Les fonds indiciels cotés en bourse, ou ETF (également appelés trackers), connaissent un essor notable depuis quelques années, au détriment des fonds plus coûteux proposés par les banques. Les investisseurs passifs, qui préfèrent s’enrichir en dormant, mettent en avant les piètres performances des fonds classiques, qui, après déduction des frais, font souvent moins bien que les ETF.
Il serait cependant réducteur de mettre tous les gestionnaires actifs dans la même corbeille. En cherchant bien, vous trouverez des gestionnaires capables d'identifier de manière durable et cohérente les inefficiences des marchés financiers et d'en tirer profit à long terme. C'est l'idée centrale des Fund Awards, décernés chaque année par votre journal (associé à De Tijd). Ces prix évaluent la régularité des performances des fonds sur les cinq dernières années et le risque qu'ils impliquent.
Les lauréats de 2025, annoncés cette semaine (voir le tableau ci-dessous), partagent des caractéristiques communes qui peuvent vous guider dans la quête de fonds actifs performants.
1/ Choisir la bonne catégorie
La capacité des gestionnaires de fonds de surpasser le marché dépend de plusieurs facteurs, notamment de l'efficience du marché boursier lui-même. Il est bien connu que le marché des grandes capitalisations américaines est très efficient et difficile à battre. Les scores SPIVA, qui indiquent le pourcentage de fonds d'investissement dans une catégorie donnée qui surpassent (après frais) leur indice de référence sur les dix dernières années, le confirment. Parmi les fonds de grandes capitalisations américaines, seuls 15% battent l'indice S&P 500 sur une décennie.
Les différences de rendement sont plus marquées sur les marchés boursiers moins efficients.
La composition de l'indice joue également un rôle. Plus les poids lourds d'un indice performent, plus les gestionnaires actifs ont du mal à le battre. Cela a été particulièrement vrai ces dernières années, où une grande partie des gains de l'indice S&P 500 a été portée par les géants de la tech. En 2023 et en 2024, à peine un peu plus d’un quart des actions du S&P 500 ont mieux presté que l’indice, un plancher historique.
Le fonds SISF US Large Cap, géré par Schroders et lauréat d'un Fund Award, a tout de même réussi à réaliser un rendement légèrement supérieur à celui du S&P 500 au cours des cinq dernières années, avec un rendement total de 101,4%, contre 93,8% pour l'indice de référence.
La gestion active semble plus rentable dans les catégories obligataires.
Les différences de rendement sont plus marquées sur les marchés boursiers moins efficients. Le fonds DNCA Archer Mid-Cap Europe, qui investit dans des actions européennes de petite et moyenne capitalisation, a affiché un rendement total de 48,9% sur cinq ans, bien au-dessus des 27,7% de l'indice de référence. Dans le segment des actions des marchés émergents, Robeco a réalisé un rendement de 43,4%, contre 17,9% pour l'indice.
L'on terminera en relevant que la gestion active semble encore plus rentable dans les catégories obligataires, avec des différences de rendement relativement plus importantes.
2/ Évitez les suiveurs d'indice
Quel que soit le type de fonds que vous choisissez, un gestionnaire ne peut espérer surpasser l'indice que s'il ose s'en écarter. Pourtant, tous les gestionnaires actifs ne prennent pas ce risque. Beaucoup préfèrent rester proches de l'indice de référence, ce qui les conduit souvent à sous-performer par rapport à un ETF après déduction des frais.
Identifier ces suiveurs d'indice est relativement simple: il suffit de comparer les dix principales positions du fonds avec celles de l'indice de référence. Si les différences sont minimes, vous avez probablement affaire à un suiveur d'indice.
Les lauréats de nos Awards avaient tous une "active share" supérieure à 70%, souvent même au-delà de 80%.
Il existe aussi des méthodes plus pointues pour reconnaître les gestionnaires actifs. L'"active share" est une mesure couramment utilisée par les gestionnaires de fonds. Ce pourcentage indique à quel point un fonds s'écarte de l'indice de référence. Une "active share" de 0% se rapporte à un fonds purement indiciel, tandis qu'un pourcentage de 100 indique un fonds sans aucune position de l'indice de référence, un véritable stockpicker. Les lauréats des prix avaient tous une active share supérieur à 70%, souvent même au-delà de 80%.
3/ Optez pour un gestionnaire à sang froid
Les gestionnaires performants restent fidèles à leur politique d'investissement, même lorsque le marché semble leur donner tort. Terry Smith, souvent comparé à Warren Buffett en Europe, a longtemps surpassé l'indice de référence avec son fonds mondial d'actions. Cependant, en 2023 et 2024, il a sous-performé, car il n'a pas suivi la frénésie de la Big Tech. Malgré cette performance en retrait, Smith s'en tient à sa stratégie, ce qui lui a été bénéfique lors de la récente correction boursière américaine.
Privilégiez donc les gestionnaires capables de maîtriser leurs émotions et de se concentrer sur les fondamentaux, indépendamment des fluctuations du marché. Pour un investisseur, il n'est pas toujours facile de déterminer si un gestionnaire possède cette qualité, mais parfois cela saute aux yeux. Dans la catégorie des actions de croissance des marchés émergents, un fonds a été primé pour sa composition basée uniquement sur des modèles mathématiques, éliminant ainsi toute émotion.
4/ Visez le long terme
La performance passée d’un gestionnaire ne garantit pas sa performance future, mais le "track record" fournit tout de même des informations utiles, notamment sur la gestion du risque. Un des critères d’évaluation des fonds pour les Fund Awards est leur performance en période de marché baissier. C’est souvent dans ces moments que les gestionnaires se distinguent.
La régularité prime sur les coups de chance ponctuels, car elle témoigne généralement d'une gestion de qualité.
Certains fonds affichent des rendements élevés à long terme, mais en tant qu’investisseur, il est important de voir d’où vient cette performance. Si la performance résulte d'un coup de chance ou d'une année exceptionnelle, le fonds n'est probablement pas le meilleur choix pour votre portefeuille. La régularité prime sur les coups de chance ponctuels, car elle témoigne généralement d'une gestion de qualité.
5/ Évitez les fonds à gros frais
Dans le monde des fonds, il n'existe pas de corrélation entre les frais et la performance.
Les lauréats de nos Awards affichent généralement des frais annuels inférieurs à la moyenne de leur catégorie.
Il est donc essentiel d'éviter les fonds très coûteux. Les frais sont la seule certitude que vous avez à l'avance. Si un fonds prélève 2% de frais par an, vous savez déjà qu'il doit réaliser au moins 2% de rendement annuel pour vous offrir un return positif.
Les lauréats de nos Awards affichent généralement des frais annuels inférieurs à la moyenne de leur catégorie, bien qu'il existe des exceptions. Par exemple, le fonds DNCA prélève plus de 2% de frais par an. Notez que vous ne payez pas ces frais séparément; ils sont déduits quotidiennement de la valeur d'inventaire.
6/ Évitez les gnomes
Les maisons de fonds font face à des coûts croissants. Une étude de la fédération des fonds Efama a récemment montré que les coûts d'investissement annuels en technologie ont augmenté de près de 40% en quatre ans. Les coûts des données, nécessaires notamment pour les rapports de durabilité, ont même doublé.
Évitez les fonds qui gèrent moins de 100 millions d'euros.
Pour cette raison, la taille devient cruciale. Plus les actifs sous gestion sont importants, plus ces coûts sont lissés et moins ils impactent le rendement des fonds. Évitez donc les fonds qui gèrent moins de 100 millions d'euros, car ils risquent d'être peu efficients en termes de coûts.