Édito | Oui, Bruxelles vaut bien une messe nationale

Rédacteur en chef adjoint

Plus de six mois après les élections, le paysage politique bruxellois est toujours bouché. Une situation qui prend le pays entier en otage. À quand une discussion transpartisane pour sauver la capitale?

À la veille des vacances de Noël, nous aurions bien glissé des cadeaux politiques sous le sapin. Mais non. Au Fédéral, le souverain a remis un jeton dans le juke-box de Bart De Wever: un nouveau tour de piste avec, cette fois, la demande royale d'une "percée décisive" pour la prochaine étape… en 2025.

Quant à Bruxelles, de tour de piste, il n'en est même pas question: pour l'heure, c'est l'impasse totale.

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À tel point que dans la capitale, on a même arrêté de jouer au valet puant. Après Groen qui a imposé la N-VA - un micro-parti à l'échelle de Bruxelles - dans un aréopage déjà plus que bondé, après le PS bombant le torse sur le pas de la porte sur un air de "j'y vais ou j'y vais pas?", après la danse du ventre auprès d'Ecolo, en lambeau et préalablement voué aux gémonies, voilà le MR flanqué de son président qui, vendredi, joue la dramatisation, cachant mal l'incapacité de son formateur en chef, David Leisterh, à débloquer la situation.

Bruxelles, faut-il le rappeler, c'est le poumon économique du pays, son rayonnement, son point d'entrée international et la résidence des institutions européennes et de l'Otan. Si Bruxelles brûle, c'est tout le pays qui s'enflamme.

Le couplet en question? Un vibrant appel aux présidents de partis nationaux francophones, à une prise de responsabilité transpartisane face au gouffre vers lequel glisse dangereusement la capitale.

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Le lyrisme y est, mais ne soyons pas dupes. La stratégie du MR reste arrimée au niveau local. Elle vise singulièrement le PS et son président de parti, Paul Magnette, accusé de laisser son lieutenant bruxellois, Ahmed Laaouej, torpiller les chances d'aboutir du MR.

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Pourtant, Bruxelles mériterait qu'on lui accorde une attention nationale. Et que ceux qui la prêchent joignent le geste à la parole.

Car on ne peut plaider, devant un parterre de Bruxellois, le redressement de leur Région, et feindre de l'ignorer au niveau fédéral. On ne peut brandir le péril économique de Bruxelles, et pousser, dans la note de l'Arizona, à des coupes claires dans Beliris, le fonds dédié à la capitale. On ne peut crier au blocage institutionnel bruxellois, tous partis confondus, et s'en désintéresser complètement un étage plus haut.

Bruxelles, faut-il le rappeler, c'est le poumon économique du pays, son rayonnement, son point d'entrée international, et la résidence des institutions européennes et de l'Otan. Si Bruxelles brûle, c'est tout le pays qui s'enflamme. Si Bruxelles bute aujourd'hui sur son architecture, c'est à l'ensemble de la classe politique de s'en émouvoir, et de lui donner les moyens de s'émanciper. Et aux Bruxellois de se retrousser les manches, ensemble, pour enfin s'attaquer aux menaces, bien réelles, qui pèsent sur leur Région.

Pour tout cela, la capitale mérite effectivement une discussion entre tous les partis. Où la volonté prévaut de tirer Bruxelles vers le haut. Où les défis transcendent les traditionnelles joutes partisanes. Bruxelles vaut bien une messe, le jeu bruxellois en vaut en tout cas la chandelle nationale.

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