Elon Musk fait planer le doute sur le rachat de Twitter, l'action chute de près de 10%
Elon Musk a annoncé la suspension "temporaire" du rachat de Twitter, avant de préciser qu'il était "toujours engagé" à s'offrir le réseau social. L'action a terminé en baisse de près de 10% à Wall Street, ce vendredi.
Elon Musk va-t-il racheter Twitter ? Le patron de Tesla laisse, en tout cas, planer un doute ce vendredi. Ainsi, l'homme d'affaires a, tout d'abord, tweeté que son accord de 44 milliards de dollars pour l'achat du réseau social était "temporairement suspendu", invoquant des détails en attente sur le calcul du nombre de faux comptes sur la plateforme.
Quelques heures plus tard, il assurait toutefois, à nouveau via Twitter, être "toujours engagé" à mener à bien l'opération.
L'effet en bourse fut immédiat. À la suite de l'annonce de la suspension, le titre Twitter a plongé jusqu'à 25% en avant-bourse à Wall Street. L'action s'est ensuite redressée, chutant finalement de 9,72% à la clôture. Elle s'échange ainsi autour des 41 dollars, bien en dessous du prix de 54,20 dollars par action proposé par le milliardaire. De son côté, Tesla a bondi de 5,7%.
La guerre aux spams et aux faux comptes
La société basée à San Francisco a assuré, au début du mois, que les spams et les faux comptes représentaient au premier trimestre 2022 moins de 5% de ses utilisateurs. Twitter a cependant reconnu que le véritable nombre pouvait être plus élevé.
"Le prix de 44 milliards de dollars est énorme, et il s'agit peut-être d'une stratégie pour revenir sur le montant qu'il est prêt à payer pour acquérir la plateforme."
Une information importante, alors qu'Elon Musk a fait de la suppression des spams (comptes publicitaires automatisés) l'une de ses priorités. En tant que défenseur autoproclamé d'une liberté d'expression totale, il souhaite aussi une modération moins importante des contenus.
La proportion de faux comptes est "un indicateur clef" pour Twitter, explique Susannah Streeter, analyste marchés pour Hargreaves Lansdown. "Le calcul du nombre précis de personnes qui tweetent réellement est considéré comme crucial pour les flux futurs de revenus via la publicité ou les abonnements payants sur le site."
Certains faux comptes sont, aujourd'hui, autorisés sur Twitter, du moment que ceux-ci indiquent clairement qu'ils sont automatisés. La plateforme a même créé un label pour les "bons" faux comptes. Les spams, en revanche, ne sont pas permis.
Stratégie?
Du côté de Wall Street, les spéculations vont bon train quant aux intentions cachées de Musk. Des doutes sont, en effet, apparus dernièrement sur sa capacité à mener à bien son acquisition. Ses propos pourraient ainsi être une manœuvre pour faire baisser le prix de son offre, d'autant que les valeurs technologiques ont fortement reculé en bourse récemment. Le patron de Tesla tente, d'ailleurs, toujours de réunir l'argent pour conclure l'opération. Il aurait déjà levé un peu plus de 7 milliards de dollars auprès de divers investisseurs.
"On se demandera également si les faux comptes sont la véritable raison de cette tactique dilatoire", indique ainsi Susannah Streeter. "Le prix de 44 milliards de dollars est énorme, et il s'agit peut-être d'une stratégie pour revenir sur le montant qu'il est prêt à payer pour acquérir la plateforme."
Pour Dan Ives, de Wedbush Securities, l'entrepreneur a également surestimé la solidité de ses actions Tesla, dont le cours a nettement reculé depuis l'annonce du rachat de Twitter. Musk chercherait ainsi à protéger le constructeur automobile.
Autre raison évoquée: la proposition de rachat comprend une indemnité de rupture d'un milliard de dollars pour chaque partie. Musk devra s'acquitter de cette somme s'il met fin à l'accord ou ne parvient pas à fournir le financement de l'acquisition. Une mise à jour de Twitter sur le nombre de faux comptes déclencherait-elle une clause dite "de changement négatif important" (material adverse change clause), libérant Musk de l'indemnité de rupture? La question reste, pour le moment, en suspens...
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