En 2019, les Belges pourront épargner davantage sans subir de précompte mobilier ou encore placer plus d’argent dans le troisième pilier des pensions. C’est la conséquence de l’adaptation annuelle des barèmes fiscaux à l’inflation, que L’Echo a calculée en primeur.
L’indice des prix à la consommation de décembre, publié vendredi par le service public fédéral de l’Economie, permet de calculer les coefficients qui serviront à indexer les montants du Code des impôts sur les revenus l’année prochaine. D’après nos calculs, plusieurs montants importants pour les ménages belges subiront une hausse non négligeable en 2019.
Effet du "tax shift"
C’est notamment le cas de la part des revenus qui est exemptée d’impôt. On parle également de minimum imposable car la taxation ne commence à s’appliquer qu’aux revenus qui dépassent ce seuil. En 2018, cette quotité exemptée d’impôt était de 7.730 euros. L’année prochaine, ce montant grimpera à 8.860 euros, soit 1.130 euros supplémentaires qui échapperont au taux de 25% de la première tranche d’imposition, ce qui donnera lieu à une économie d’impôt supplémentaire de 282,50 euros sur l’année. Attention, en plus de l’effet de l’adaptation à l’inflation, c’est aussi la conséquence du "tax shift", la réforme fiscale mise en œuvre par le gouvernement fédéral, qui comportait une hausse de cette quotité exemptée.
Le "tax shift" sort encore un effet en ce qui concerne les tranches d’imposition. L’an prochain, la tranche de revenus taxée à 40% verra son plafond augmenté. Cela signifie qu’une partie plus grande des revenus sera imposée à ce taux au lieu de l’être à 45% dans la tranche de revenus supérieure. Le seuil en question passera ainsi de 22.290 à 23.390 euros, soit une différence de 1.100 euros qui sera taxée à 40% au lieu de 45%, d’où une économie d’impôt de 55 euros en un an.
Quotient conjugal
Le quotient conjugal va également grimper. Ce mécanisme permet d’attribuer fictivement une partie du revenu du conjoint (ou cohabitant légal) qui gagne le plus à celui qui gagne le moins, dans le but d’atteindre moins vite les tranches de revenus les plus élevées, taxées plus lourdement. En 2019, le quotient conjugal pourra aller jusqu’à 10.940 euros, contre 10.720 euros cette année.
En marge du "tax shif ", le gouvernement a aussi décidé de se montrer plus généreux envers les investisseurs. En 2019, la part des dividendes d’actions qui sont exonérés de précompte mobilier va progresser non seulement par l’effet de l’inflation mais aussi par le biais d’une augmentation légale de ce plafond. D’après nos calculs, les investisseurs pourront toucher jusqu’à 804 euros de dividendes sans précompte, contre 640 euros cette année. Attention, la loi prévoit que, sans préjudice de l’adaptation des barèmes fiscaux, le gouvernement peut, par arrêté royal, ramener ce plafond de 2019 à 800 euros, comme prévu lors de l’annonce de cette mesure. Telle était l’intention de l’exécutif fédéral mais il faudra voir si le gouvernement démissionnaire sera bien en mesure de ramener ce plafond à 800 euros... En attendant, à ce stade, c’est le chiffre de 804 euros qui s’inscrit dans la loi par le biais de l’indexation automatique. Dernière précision à ce sujet: rappelons que le précompte sera toujours prélevé par l’intermédiaire financier et que ce sera au contribuable à le récupérer en le mentionnant dans sa déclaration fiscale l’année suivante.
L’adaptation à l’inflation aura aussi un impact sur les épargnants, du moins sur ceux qui ont un compte d’épargne (très) bien garni. L’an prochain, le plafond jusqu’auquel les intérêts des livrets sont exonérés de précompte mobilier atteindra 980 euros, contre 960 euros en 2018. Mais sachant que beaucoup de banques appliquent le taux d’intérêt légal minimum à leurs comptes d’épargne, à savoir 0,11%, il faudrait détenir plus de 890.909,09 euros sur un tel livret pour subir un précompte mobilier sur des intérêts dépassant 980 euros, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde…
Piège fiscal
Ceux qui épargnent pour leur pension dans le cadre du troisième pilier bénéficieront aussi de l’indexation annuelle des montants fiscaux. L’an prochain, on pourra verser jusqu’à 1.260 euros dans l’épargne-pension, contre 1.230 euros cette année. Attention, il s’agit du plafond qui implique une réduction d’impôt de 25%. Ceux qui souhaitent une réduction d’impôt de 30% devront limiter leur versement de 2019 à 980 euros, contre 960 euros en 2018.
À ce sujet, attention au fameux piège fiscal de l’épargne-pension: l’année prochaine, il s’agira de ne pas verser un montant compris entre 981 et 1.176 euros. Pourquoi? Car 25% de 1.176 euros égalent 294 euros, soit le montant de réduction d’impôt qu’on aurait obtenu en limitant la mise à 980 euros, montant donnant droit à la réduction d’impôt calculée au taux de 30%. CQFD.
Bon nombre d’autres montants fiscaux seront adaptés à l’inflation en 2019. Vous en trouverez un aperçu non exhaustif dans l'infographie ci-dessous.