Le droit d'asile mérite mieux

Journaliste

Depuis plus d’un an, l’Europe s’enlise dans une crise migratoire qui met son existence à l’épreuve et vire au drame humanitaire en Grèce. Pour en sortir, la Commission Juncker a proposé mercredi une réforme de la procédure d’asile. Très attendue, la proposition laisse un goût de trop peu.

Le système actuel, dit de "Dublin", impose au candidat réfugié de demander l’asile dans le pays où il arrive. Son défaut est de faire porter la charge à la Grèce et à l’Italie, exposées aux migrations venues d’Afrique et du Proche-Orient. Pour les décharger, la Commission avait proposé de relocaliser "volontairement" les migrants dans d’autres pays. Ce fut l’échec par défaut de solidarité.

Une nouvelle fois, la Commission propose un système d’une rare complexité pour éviter d’aller à l’essentiel.

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L’exécutif européen propose désormais de les répartir "automatiquement". Dès qu’un pays est dépassé par un afflux de migrants, les demandeurs d’asile sont renvoyés vers un autre pays européen. Si un Etat ne souhaite pas participer à cet effort, il doit s’acquitte d’une "contribution" de 250.000 euros par réfugié refusé.

C’est, en langage poli et figuré, une usine à gaz. Une nouvelle fois, la Commission propose un système d’une rare complexité, pour éviter d’aller à l’essentiel: abolir Dublin et mettre en place une vraie politique européenne de migration. À sa décharge, les Etats européens, tétanisés par la montée du populisme, ne lui laissent pas le choix.

Cette plomberie improvisée fait, aussi, office de cache-misère. Elle masque deux autres décisions prises le même jour. La première prolonge de six mois le rétablissement des contrôles aux frontières de cinq pays, dont l’Allemagne et l’Autriche. L’espace Schengen, un des moteurs de l’Europe, est grippé et ça va durer. La deuxième propose la levée des visas pour les ressortissants turcs. Le dossier, bloqué de longue date, vient de connaître une accélération qui tiendrait de la magie institutionnelle si elle n’était liée à la reprise, par la Turquie, des milliers de migrants passés cette année en Grèce. S’il est louable que les citoyens turcs puissent, enfin, voyager plus facilement en Europe, il est regrettable que cela se fasse en échange d’êtres humains.

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