L'avenir de la presse ne se joue plus dans les boîtes aux lettres
Les éditeurs francophones ont enfin signé avec bpost un accord de distribution de leurs journaux en Wallonie. Un accord à court terme qui pose à nouveau la question du futur de la presse papier.
Après leurs homologues du nord du pays, les éditeurs francophones ont donc trouvé un accord avec bpost pour distribuer leurs titres en Wallonie jusqu’à la fin de 2025. Mais ce ne sont pas les mêmes deals. Côté flamand, l’accord a été conclu avec AMP, filiale de bpost qui distribue déjà la presse dans les points de vente et dont le personnel n’est pas statutaire. D’où des coûts moins élevés. En outre, il porte, dit-on, sur dix ans. De quoi s’assurer une relative sérénité, sachant que d’ici là, l’essentiel de la presse devrait être digitalisé.
Côté francophone, les syndicats ne voulant pas d’AMP, c’est avec bpost "en direct" que les éditeurs ont signé. Et c’est un accord à court terme puisque, d’ici la mi-2025, une distribution alternative sera testée à leur demande. Objectif: obtenir de meilleures conditions tarifaires avec un distributeur privé. On peut comprendre les éditeurs qui verront le coût de leur distribution grimper de 15 à 20% avec bpost. Mais c’est un pari aléatoire, car rentabiliser pareil business dans une région moins densément peuplée et plus étendue que la Flandre semble difficile pour un privé.
Et puis, peut-on encore faire reposer à ce point son business model sur un format en déclin structurel comme le papier? La diffusion payante de la presse papier s’érode en effet année après année. C'est une tendance lourde. Toutefois, comme le relève Bernard Cools, professeur invité d'économie des médias à l'UCLouvain, "le papier, bien qu'en recul, rapporte toujours plus d'argent que le digital, tant sur le marché des lecteurs que celui des annonceurs".
C'est sans doute sur ces nouveaux relais de croissance - les réseaux sociaux et autres nouveaux médias, là où les fake news pullulent - que les éditeurs doivent désormais parier.
Capter le lectorat de demain
Dans le même temps, cet expert pointe, dans une récente étude qu’il a réalisée pour le Crisp sur "Les sources d’information des Belges", l’importance des médias gratuits et la prépondérance des écrans – et donc des réseaux sociaux - comme canaux d’information privilégiés. Pas plus tard que lundi, le Digital News Report de l’agence Reuters observait les mêmes tendances, à savoir que la vidéo devient une source toujours plus importante d'info en ligne, surtout chez les jeunes. Deux tiers des répondants regardent au moins une vidéo courte sur un sujet d'info chaque semaine. Le souci, c'est que près de trois sur quatre le font sur les plateformes et les réseaux sociaux, contre 22% sur les sites des médias.
Là est sans doute le véritable enjeu pour les éditeurs: parvenir à capter et à monétiser cette audience jeune - certes volage, mais qui constitue le lectorat de demain - plutôt que de continuer à miser sur un modèle vieillissant. Et si le but, maintes fois invoqué par les parties au dossier, est bien de contribuer au maintien de la démocratie, c'est sans doute sur ces nouveaux relais de croissance - les réseaux sociaux et autres nouveaux médias, là où les fake news pullulent - que les éditeurs doivent désormais parier.
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