Il est minuit moins une!
Docteur ministre-président,
A force de crier au loup dans la rue de la Loi ou dans les quartiers plus décentralisés de la capitale, plus personne n’en a cure. Pourtant, le loup, poursuit son hécatombe. Lentement, sûrement. Comprenons-nous afin de ne pas mélanger les canidés: on parle bien de la désertion initiée par les entreprises privées dans la capitale ces dix dernières années.
Il y eut d’abord les effets conjugués de la charge fiscale, des prix locatifs et de la pénurie de nouveaux projets plombés par la complexité des procédures et la crise sur le marché du bureau. Ainsi, il n’est plus rare aujourd’hui de croiser des immeubles vides ou des projets bloqués au portillon depuis 10 ans. Et pas des coucous planqués dans un quartier industriel sinistré. Non, des tours bien situées, qui auraient dû devenir la vitrine d’un acteur privé de premier plan. Las, ni les promoteurs ni les occupants ne passent à l’acte. Le politique, moins encore: on allait voir ce qu’on allait voir avec le nouveau Projet urbain loi du grand architecte de Portzamparc. Son PUL, tricoté à l’aiguille parfine et tordue depuis dix ans, est toujours détricoté dans les antichambres du Conseil d’Etat.
Bruxelles devient une succursale régionale. On exagère le trait? On fait du Brussels bashing?
Il y a ensuite eu la vague du repli régional dopé par les effets couplés de la Sixième réforme de l’État et de la congestion croissante du trafic vers la capitale. Administrations publiques et grandes entreprises – banques et assurances en tête – ont accéléré le mouvement et décentralisé leurs services. Massivement et très pragmatiquement: les économies d’échelle ainsi réalisées en termes d’heures gagnées sur les embouteillages et de qualité de vie offerte aux employés de plus en plus rétifs à l’embouteillage quotidien sont déjà édifiantes.
Ces scénarios croisés expliquent la situation inédite confirmée aujourd’hui. Bruxelles devient une succursale régionale. On exagère le trait? On fait du Brussels bashing? Les tout derniers chiffres le renforcent, ce trait: pour la deuxième année consécutive, la prise en occupation affichée par la Flandre dépasse de 25% celle réalisée dans la capitale.
Il est moins une, ministre-président. Mais peut-être le politique préfère-t-il secrètement que Bruxelles devienne un grand village peuplé de résidences et d’hôtels où seniors et touristes qui en ont encore les moyens rempliront demain la rue de la Loi ou les avenues Louise, Colonel Bourg et Marcel Thiry.
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