Après deux ans d'exclusion, Trump est de retour sur Facebook et Instagram
Exclu des réseaux sociaux de Meta début 2021 suite à l'assaut du Capitole, l'ancien président américain Donald Trump y reprend ses quartiers.
L'ancien président américain Donald Trump a de nouveau accès à ses comptes Facebook et Instagram, a confirmé jeudi le porte-parole de Meta, la maison mère. Le géant des réseaux sociaux avait annoncé fin janvier qu'il allait, dans les prochaines semaines, "mettre fin à la suspension" des comptes de l'ancien président américain, deux ans après son exclusion des plateformes suite à l'assaut du Capitole.
"Le public doit pouvoir entendre ce que les personnalités politiques disent afin de pouvoir faire des choix éclairés", avait justifié Nick Clegg, le responsable des affaires internationales de Meta, dans un communiqué. "Mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de limites à ce que les gens peuvent dire sur notre plateforme. Quand il y a un risque de préjudice dans le monde réel (un risque élevé qui justifie une intervention de Meta dans le débat public) nous agissons", avait-il précisé. Meta avait également indiqué que des sanctions sévères, telles qu'une suspension d'un mois à deux ans, suivraient si le milliardaire enfreignait à nouveau les règles.
La suspension "ne devrait plus jamais arriver à un président en exercice ou à toute autre personne qui ne mérite pas de sanction!"
L'entreprise de Mark Zuckerberg a adopté une nouvelle grille de sanctions en 2021, suite à une campagne présidentielle américaine particulièrement tendue: Donald Trump avait été exclu du réseau social le 7 janvier 2021, alors qu'il était encore au pouvoir, pour avoir encouragé ses partisans lors de l'attaque du Congrès à Washington la veille. Cette décision sans précédent avait été imitée, à l'époque, par la plupart des réseaux sociaux grand public, dont Twitter.
Présidentielle de 2024 en toile de fond
En juin 2021, Facebook avait décidé que l'exclusion durerait deux ans, et que le milliardaire républicain ne pourrait revenir que quand les "risques pour la sécurité du public" auraient "disparu".
La suspension "ne devrait plus jamais arriver à un président en exercice ou à toute autre personne qui ne mérite pas de sanction!", avait réagi Donald Trump depuis son compte sur Truth Social, le réseau social qu'il a lancé l'an dernier. Mi-janvier, l'ancien président, désormais candidat à l'élection présidentielle de 2024, avait officiellement demandé à pouvoir retourner sur Facebook. Son avocat avait adressé une lettre au fondateur et président de Meta, Mark Zuckerberg, l'appelant à ne pas "réduire un candidat à la présidentielle au silence".
L'homme politique avait déjà été réadmis sur Twitter le 19 novembre 2022, peu après avoir déclaré sa candidature pour 2024. Il n'a toutefois pas encore publié de message sur ce compte, communiquant principalement via sa propre plateforme, Truth Social. Mais la portée de Truth Social est très réduite par rapport à celle dont Donald Trump disposait auparavant.
"Nous savons que toute décision sur ce sujet sera férocement critiquée".
Intérêt public ou décision irresponsable?
Meta a pris "la bonne décision", estime Anthony Romero, le directeur de la puissante association de droits civiques ACLU. "Qu'on le veuille ou non, M. Trump est l'une des principales figures politiques du pays et il est dans l'intérêt du public d'entendre ce qu'il a à dire". Il note, en outre, que "certains des messages les plus choquants que Trump ait posté sur les réseaux sociaux ont servi de preuves contre lui et son administration dans le cadre de poursuites en justice".
De son côté, le "véritable conseil de surveillance de Facebook", une association très critique du réseau social, a dénoncé une "décision calamiteuse et irresponsable qui va (…) alimenter la propagation de la haine et de la désinformation".
"Si M. Trump publie à nouveau des contenus transgressifs, ils seront retirés et il sera suspendu entre un mois et deux ans, selon la gravité de l'infraction".
"Nous savons que toute décision sur ce sujet sera férocement critiquée", a déclaré Nick Clegg.
Le numéro deux mondial de la publicité en ligne est au cœur du débat entre les partisans d'une modération plus stricte des contenus, pour assainir les plateformes (généralement à gauche de l'échiquier politique américain) et ceux qui accusent les grandes plateformes de "censure", notamment contre les républicains, sans preuve.
Suspendre un président au pouvoir était "une décision extraordinaire, prise dans des circonstances extraordinaires", a rappelé Nick Clegg, qui fut vice-Premier ministre du Royaume-Uni entre mai 2010 et mai 2015. "Si M. Trump publie à nouveau des contenus transgressifs, ils seront retirés et il sera suspendu entre un mois et deux ans, selon la gravité de l'infraction", a-t-il détaillé.
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