Réassurance face aux catastrophes climatiques: quel impact sur les primes ?
Le conseil régional de Valence avance une première estimation des dégâts des inondations de plus de 30 milliards d'euros. Quel impact sur le prix des primes de réassurance?
Près de 220 morts et 93 portés disparus. À ce jour, la région de Valence reste encore coupée du reste du pays en raison de l’état des infrastructures. Le conseil régional évoque une première estimation des dégâts à 31 milliards d’euros, soit au-delà des 2,4 milliards d'euros des inondations wallonnes de 2021.
Le secteur de la réassurance devrait être sollicité, mais face à la hausse de fréquence des méga incendies, typhons, ouragans dévastateurs et inondations meurtrières, a-t-il encore la capacité d'intervenir sans que cela pénalise nos primes d'assurance?
"En général, au niveau mondial, les réassureurs ont encore suffisamment de capacité, tout en sachant que les couvertures ne seront pas illimitées", explique Hans De Cuyper, CEO du groupe d'assurance Ageas , actif depuis 2022 dans la réassurance.
Sa réponse s'appuie sur plusieurs constats. Certes, la fréquence des inondations et leur intensité ont fortement augmenté. C'est moins le cas des tornades, ouragans et typhons.
De plus, ces incidents restent des faits locaux. La diversification géographique des réassureurs permet donc de lisser les interventions.
Outre la diversification géographique, les réassureurs ont aussi une diversification de segments, ne couvrant pas que les catastrophes naturelles.
Autre point: un assureur se réassure généralement auprès de divers acteurs; de quoi réduire encore le poids pesant sur un seul réassureur.
Enfin, le secteur des assurances dans certains pays, comme c'est le cas en Espagne, fonctionne avec un système de partenariat avec le public; une sorte de fonds des calamités.
Pour la catastrophe de Valence, le Consorcio de Compensacion de Seguros a ainsi été activé, de quoi encore réduire l'intervention des réassureurs.
Quel impact sur le prix?
Cette hausse des catastrophes climatiques va-t-elle peser sur les prix de la réassurance? Là encore, Hans De Cuyper se veut rassurant.
"On travaille actuellement dans un marché de réassurance dur, c'est-à-dire que lorsque la capacité se limite quelque peu, les prix augmentent. Néanmoins, le secteur de la réassurance est cyclique et très concurrentiel. Dès que la fréquence diminue, la prime des réassureurs se réduit aussi, car la capacité revient à un niveau plus élevé."
Il ajoute que l'intégration de catastrophes, comme Valence, dans le prix de la réassurance n'est pas automatique. Une hausse intervient si la diversification mondiale ne permet plus d'absorber le coût. "Le client belge ne paiera donc pas directement pour les événements de Valence."
"L'intégration de catastrophes comme Valence dans le prix de la réassurance n'est pas automatique, mais si la diversification des réassureurs ne permet pas d'absorber le coût, alors oui, il y aura une hausse des primes."
La Belgique, cas à part
Certes, en Belgique, l'incertitude légale sur la clé de répartition de la couverture entre les assureurs et le fonds des calamités pèse davantage sur les tarifs que la couverture des événements eux-mêmes.
"La nouvelle limite d'intervention du secteur à 1,6 milliard d'euros reste encore floue, car l’intervention sur ce surplus n'a toujours pas été adaptée dans les législations régionales." Et d'insister sur le fait que les dégâts de 2021 dépassaient déjà les 2 milliards, là où on parle de plus de 30 milliards à Valence.
Ageas Re
Le groupe Ageas s'est lancé dans la réassurance pour optimiser l’achat de couverture de réassurance intragroupe et une utilisation plus efficace du capital. Le rôle croissant joué par les réassureurs pour pallier la hausse des risques a aussi pesé.
Aujourd'hui, Ageas Re agit pour les entités du groupe, mais également pour des tiers, là encore dans un souci de diversification maximale. Il affiche un encaissement de 1,8 milliard d'euros, dont 140 millions par les tiers. "Nous avons pour les tiers une capacité de 215 millions de capital investi d'ici 2027."
Le réassureur est actif dans le segment habitation (et donc catastrophes naturelles), responsabilité, terrorisme et agriculture. Le risque crédit devrait s'ajouter cette année au portefeuille.
- Les 29 et 30 octobre, la région de Valence était touchée par des inondations provoquées par le phénomène dit de la goutte froide.
- Le conseil régional avance une première estimation des dégâts à plus de 30 milliards d'euros.
- Le secteur de la réassurance a encore la capacité de faire face à ces événements climatiques.
- Les raisons? Leur diversification et la répartition de la charge sur plusieurs acteurs.
- Le secteur de la réassurance évolue par cycle, ce qui permet de limiter les hausses de prime.
- Le groupe Ageas est désormais aussi actif dans la réassurance.