L'Italie à l'heure du fascisme light
Le M5S et la Ligue s’allient pour diriger l’Italie.
Ni de droite, ni de gauche, le Mouvement 5 Étoiles (M5S), victorieux aux élections avec un tiers des voix, a conclu un accord avec la Ligue pour gouverner l’Italie. Le parti "attrape-tout" a grandi sur le terreau de la lutte contre l’austérité et la corruption, attirant à lui les déçus d’une caste politique qui s’est appliquée ces trente dernières années à transformer la chose publique en fonds de commerce.
Le M5S et la Ligue sont la réponse populiste à une classe politique devenue atone, népotiste et coupée de l’électeur.
Le M5S a longtemps caché son identité derrière le nez de clown de son fondateur, l’humoriste et blogueur Beppe Grillo aux discours emportés fleurant le fascisme. Cette coalition avec la Ligue clarifie les choses. Sa couleur "écolo vert pâle" (les 5 "E") vire "au vert de gris". Grillo, qui s’érigeait en rempart contre l’extrême droite, est devenu sa rampe de lancement.
L’arnaque est totale. Les deux partis sont l’incarnation du populisme et de l’antilibéralisme. Ils sont eurosceptiques. À l’Europe, le M5S siège avec l’Ukip de Nigel Farage et la Ligue côtoie le FN. Ils voient Moscou et la Hongrie d’Orban d’un bon œil. Ils conspuent les migrants, Grillo ayant proposé de renvoyer les candidats réfugiés par des compagnies low cost. Ils veulent aussi abaisser l’âge de la retraite.
Après la Hongrie, la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie, l’Autriche, le Royaume-Uni, c’est au tour de l’Italie, un des grands Etats de l’Union, de sombrer dans le néant politique.
La méfiance du M5S et de la Ligue envers la zone euro et son dédain pour la discipline budgétaire européenne font craindre le pire. Le taux d’intérêt de la dette publique italienne pourrait monter et la BCE rechigner à soutenir le pays. Avec un impact toxique sur les marchés.
Construits sur le bruit de fond antisystème, ils sont la réponse populiste à une classe politique devenue atone, népotiste et coupée de l’électeur. Le risque de voir de telles alliances existe partout ailleurs, y compris en Belgique.
Le monde politique devra se renouveler, attirer de nouvelles énergies, créer des nouveaux mouvements, crédibles et porteurs de projets, s’il veut se sauver. Et sauver l’Europe.
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