Nemesis, réinventer le branding pour conquérir le monde
Trois jeunes Bruxellois se sont mis en tête de révolutionner la création d'une image de marque. Trois ans après le lancement de Nemesis, ils exportent leur méthode hors des frontières belges.
Quand on prétend réinventer un secteur, l’image que l’on renvoie doit dire quelque chose de ses intentions. Celles de Sydney Funck sont claires. Avec sa casquette rouge "Make branding great again" vissée sur la tête, il ne cache pas son objectif : rendre ses lettres de noblesse et dépoussiérer la refonte de l’image de marque des entreprises. Le fameux branding avec une pincée de provoc'. "Il y a 7 ans, je me disais déjà qu’un autre modèle d’agences dédiées à ça était possible", explique Sydney Funck qui est passé par plusieurs d’entre elles, dont TBWA et Stanley and Stella.
Cet autre modèle, il l’a créé avec Yaël Pinchart, rapidement rejoint par Johan Wouters. "On n’approche pas le branding comme un travail de design", explique-t-il. "On approche ça comme un travail transformationnel, on fait du management de changement." Nemesis va travailler directement avec les dirigeants d’une entreprise, avec le top management et avec les équipes pour comprendre la raison d’être d’une entreprise et "apporter de la clarté à tous les étages".
Pas que de l'image
"Là où une agence classique va faire 2 workshops pour comprendre la vision d’une entreprise, nous, on va la remettre en question et elle sera différente après notre passage." Pour espérer avoir cet impact, Nemesis doit travailler dans l’entreprise concernée pendant plusieurs mois. "On passe tout en revue, toute la documentation qui existe sur la boîte." Après l’analyse des documents, vient la phase des interviews. "On vient de finir ce travail pour Copains, cela représente plus de 100 personnes à rencontrer." À l’aide d'une intelligence artificielle, Nemesis analyse ses interviews pour déceler l’écart entre ce qui est écrit, dit et ce qui est vécu au sein de l’entreprise.
"Au vu de nos ambitions et de l’objectif à 10 ans, il fallait qu’on attaque rapidement l’international."
Ensuite, avec les dirigeants et employés, Sydney Funck et ses compères essaient de faire naître la nouvelle identité et les nouvelles valeurs avant de passer à la phase d’activation "pour que chacun s’empare de cette identité, des ressources humaines au marketing en passant par les sales et qu’il y ait un impact business direct". Une fois la stratégie interne établie, la phase plus classique de branding peut débuter avec la traduction de cette stratégie dans une identité visuelle.
Plus cher que les concurrents
Un long travail de terrain qui a un coût : "On est 3 à 4 fois plus cher que d’autres agences de branding." Mais l’approche de Nemesis séduit. Après deux premières années teintées de crise du covid et de tests pour faire coïncider leur idée, les besoins du marché et la cible, Nemesis a terminé sa troisième année sur les chapeaux de roues, selon ses fondateurs. "L’année dernière a été décisive. On a clarifié la cible qui correspondait à notre proposition de valeur." La cible de Nemesis, ce sont les entreprises en croissance qui ont les moyens de s’adjoindre ses services pour un problème qu’elles n’ont pas le temps de gérer : leur image de marque. "Une entreprise qui est en train de passer de 10 à 100 personnes a besoin de clarifier sa vision et son narratif."
La liste de ses clients s’est allongée et compte désormais une vingtaine de noms depuis ses débuts dont Makisu, Novartis Foundation, Elia, Ineo, J&Joy ou encore Les Ardentes. De quoi gonfler son chiffre d’affaires à 700.000 euros pour 2023. Une broutille à côté des ambitions de la jeune pousse. "Pour 2024, nous visons 1,8 million d’euros."
"Une entreprise qui est en train de passer de 10 à 100 personnes a besoin de clarifier sa vision et son narratif."
À plus long terme, elle vise bien plus et compte engager 8 personnes en plus de ses 20 freelances cette année pour répondre à la demande qui vient de plus en plus de l’étranger. "Au vu de la taille des contrats que l’on vise, de nos ambitions et de l’objectif à 10 ans, il fallait qu’on attaque rapidement l’international." Au départ l’entreprise signait des contrats entre 40.000 et 80.000 euros. Hors de nos frontières, les prix explosent et varient entre 80.000 et 250.000 euros, dévoilent les fondateurs de l’entreprise. C’est notamment vers le Moyen-Orient et les pays de la péninsule arabique que Nemesis se tourne pour ses prochains contrats.
Le futur de l'industrie?
L’entreprise doit encore se structurer pour son internationalisation et compte ouvrir un bureau à Dubaï prochainement pour créer un hub local. Rentable depuis son premier contrat, Nemesis ne peut pas compter sur la récurrence – on ne refait pas son branding tous les ans – et doit en permanence chercher de nouveaux contrats. Une difficulté qui n’effraie pas Sydney Funck, qui, en toute humilité dans un éclat de rire, affirme que sa jeune pousse "est le futur de l’industrie du branding". Il en rit, mais espère sincèrement que la méthode Nemesis devienne un nouveau standard bien au-delà des frontières belges.
- Nemesis propose une nouvelle approche du branding en adoptant une stratégie de transformation des entreprises pour redéfinir leur identité.
- Malgré des tarifs trois à quatre fois supérieurs à la concurrence, la méthode séduit.
- Forte de son succès initial, l'entreprise vise une expansion internationale ambitieuse, ciblant notamment le Moyen-Orient.
Yaka!, c'est une invitation lancée par L'Echo à toute la communauté business francophone pour stimuler l'esprit d'entreprendre en Wallonie et à Bruxelles.
Les plus lus
- 1 Gouvernement wallon: la note de Pierre-Yves Jeholet prônant un contrôle plus serré des chômeurs est validée
- 2 Une banane scotchée achetée 6,2 millions de dollars par un entrepreneur crypto
- 3 Élections communales: après recomptage des votes, le MR perd un siège au profit d'Ecolo à Bruxelles-Ville
- 4 Indépendant en société: avez-vous intérêt à constituer une réserve de liquidation?
- 5 États-Unis: Donald Trump choisit Pam Bondi comme ministre de la Justice après le retrait de Gaetz