Il nous faut apprendre à vivre sans Facebook

Journaliste

Personne n'est prêt pour un monde sans Facebook et ses filiales. Cela pourrait pourtant arriver plus vite que prévu.

La panne mondiale de Facebook a fait trembler le monde, mais elle est anecdotique. Un outil technologique qui connaît une défaillance technique, c’est tout simplement normal et cela arrivera encore. Les conséquences sont évidemment plus importantes lorsqu’il s’agit d’outils utilisés par trois milliards d’utilisateurs dans le monde et qui concentrent l’essentiel de nos communications numériques. Devoir envoyer des SMS pendant six heures au lieu de communiquer via WhatsApp ou être empêché de scroller sur le fil d‘actualité d’Instagram, rien de dramatique a priori si ce n’est un énième rappel de la position monopolistique de Facebook avec ses applications WhatsApp et Instagram.

Ce qui est moins anecdotique, c’est le côté symbolique de cette panne et ce qu’elle dit de l’état dans lequel se trouve l’empire Facebook. Une entreprise devenue un groupe mondial et aujourd’hui quasi un État dans l’État avec sa propre justice interne, sa monnaie en cours de création, une population, et une influence mondiale qui ne faiblit pas, que du contraire. Le modèle imaginé et mis sur pied par Mark Zuckerberg fait en sorte qu’il est reçu comme un véritable chef d’État lors de ses déplacements, qu’il se permet d’imaginer notre futur au sein d’un métavers, sorte d’univers virtuel parallèle, et qu’il voit déjà ce qu’il pourra faire dans cinq ou dix ans avec les données du plus grand échantillon de la population mondiale jamais rassemblé.

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Une autocratie qui subit une pression de plus en plus forte venant de l’extérieur, mais encore plus à l'intérieur de ses murs. Las de devoir suivre le guide suprême dans ses délires mégalomaniaques et d’avoir un impact négatif sur la vie des gens, les adolescents en particulier, les employés de Facebook commencent à se rebeller en interne. Des groupes de réflexion se créent, les lanceurs d’alerte se multiplient, les ex-employés se confient, ce qui donne lieu depuis la rentrée à une succession de révélations embarrassantes pour le groupe.

Le coup de la panne est un signe avant-coureur d’une implosion que personne n’ose anticiper pour l’instant.

Si la panne mondiale de ses réseaux hier est anecdotique, elle est symptomatique d’une structure qui se fissure de l’intérieur. La fusée Facebook surchauffe à tous les étages. Le coup de la panne est un signe avant-coureur d’une implosion que personne n’ose anticiper pour l’instant. Si se passer de Facebook et de son écosystème plus de six heures fait ainsi trembler le monde, l’impact systémique de la disparition d’un tel mastodonte technologique serait gigantesque et ses conséquences sociales et économiques sont difficilement évaluables aujourd’hui. La meilleure façon de s'en protéger, c'est d'apprendre, aujourd'hui, à vivre sans Facebook.

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