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interview

Albertine Pegrum-Haram (Columbia Threadneedle): "Les entreprises doivent mieux connaître leurs risques climatiques"

Le changement climatique rend désormais certaines zones impropres à la production agricole. ©PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP

Trois questions à Albertine Pegrum-Haram qui travaille pour Columbia Threadneedle, un gestionnaire patrimonial anglo-saxon.

Cet été, plusieurs régions d’Europe ont une fois de plus été touchées par des températures exceptionnellement élevées. Les conséquences du réchauffement climatique se font désormais sentir dans de nombreux domaines. D’après Albertine Pegrum-Haram (Columbia Threadneedle, les entreprises ne se préoccupent pas suffisamment des risques climatiques.

Dans quelle mesure le changement climatique maintiendra-t-il l’inflation à des niveaux élevés dans les années à venir?

C’est difficile à prévoir avec précision. Mais il ne fait aucun doute que les conséquences du changement climatique coûteront très cher.

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Albertine Pegrum-Haram (Columbia Threadneedle).
Albertine Pegrum-Haram (Columbia Threadneedle). ©rv

Par exemple, les perturbations du climat pèsent sur la production d’aliments, ce qui fait augmenter leurs prix et a également un impact négatif sur le choix et la qualité des produits. Selon un rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), un groupe de réflexion associé aux Nations Unies, le changement climatique rend même certaines zones impropres à la production agricole.

Ces incertitudes grandissantes placent également les producteurs face à des difficultés financières. De nombreux modèles sous-estiment le coût des changements climatiques, car ils ne tiennent pas compte de certains risques liés au climat.

Vous souhaitez que les entreprises soient plus transparentes à propos des risques climatiques auxquels elles sont exposées. Pouvez-vous citer quelques exemples?

Bien entendu, les entreprises ne sont pas en mesure de prédire avec exactitude où, quand et dans quelle mesure elles seront impactées par le changement climatique. Mais elles devraient pouvoir évaluer leur exposition à ce risque et faire rapport sur leurs vulnérabilités. Et elles peuvent aussi expliquer comment elles comptent faire face à ces risques.

"Les secteurs les plus vulnérables aux risques climatiques sont l’agriculture, le secteur minier, l’immobilier et les services aux collectivités."

Albertine Pegrum-Haram
Columbia Threadneedle

Le groupe brassicole Carlsberg est un exemple à suivre: l’entreprise danoise fait, par exemple, rapport sur les risques de pénuries d’eau, une matière première essentielle pour son processus de fabrication. Dans son rapport, on peut lire que l’entreprise a réalisé une analyse pour ses 84 brasseries et a élaboré plusieurs scénarios jusqu’en 2030 et 2050. Elle y explique également quelles mesures elle a prises, par exemple, pour réduire sa consommation d’eau.

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Quelles sont les entreprises les plus vulnérables aux risques climatiques?

Par secteur, nous pouvons citer l’agriculture, le secteur minier, l’immobilier et les services aux collectivités. Les actifs réels comme l’immobilier peuvent être impactés par les intempéries et les tendances climatiques à long terme, comme la hausse du niveau des mers. Dans ce secteur, on peut dire que la hausse du coût des polices d’assurance et les frais liés aux dégâts potentiels ne sont pas suffisamment intégrés dans les prix de l’immobilier.

Mais je peux aussi citer les chaînes logistiques: si tout l’approvisionnement d’une entreprise vient d’une seule zone et que celle-ci est très exposée au risque climatique, cette entreprise est bien entendu exposée à des risques importants.

Plus largement, il existe également des risques macro-économiques liés au changement climatique. Ceux-ci peuvent avoir un impact sur différents secteurs. Toutes les entreprises devraient cartographier les risques liés à leurs activités opérationnelles et à leur chaîne logistique.

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