai, juin, juillet et août furent les meilleurs de toute l’histoire de sa société. La construction de deux tours vient de commencer et prendra plus de deux ans. "À Knokke, notre projet Crown est déjà entièrement vendu. Ces six derniers mois, et malgré trois mois de fermeture, nous avons vendu autant de biens que durant les six mois précédents. Les gens veulent se protéger contre l’inflation et en ont assez des caprices de la bourse", ajoute Adel Yahia, d’Immobel Belgique.
Les plus chers d’abord
Quelle que soit la fourchette de prix d’un projet, ce sont les appartements les plus chers qui trouvent le plus vite acquéreur. Nos riches compatriotes sont prêts à payer davantage pour la qualité.
A Knokke, les appartements situés sur la digue se vendent à des prix oscillant entre 8.000 et 27.000 euros/m2. Même pour de nouvelles villas qui ne donnent pas sur la digue, on atteint des prix pouvant aller jusque 18.000 euros/m2. Pour les terrains à bâtir – de plus en plus rares – il faut débourser à Knokke 2.500 euros /m2.
Ostende en chantier
Dans les autres villes côtières, l’immobilier de luxe n’atteint pas de tels sommets. "À Knokke, on parle d’un appartement de luxe à partir de 1,5 à 2 millions d’euros. À Nieuport, c’est déjà le cas à partir de 700.000 à 800.000 euros. Mais dans les deux villes, ces maisons et appartements trouvent aussi facilement acquéreurs", souligne Jan Van De Voorde, de POC Partners, un promoteur spécialisé dans l’immobilier de luxe à la côte.
Nulle part ailleurs à la côte, on ne construit autant qu’à Ostende. "Pendant les mois de juin, juillet et août 2019, nous avions vendu 58 logements. Cette année, nous en sommes à 127 transactions", note David Degroote, de Degroote Vastgoed, un acteur important dans la zone centrale de la côte belge, actif à Nieuport, Blankenberge et surtout Ostende. Les appartements sont un peu moins luxueux, mais ici aussi, ce sont les logements les plus chers qui partent les premier. Selon les chiffres des notaires, 5% de toutes les ventes à Ostende dépassent 500.000 euros.
L'automne s'annonce doux
En juin, tout le secteur priait pour que l’été soit porteur mais s’inquiétait pour l’automne. Aujourd’hui, tout le monde semble rassuré pour les prochains mois. Les nouvelles constructions se vendent-elles donc plus cher? Personne n’a accepté de répondre à cette question.
"Soyons honnêtes. Ces trois derniers mois, nos prix ont augmenté de 3 à 7%. Sur base annuelle, cela représente une augmentation de 5%, ce qui est exceptionnel. En cas de stabilité de l’offre et d’une hausse exponentielle de la demande, c’est logique", estime David Degroote.
Lire aussi | Rebond des ventes d'appartements à la côte belge
La principale inquiétude pour l’avenir se situe au niveau de l’offre. Il existe cependant encore de nombreux projets et possibilités de nouvelles constructions. Les promoteurs se battent pour acquérir de nouveaux terrains. C’est particulièrement difficile à Knokke. "Le grand défi consiste à convaincre les copropriétaires de bâtiments bien situés de remplacer un ancien immeuble par un nouveau", explique le promoteur immobilier Bart Versluys, de VersluysGroep.
Trois vitesses
Aujourd’hui, Bart Van Opstal, notaire à Ostende, constate que le marché avance à trois vitesses différentes: l’intérieur des terres, la côte et Knokke. "À la côte, c’est plus qu’un mouvement de rattrapage après la crise du coronavirus. Cela vaut a fortiori pour Knokke et le segment du luxe dans son ensemble. À cause de la pandémie, l’attrait d’une résidence secondaire à la côte a augmenté. Et on trouve de plus en plus de citoyens d’un certain âge qui souhaitent s’installer définitivement à la côte. C’est le segment du luxe qui profite le plus de cette tendance", constate Van Opstal. D’après le site notaires.be, entre janvier et mi-juillet, les prix (toutes classes confondues) ont déjà augmenté de 6% pour les maisons et de 3% pour les appartements dans les 11 stations balnéaires du pays.
L’an dernier, selon les chiffres de Statbel, le service fédéral de statistiques, un nombre record de 737 maisons et de 237 appartements dans la classe de prix supérieure à 1 million d’euros ont changé de main, dont respectivement 88 et 108 à Knokke.
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