Édito | Odoo doit entraîner la tech belge dans son sillage

Soutenue par des investisseurs prestigieux et valorisée à 5 milliards d'euros, Odoo pèse lourd. L'entreprise wallonne doit désormais essaimer et susciter de nouvelles vocations entrepreneuriales.

C'est une success story à l'américaine qui se déroule dans le Brabant wallon. Créée il y a 20 ans, Odoo pèse désormais 5 milliards d'euros. Spécialisée dans les logiciels d'entreprise open source, la société a connu une croissance continue, de l'ordre de 4% à 50% par an. Elle vise le milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2026.

Le succès de l'entreprise wallonne ne doit rien au hasard. Elle est le produit d'une idée simple, mais audacieuse, portée son fondateur et CEO Fabien Pinckaers: proposer un outil de gestion fiable et accessible aux entreprises effrayées par les prix pratiqués par les géants du secteur. Il fallait oser s'attaquer aux leaders SAP, Oracle ou Microsoft. Le petit poucet wallon l'a fait.

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La tech, secteur de croissance par excellence, doit prendre de l'ampleur en Belgique. Odoo doit entraîner d'autres projets dans son sillage.

Toutes les licornes ne sont pas nées dans un garage de la Silicon Valley

Aujourd'hui, les plus grands fonds d'investissement américains injectent des sommes colossales - un demi milliard d'euros! - dans la pépite belge. Preuve que les faits et gestes des entrepreneurs à succès sont scrutés aux quatre coins du monde. La modestie chronique qui caractérise trop souvent nos élites du business n'a plus lieu d'être. Le complexe d'infériorité de la tech belge, voire européenne, doit également appartenir au passé. Toutes les licornes ne sont pas nées dans un garage de la Silicon Valley. Aujourd'hui, le fonds d'investissement de Google peut décider de monter à bord d'une entreprise wallonne basée à Ramillies.

C'est une excellente nouvelle pour l'écosystème tech en Belgique. Les derniers chiffres compilés par Syndicate One annonçaient une année record en 2024, avec 474 millions d'euros de levées de fonds sur les six premiers mois de l'année. Mais derrière ces chiffres ronflants se cache une autre réalité. La plupart des levées de fonds (représentant 77% des capitaux levés au premier semestre 2024) concernent des entreprises aux premiers stades de leur développement. Les sociétés en croissance comme Odoo sont encore trop rares.

La tech, secteur de croissance par excellence, doit prendre de l'ampleur en Belgique. Odoo doit entraîner d'autres projets dans son sillage. Comme l'espère son CEO Fabien Pinckaers, les 140 millions d'euros récupérés par Wallonie Entreprendre et Noshaq dans la revente de leurs actions doivent être réinjectés dans l'écosystème wallon et faire naître des dizaines de nouveaux Odoo.

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L'entreprise wallonne doit aussi essaimer ses talents et inspirer les nouvelles générations d'entrepreneuses et d'entrepreneurs, sur le modèle de la "PayPal mafia" qui a fait naître YouTube, Tesla ou LinkedIn. La "Odoo mafia" doit prendre le pouvoir.

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