Édito | France: éviter la paralysie

Responsable du service Économie/politique

La montée du Rassemblement national est moindre qu'attendue. L'heure n'est toutefois pas à baisser la garde. Premier impératif: faire tourner le pays.

Le RN comptera 143 députés dans la prochaine Assemblée nationale, contre 89 en juin 2022. Si la déferlante annoncée n'a pas eu lieu, ce résultat n'en reste pas moins préoccupant.

Passée maître dans l'art de transformer "l'ignorance en haine et la méfiance en rejet" - comme le chante fort à propos Noé Preszow -, l'extrême droite constitue toujours une menace existentielle pour nos démocraties. Minimiser son pouvoir de nuisance serait une erreur. Se féliciter béatement du succès du front républicain opposé aux ouailles de Jordan Bardella ce dimanche en serait une autre.

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Car, soyons lucides, même si la majorité absolue est hors d'atteinte, le RN progresse, encore et toujours. Depuis le choc suscité en 2002 par l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, le parti vole de succès en succès. "La marée monte. Elle n'est pas montée assez haut cette fois-ci, mais elle continue à monter et, par conséquent, notre victoire n'est que différée", prophétisait dimanche soir la figure de proue de l'extrême droite, Marine Le Pen.

L'heure n'est plus aux anathèmes et à la polarisation, mais à la recherche d'alliances. Pour reconquérir les citoyens qui se sentent oubliés, lésés, incompris.

Changer d'approche, à tout prix

Sans un sursaut, sans un changement de cap, sa prédiction se réalisera. Les électeurs français viennent d'offrir aux élus une chance de faire mentir ce scénario, la galvauder ne peut constituer une option. Pour que le résultat de ce 7 juillet reste dans l'histoire comme celui de l'apogée du RN, la classe politique française doit changer d'approche. Elle doit se livrer à un véritable exercice d'introspection, en finir avec ses luttes stériles. Dès ce lundi, il incombera à toutes les forces démocratiques de l'hémicycle de chercher la voie du compromis afin d'éviter une paralysie de l'Hexagone.

L'heure n'est plus aux anathèmes et à la polarisation, mais à la recherche d'alliances. Pour reconquérir les citoyens qui se sentent oubliés, lésés, incompris, mais aussi tous ceux qui déplorent la piètre qualité du débat politique, il faudra se montrer convaincant, engranger des résultats, mais aussi oser affronter les extrêmes sur leur terrain.

Dans l'immédiat, il faudra surtout éviter de faire plonger la France dans une crise politique. Sans quoi, on pavera déjà le chemin pour un nouveau succès des extrêmes dès 2027... ou plus tôt.

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