Édito | Bruxelles ne peut se permettre une crise prolongée

Responsable du service Économie/politique

La Région bruxelloise s’apprête à plonger dans une crise qu’elle ne peut décemment se permettre. La doter d’un gouvernement à court terme est indispensable, tout comme le sera ensuite une réflexion approfondie sur son fonctionnement.

 "Les conditions de la participation du PS aux négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement bruxellois ne sont plus réunies." Cette phrase, issue d’un communiqué des socialistes bruxellois, douche les espoirs de voir la Région-capitale se doter à court terme d’un exécutif.

Et c’est franchement déplorable. Déplorable, car plus de 175 jours après les élections, aucune négociation substantielle, impliquant les deux communautés linguistiques, n’a pu débuter. Déplorable également, car on conserve la sensation d’assister à un grand jeu de dupes: chacun joue sa partition et cherche à faire triompher ses intérêts plutôt que le bien commun. 

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Déplorable enfin, car la Région bruxelloise est dans une situation sociale et budgétaire dramatique. Pour rappel, son déficit devrait atteindre 1,295 milliard d'euros en fin d’année tandis que sa dette pourrait grimper à 22 milliards d'ici à 2029. Dans un tel contexte, ceux qui ne voient pas la menace d’une dégradation de la note bruxelloise se plongent la tête dans le sable.

Crise prolongée

Cette situation budgétaire ne vient pas de nulle part. Elle résulte d’années de gestion indigente, de crises successives, mais aussi du refus répété des autres entités de considérer Bruxelles comme une véritable capitale et de la financer en conséquence. Une erreur, car la Région bruxelloise constitue un poumon économique dont les retombées bénéficient tant au nord qu’au sud du pays.

La Région bruxelloise a grand besoin de vivre un aggiornamento institutionnel et fiscal pour avancer.

À ce marasme budgétaire s’ajoute désormais la perspective d’une crise politique prolongée. Soyons clairs: personne n’aurait à y gagner. Redoutée de longue date par les observateurs, cette crise potentielle est aussi en partie la conséquence d’un système institutionnel – avec la règle des majorités dans chaque groupe linguistique – à bout de souffle.

Sur ces deux points, une réflexion de fond, qui dépassera les seuls acteurs bruxellois, s’impose. Le fonctionnement de Bruxelles, tout comme son financement, devront être revus. La Région a grand besoin de vivre un aggiornamento institutionnel et fiscal pour avancer. Sans nier le fait bruxellois, il conviendra de repenser à moyen terme l’avenir de l’entité pour lui offrir un nouveau dynamisme.

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Mais ne dédouanons pas les responsables politiques actuels. Ceux qui sont aujourd’hui au cœur des négociations doivent tout faire pour éviter que la Région ne se jette dans le gouffre qui lui fait face. Cela impliquera des ouvertures de la part du PS, auquel il incombe de prouver que la piste du CD&V pour remplacer la N-VA est viable, mais aussi un leadership affirmé dans le chef du formateur libéral et putatif ministre président bruxellois, David Leisterh.

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