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Déclarons l'état d'urgence environnemental

Partout dans le monde : surmortalité de tout ce qui vit et pertes de récoltes dues aux températures, sécheresses, inondations, feux de forêt et tempêtes extrêmes. Ici, les incendies en Grèce. ©Photo News

Lutter contre le réchauffement climatique est le véritable enjeu des élections à venir. Un collectif de signataires fait appel aux citoyens pour se mobiliser, et aux politiques pour organiser concrètement la transition vers une société réellement soutenable.

Sommes-nous devenus à ce point insensibles que nous nous satisfassions de rester inertes face à l’énormité du réchauffement climatique ? Partout dans le monde : surmortalité de tout ce qui vit et pertes de récoltes dues aux températures, sécheresses, inondations, feux de forêt et tempêtes extrêmes. En Belgique, nous ne sommes plus épargnés : difficultés cardio-respiratoires et surmortalité des personnes fragiles, de la faune et de la flore à cause de la canicule, pertes de récoltes et restrictions d’eau à cause de la sécheresse, dégâts matériels à cause d’orages violents. Chaque année voit tomber de nouveaux records météorologiques et de nouvelles calamités.

La communauté scientifique, l’ONU, le GIEC (pour le dérèglement climatique), l'IPBES (pour l'extinction de la  biodiversité et les écosystèmes), l'IRP (pour la surexploitation et la raréfaction des matières premières), 15.000 scientifiques de 184 pays, 270 scientifiques belges, de nombreux journalistes, éditorialistes, intellectuels, artistes et simples citoyens essaient d’attirer l’attention de tous depuis plus de 40 ans : nous déréglons le climat, détruisons la biosphère et érodons les ressources. A terme, la capacité de survie de l'Humanité est menacée, un effondrement généralisé nous guette.[1]

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Face à cette " déplaisante réalité ", les citoyens et leurs élus semblent se diviser en trois groupes : ceux qui voient la réalité en face et exigent d’urgence des changements politiques effectifs, ceux qui voient mais demeurent d’une passivité coupable et ceux qui ne veulent pas voir.

Les climatologues et écologues du monde entier crient leur indignation à l’unisson.

Un homme qui a consacré sa vie à l'étude scientifique du climat, le Professeur Jean-Pascal van Ypersele, le dit ouvertement dans les médias : "Cela fait maintenant presque 40 ans que je dis presque la même chose sur le climat." Quand on lui demande si les politiques sont à la hauteur, il répond: "Non, je ne pense pas." Il dit ressentir une grande frustration et une grande colère par rapport à l'inertie des dirigeants politiques. Les climatologues et écologues du monde entier crient leur indignation à l’unisson.

Pour le climat, l'équation des solutions est dramatiquement simple : la majeure partie de l'économie mondiale dépend de l’usage des combustibles fossiles, usage responsable de l’émission des gaz à effet de serre. Il faut donc nous sevrer en laissant 80 % des réserves fossiles dans les sous-sols si nous ne voulons pas rendre la biosphère inhabitable. Voler, naviguer et rouler moins, manger moins de viande, nous chauffer sobrement, consommer avec modération, etc. Cela passe simultanément par une prise de conscience, des actions individuelles et collectives, et des politiques résolues au niveau institutionnel.

Chez les électeurs, la conscience des conséquences dramatiques de l’inaction semble encore trop insuffisante pour générer une mobilisation déterminée vis-à-vis du politique. Pourtant, la transition sociétale nécessaire serait synonyme de plus de qualité de vie, plus d’emplois sains, plus de temps de loisir, plus de convivialité, plus de joie de vivre, plus de santé, plus de calme, plus de verdure, plus de propreté, une nourriture plus saine, des logements plus confortables.

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Il faut donc nous sevrer en laissant 80 % des réserves fossiles dans les sous-sols si nous ne voulons pas rendre la biosphère inhabitable.

Chez les gouvernements en place dans le monde, aucune politique ne semble à la hauteur des actions à mener pour enrayer le changement climatique. Il y a un manque de vision et de courage politique pour prendre des mesures difficiles. Pourtant, les gouvernements peuvent agir pour nous protéger des risques climatiques tout en atteignant d'autres objectifs importants aux yeux des citoyens comme la sécurité, la santé, l'emploi, la nature, le tourisme, etc., car de nombreuses synergies existent.

L’écart entre le discours et les actes est effarant. Le Premier ministre Charles Michel répète son mantra : " Jobs, jobs, jobs ! " Pendant ce temps, le ministre-président wallon Willy Borsus jure que son gouvernement est " le plus vert de toute l'histoire de Wallonie ". Pendant ce temps, le ministre de l'Energie wallon, Jean-Luc Crucke, présente un plan climat-énergie " très ambitieux ". Pendant ce temps, le ministre wallon de la Nature et de l'Agriculture René Collin rassure les agriculteurs : " Ils seront dédommagés en 2019. " On célèbre la moindre petite mesurette environnementale pour mieux masquer l’inaction. Dormez tranquilles braves gens, nous veillons au grain ! Les citoyens ne voient-ils pas que l'empereur est nu ? Et pendant ce temps, la consommation de matière, d'énergie, l'artificialisation des sols, la destruction des écosystèmes, le nombre de kilomètres parcourus en voiture, en train, en bateau, en avion, et les émissions de polluants explosent.

Vous doutez ? Chaque citoyen peut effectuer chez lui, dans son salon, un test de réalité très simple : " Avez-vous dû modifier une seule de vos habitudes dans votre mode de vie, à la suite de l'action des autorités publiques, durant ces 5 dernières années ? " Avez-vous été sérieusement incités à isoler votre logement et renoncer au mazout, à manger plus végétarien et moins de viande, à rouler davantage en vélo et à abandonner votre voiture, à partir en vacances en train et pas en avion, à acheter en deuxième main et faire réparer et pas acheter neuf ?

Chez les gouvernements en place dans le monde, aucune politique ne semble à la hauteur des actions à mener pour enrayer le changement climatique.

Avez-vous constaté récemment que les grands acteurs économiques renonçaient sérieusement aux énergies fossiles ? Pensons-nous vraiment qu'en ne changeant rien, les choses se résoudront comme par magie ? Faut-il toujours attendre que les autres fassent le premier pas ? La vérité est que ni les gouvernements, ni les citoyens ne sont actuellement mobilisés à la hauteur des enjeux environnementaux.

Tirant cette conclusion évidente, Nicolas Hulot, l’écologiste le plus célèbre de France, a démissionné avec fracas de son poste éminent de ministre de la Transition écologique et solidaire, ne voulant plus " se mentir à lui-même ", fustigeant l’insuffisance de la " politique des petits-pas " et estimant " qu’on s’évertue à entretenir un modèle économique cause de tous ces désordres climatiques ".

Tirant cette conclusion évidente, de plus en plus de citoyens sont tiraillés par l’angoisse : notre société, incapable de changer de trajectoire, va-t-elle s'effondrer après avoir détruit sa biosphère ? Serai-je impacté moi et ma famille ? Combien vont s’appauvrir voire mourir ? Comment expliquer que la course à l'abîme se poursuive alors que les faits sont indubitables et que les solutions sont sur la table ? Serions-nous collectivement nihilistes ?

Il y a un manque de vision et de courage politique pour prendre des mesures difficiles.

Fin 2017, dans une enquête du SPF Environnement, 85% des Belges voyaient le changement climatique comme un problème auquel il fallait s’attaquer d’urgence, étaient en faveur d’une transition graduelle vers une économie et une société bas carbone, et attendaient des efforts plus importants de la part des pouvoirs publics pour lutter contre les changements climatiques. Pourtant, combien parmi ces mêmes électeurs vont-ils voter et manifester en conséquence, après avoir mesuré l’ampleur de l’inaction des gouvernements ?

Selon les scientifiques, nous avons jusqu'à 2020 pour faire plafonner puis faire diminuer la courbe des émissions de gaz à effet de serre.[2] Il faudra ensuite presque doubler les efforts prévus d'ici à 2030, et atteindre zéro émissions nettes en 2050.

Etant donné qu'un climat stable et qu'une nature prospère préconditionnent l'existence même de la communauté belge et toutes les politiques qu'elle peut mener, nous demandons solennellement au Premier ministre, aux ministres-présidents et à leurs gouvernements de déclarer "l'état d'urgence environnemental" et la "mobilisation générale des citoyens" pour organiser concrètement la transition vers une société réellement soutenable.

Ni les gouvernements, ni les citoyens ne sont actuellement mobilisés à la hauteur des enjeux environnementaux.

Etant donné qu'aucun changement d'ampleur ne sera possible sans la pression des citoyens, nous les appelons tous à rejoindre le mouvement "Rise for the climate", les samedis 8/09, 6/10 et 3/11 à 12h, place du Luxembourg à Bruxelles et le dimanche 2/12, à la journée d'action nationale organisée par Climate Express et la Coalition Climat sous le nom "Claim the climate".[3]

Nous appelons également tous les citoyens à se saisir de leur droit de vote lors des prochaines élections pour démettre les élus passifs et à voter en faveur des candidats qui mèneront une véritable transition sociétale.

Nous appelons enfin, parallèlement au vote, à changer radicalement de mode de vie, ce qui implique par conséquent des milliers d’initiatives auto-organisées partout dans le pays. Autrement dit, du courage, de l’audace et de l’entraide.

Si vous voulez rejoindre notre appel aux candidats aux élections, signez notre pétition citoyenne via ce lien : https://chn.ge/2PENqV6

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