Édito | L’UE doit gagner la nouvelle guerre froide
Face aux ingérences russes dans de nombreux pays de l'Est, l'UE doit faire du processus d'élargissement un atout.
Géorgie, Moldavie, Serbie… : le conflit entre l’Europe et la Russie est de plus en plus visible en Europe de l’Est. Tous ces pays ont en point commun d’être candidat à l’adhésion à l’UE, tout en étant soumis à de fortes ingérences russes.
Vladimir Poutine mène cet affrontement digne d’une nouvelle guerre froide sur de multiples théâtres d’opérations. Le combat revêt un aspect militaire, évident en Ukraine, autre pays désireux de rejoindre les Vingt-Sept. Mais il est aussi politique, par le soutien à des partis pro-Moscou, lesquels n’hésitent pas, partout où ils le peuvent, à imposer des lois visant à cadenasser les élections ou à brider la société civile.
Il a lieu encore sur le terrain de l’information, Moscou agitant la menace de guerre pour effrayer les populations. Cette lutte se déroule également au sein même de l’UE. L’exemple le plus frappant est le rôle de la Hongrie du pro-russe Viktor Orban, qui vicie l’UE en interne par ses dérives illibérales.
Notre modèle de société est en danger
L’UE doit gagner cette bataille protéiforme, car l’enjeu est existentiel. Il ne s’agit pas seulement d’intérêts économiques ou géopolitiques. Il y va de notre fonctionnement démocratique et de nos valeurs. Sans cela, un rideau de fer d’un nouveau genre va diviser durablement l’Europe. Et notre modèle de société est en danger.
À l’est, l’UE doit mener un exercice d’équilibrisme permanent. Exemple en Géorgie. Il est nécessaire de poser des limites claires pour éviter les dérives. Il faut un soutien sans faille aux forces politiques et civiles démocratiques. En même temps, des sanctions mal calibrées risquent de pousser davantage les plus réfractaires à l’Europe dans les bras de Moscou. Terrible dilemme.
L’Europe ne peut se dispenser d’un examen de conscience interne.
Un défi pour la nouvelle Commission européenne
L’UE dispose néanmoins d’atouts. Le processus d’élargissement en est un. L’Europe doit investir, économiquement, mais aussi politiquement, pour arrimer ces pays au bloc occidental. C’est un défi pour la nouvelle Commission européenne. Sa présidente Ursula Von der Leyen l’a bien compris en martelant que l’élargissement est une priorité de son second mandat. Un signal fort.
Autre exemple positif, quoiqu’encore timoré: dans les Balkans, pour lutter contre les influences de la Russie et de la Chine, l’UE a mis sur la table six milliards d’euros, mariant la carotte (intégration au marché unique, augmentation de l’assistance financière…) et le bâton (des conditions strictes de réformes et de conformité avec la politique étrangère et de sécurité commune).
Enfin, l’Europe ne peut se dispenser d’un examen de conscience interne: si certains pays piaffent depuis parfois plus de 20 ans dans son antichambre, au risque d'être aspirés par Moscou, c’est aussi parce que l’UE elle-même n’est pas pressée de les accueillir, faute d’un mode de fonctionnement approprié et d’une vision claire du futur stratégique de l’Europe.
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