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Quelles leçons faut-il tirer de la panne des apps de Facebook?

©EPA

La panne qui a affecté les applications de Facebook aura duré plus de six heures. Cette défaillance et les répercussions qu'elle a eues ne restent pas sans questions.

Ce lundi, aux alentours de 17h20 (heure européenne), Facebook, Instagram, WhatsApp, Messenger, se sont tus. Durant plus de six heures, ces réseaux sociaux ont été touchés par une panne mondiale.

Ce mardi matin, le retour à la normale était acté, mais cette défaillance technique qui a touché plus de 3 milliards d'utilisateurs soulève des questions.

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Que s'est-il passé?

La panne a été causée par un "changement de configuration défectueux" des routeurs qui "coordonnent le trafic entre les serveurs", a expliqué Facebook, dans un communiqué. La mise à jour d'un protocole (BGB) a ainsi échoué au sein d'un serveur, mais le problème s'est répandu à tous les serveurs qui par sécurité ont dû être coupés d'internet.

La panne a été causée par un "changement de configuration défectueux" des routeurs qui "coordonnent le trafic entre les serveurs"

Facebook

Néanmoins, la concomitance de la panne avec les déclarations de Frances Haugen, ex-ingénieure chez Facebook, sur la politique de contrôle des contenus et de la désinformation, a laissé planer le doute d'un sabotage. L'hypothèse était même un temps jugée plausible par les experts en sécurité du groupe.

Par ailleurs, dans les locaux de Facebook, les badges d'accès ont temporairement cessé de fonctionner, ralentissant aussi la quête d'une solution. 

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Quel enseignement faut-il tirer de cette panne?

La première chose frappante, c'est l'émoi qu'a suscité cette panne. Régulièrement, on entend que Facebook et WhatsApp sont désuets et délaissés. Pourtant, le désarroi provoqué par leur interruption est la preuve de leur domination maintenue et de l’interconnexion des réseaux Facebook.

Le monopole de Facebook est-il le problème?

Le monopole des outils du groupe Facebook a en effet été mis en avant par cette panne. Pour Cédric Cauderlier, expert digital et fondateur de Mountainview, le problème réside dans la standardisation des technologies qui n'est pas l'apanage de Facebook.

Le géant de l'e-commerce Amazon détient, avec Amazon web services (AWS), la majorité des capacités de calcul, de stockage et d'infrastructure d'acteurs comme Facebook, Twitter, LinkedIn, mais aussi Netflix, BBC, Disney ou Adobe. Un problème chez AWS et ce sont des millions de sites qui sont affectés.

Est-il possible de diversifier les outils?

Changer de réseau pour éviter une telle dépendance reste compliqué. Primo, il y a le manque d'alternatives. En débarquant sur le marché, des WhatsApp, Uber et autres ont purement et simplement écrasé les autres acteurs.

Autre élément: le besoin de l'adhésion des utilisateurs. Si une société décide demain que le contact avec les clients ne se fera plus par WhatsApp, mais par Signal, il faut que les clients téléchargent aussi cette application.

"En Asie, le monopole de WeChat est encore plus flagrant", rappelle Cédric Cauderlier, ajoutant que c'est vers ce modèle que veut tendre WhatsApp: un modèle qui centralise les communications, les paiements, les achats en ligne, les divertissements...

À qui cette panne a-t-elle profité?

Les hashtags #InstagramDown #FacebookDown et #WhatsApp ont alors fleuri sur la toile, Twitter se prenant même au jeu en lançant: "Hello, littéralement tout le monde".

De son coté Signal, se l'est joué bon prince en espérant que les ingénieurs parviennent rapidement à réparer la panne. Il n'a toutefois pas manqué de saluer la hausse des inscriptions sur sa plateforme.

Quoi qu'il en soit, il est peu probable qu'une panne temporaire pousse à un changement définitif de la part des utilisateurs. Rappelons que 82% des Belges sont sur Facebook, contre moins de 10% sur Twitter.

Peut-on chiffrer l'impact de cette panne?

Si l'usage par les entreprises des réseaux sociaux est en nette croissance, cette panne devrait toutefois avoir un effet limité. D'abord pour la partie européenne, cette panne est survenue en fin d'après-midi et en soirée.

Instagram est certes de plus en plus sollicité comme canal de vente, mais sa proportion reste faible par rapport aux ventes de l'e-commerce. La question se posera davantage demain, si les ventes via Instagram prennent de l'ampleur.

12
millions de dollars par heure
Cédric Cauderlier estime qu'avec les 9,5 milliards de dollars gagnés chaque mois par Facebook, le manque à gagner en cas de panne s'élève à 12 millions par heure.

Cédric Cauderlier explique que "les réseaux sociaux sont principalement utilisés comme 'customer care'. La réponse d'une question posée peut donc attendre quelques heures"

Le vrai enjeu de cette panne vise davantage les recettes publicitaires de Facebook. Cédric Cauderlier estime qu'avec les 9,5 milliards de dollars gagnés chaque mois par Facebook, le manque à gagner en cas de panne s'élève à 12 millions par heure. À cela s'ajoute la chute du cours de bourse.

La tuile se traduit aussi auprès des annonceurs qui ont vu leurs performances chuter.

Cette panne marque-t-elle la limite du modèle Facebook?

Pour de nombreux observateurs, l'ampleur des conséquences de cette panne est uniquement liée à la taille de l'entreprise. Ainsi, une société comptant 3 milliards d'utilisateurs subira davantage de dégâts en temps de défaillance technique qu'une société de 10.000 utilisateurs.

Néanmoins, cette défaillance n'est à l'échelle Facebook qu'un grain de sable dans l'engrenage.

Néanmoins, cette panne peut surtout se solder par une nouvelle perte de confiance des utilisateurs dans ce réseau après le scandale de Cambridge Analytica, de la gestion des données personnelles, FacebookLeaks...

Le résumé
  • Facebook et ses applications ont été touchées ce lundi par une panne mondiale. Trois milliards d'utilisateurs se sont retrouvés déconnectés.
  • Cette défaillance soulève plusieurs questions?
  • Le monopole de Facebook est-il en cause? Les utilisateurs ont-ils des alternatives? Le modèle facebook a-t-il atteint ses limites?
  • Cette panne est vue comme un grain de sable dans l'engrenage qui a pris des proportions énormes du fait de la taille de l'entreprise.

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