carte blanche

Le partage pour une Région bruxelloise plus forte

Journaliste

Ce mercredi soir Jeremy Rifkin prendra la parole à Flagey dans le cadre d’une conférence du Centre For European Studies – Wilfried Martens. Conseiller auprès de la Commission européenne et de la Chine par le passé, cet économiste de 71 ans est un spécialiste de l’énergie renouvelable & collaborative commons. Dans ses ouvrages – et en particulier le plus récent The Zero Marginal Cost Society –, celui-ci formule un certain nombre d’analyses pertinentes et des recommandations dont on pourrait s’inspirer ici à Bruxelles, mais dont on peut aussi cueillir les fruits dès à présent.

En réalité, ce qu’écrit Rifkin pourrait finalement se résumer par le vieil adage de Francis Bacon: “Savoir, c’est pouvoir ”. L'avantage de notre époque est que l'information et les données sont de plus en plus répandues et accessibles et qu’elles ne restent plus dans les seules mains d'une élite select. A côté de ces flux d’informations énormes, vous avez aussi de plus en plus de personnes interconnectées, tout simplement grâce à ce partage de connaissances et aux nouvelles technologies de communication. Les citoyens ne sont plus seulement des consommateurs, mais aussi des " prosommateurs " qui peuvent faire eux-mêmes de l'information, du divertissement ainsi que des produits 3D, et les partager à un coût très faible, voire nul. Ce concept sonne bien, mais quid de sa mise en pratique?

Effet de levier

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Dans une ville-région comme Bruxelles par moments très fragmentée – certainement en cette période – cet élément peut susciter un effet de levier considérable pour élargir les capacités de diffusion des connaissances et d'information, mieux prendre en compte l’engagement des Bruxellois, et favoriser l’éclosion de leurs propres talents créatifs et originaux pour le travail et la détente.

Prenons quelques exemples. Après des années d'investissement, les gens peuvent aujourd’hui utiliser le wifi gratuitement dans plus de 80 lieux publics à Bruxelles. Certains trouvent cela totalement superflu - à tort à mon sens. Ils supposent que "tout le monde" a le wifi, ou qu’il est de toute façon "remboursé par votre travail." Les deux arguments ne tiennent pas la route, car on retrouve bon nombre de personnes défavorisées dans cette ville sans oublier les touristes de notre métropole. qui peuvent en profiter pour se connecter quelque peu afin de peaufiner leur découverte de la ville. Les visiteurs peuvent utiliser le wifi pour peaufiner leur découverte de la ville; les personnes défavorisées – ce n’est pas par hasard si on enregistre un nombre important de connexions autour des bureaux d’Actiris – peuvent faire usage des possibilités numériques pour effectuer des exercices, pour postuler en ligne ou pour étendre leur réseau.

Données ouvertes

Un autre exemple est l'ordonnance open data (données ouvertes). Sur ma proposition, les données ouvertes sont devenues, depuis peu, l'option par défaut en Région bruxelloise. Dans l’intervalle, nous avons déjà mis des millions de bits de jeux de données en ligne sur http://opendatastore.brussels/fr/. Avec les données ouvertes, nous faisons en sorte que les données numériques soient accessibles aux citoyens et aux entrepreneurs pour les aider à développer des applications qui améliorent la qualité de vie dans la ville ou permettent de diffuser des informations utiles. Par exemple, une application qui cartographie les commerces accessibles aux personnes se déplaçant en chaise roulante ou qui indique des emplacements de parking libres. Mais l’open data offre en réalité encore plus de possibilités : au Canada, ils ont épargné 3,2 milliards d'euros en démasquant des fondations s’adonnant à la fraude grâce à un arsenal open data lié aux déductions fiscales et certains inspecteurs perspicaces, y compris un expert du domaine des fondations elles-mêmes.

Voilà une leçon importante à la fois du concept de smart city que dans The Zero Marginal Cost de Rifkin: les citoyens détiennent eux-mêmes des connaissances et font preuve d'engagement. Ce n’est pas par hasard si notre application Fix My Street - que les citoyens peuvent utiliser pour signaler des trous dans la chaussée – enregistre plus de trente ( !) signalements par jour. Les gens veulent réellement s’engager et aider les pouvoirs publics, et ils le font mieux et beaucoup plus rapidement que si nous devions nous-mêmes envoyer cinq inspecteurs sur le terrain. Lorsque vous donnez aux gens des ressources, ils vont certainement les utiliser. Cela promet pour l'application Clean My Street que nous prévoyons de lancer, conjointement avec ma collègue Fadila Laanan, afin d’agir plus vite et plus efficacement contre la saleté publique et les dépôts clandestins de déchets.

Les ateliers du 21e siècle

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Viennent ensuite les FabLabs (abréviation de fabrication laboratories) et les Makerspaces qui fleurissent un peu partout à Bruxelles: jeunes et vieux, designers et artisans, pro et amateurs travaillent ensemble sur leur propre projet ou produit. Et toujours avec de l’information partagée, des conseils et de l’accompagnement dans la chaîne d’assemblage. Ce sont les ateliers du 21ème siècle, souvent sans objectifs commerciaux, où, par exemple, les pièces de rechange des machines défectueuses sont construites à partir d’un tapis roulant pour aveugles. Jeremy Rifkin acquiescerait certainement du regard à l’écoute de la pensée de Stijn De Mil du FabLabXL d’Anderlecht : " Le Fablabcommunity voit la technologie comme l'eau : pour tout le monde ". Où l’enseignement secondaire technique et l’enseignement secondaire professionnel sont souvent associés à tort de façon négative, on revalorise dans les laboratoires la technologie et la puissance de la pensée STEM (Science, Technology, Engineering & Mathematics).

En tant qu’autorité publique, nous avons le devoir de fournir des stimulus correctement coordonnés aux diverses initiatives visant à améliorer le partage des connaissances et à rapprocher les Bruxellois. Une bonne combinaison de partage de l'information, de civisme et de développement des compétences peut faire en sorte que notre ville-région, qui connaît hélas des moments difficiles, reparte rapidement de plus belle.

Bianca Debaets est Secrétaire d’État régionale bruxelloise en charge de l’Informatique et de la Transition numérique

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