Dans la note qu’ils ont présentée aux dix partis en lice pour participer à une coalition, les informateurs Joachim Coens (CD&V) et Georges-Louis Bouchez (MR) consacrent un important volet aux pensions et lancent l'une ou l'autre piste intéressante.
Avec une mise en contexte, d'abord: l’évolution démographique impose de limiter les dépenses en la matière. Entre 2030 et 2035, notre pays comptera en effet 4,2 millions de pensionnés. Les axes de travail proposés tiennent évidemment compte de ces données.
Pension universelle VS pension minimum
Le point clé du volet pension porte sur le concept d’une "pension universelle". Jusqu’ici, les débats dans le cadre de la formation d'un nouveau gouvernement avaient surtout porté sur la pension minium, et plus précisément sur le relèvement de son seuil, à 1.500 euros.
Actuellement, ce seuil est fixé à 1.266,37 euros brut par mois (pour un isolé). Mais tout le monde n’a pas pour autant droit à cette pension minimum garantie (PMG)! Pour toucher ce montant, il faut avoir une carrière complète de 45 années. Celui qui n’a travaillé que durant 36 ans n’aura droit qu’à 36/45e de la PMG.
Et surtout, il faut avoir travaillé au moins l’équivalent d’une carrière complète, soit 30 années minimum pour prétendre à la pension minimum.
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Après 20 ans de carrière
L’idée des informateurs est donc de faciliter l’accès à la pension minimum. À l’issue de 20 ans de carrière (contre 30 ans jusqu’ici), un travailleur aurait droit d’office et de façon inconditionnelle à un montant de base, et ce quel que soit son statut (salarié, indépendant, fonctionnaire). Les années de carrière prestées au-delà de ce minimum, permettraient alors logiquement d’augmenter le montant de sa pension légale.
L’objectif est, entre autres, de mettre fin à des situations absurdes générées par le système actuel. "Actuellement, une personne qui a 20 ans de travail et 10 années de chômage peut bénéficier d’une pension minimum, alors que celle qui a travaillé 29 ans sans compter aucune journée de chômage n’y a pas droit", lit-on dans la note.
Au-delà, l’idée est que plus personne ne se retrouve avec une pension de misère suite à une carrière incomplète comme c’est encore trop souvent le cas aujourd’hui, notamment chez les femmes. D’autant que, selon les experts, ces cas problématiques risquent d’être plus nombreux à l’avenir.
"La pension minimum, quant à elle, s’approchera naturellement des 1.500 euros, grâce aux indexations, à l’utilisation des enveloppes bien-être théoriques et à la démocratisation de la pension complémentaire", précise la note.
Pension à 67 ans (en 2030)
La note prévoit le maintien du relèvement progressif de l'âge légal de la pension à 67 ans en 2030, mais insiste sur la nécessité "d'un effort de pédagogie pour expliquer que chaque travailleur peut et pourra toujours prendre sa retraite après 43 ans".
Le régime actuel pourrait être "adapté pour inciter à prester une carrière complète".
Dans ce cadre, on retiendra également que "l’amélioration du taux d’emploi des 55+ est indispensable".
Enfin, il s'agira d'instaurer "un régime de pénibilité juste avec des critères objectivables et non de perpétuer des avantages parfois difficilement justifiables", indique la note, insistant sur "l'instauration de deux balises: les métiers lourds et les métiers nocturnes".