Mythes et réalités salariales

Qui du public ou du privé paie le mieux?

Qui a dit que la fonction publique ne payait pas bien? De 1995 à 2015, les salaires ont davantage progressé dans le public que dans le privé. C’est ce que montre une étude de l’Ires, le service d’études économiques de l’UCL.

Si la théorie du salaire différé relève du mythe, elle reste bien ancrée dans certains esprits soucieux de préserver les "acquis".

Plusieurs explications à cela. D’une part, le secteur privé a durement encaissé la récession de 2008-2009. D’autre part, ces vingt dernières années, des emplois industriels généralement bien payés ont disparu au profit d’emplois parfois moins rémunérateurs dans les services et, surtout, moins syndiqués. Le pouvoir de négociation dans les services est plus faible que dans la fonction publique ou dans l’industrie.

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Mais dire que les fonctionnaires sont mieux payés que les salariés du secteur privé, c’est un peu court. D’abord parce que l’étude de l’Ires se base sur l’évolution du salaire horaire. Il n’est pas tenu compte de rémunérations variables (bonus) ni d’avantages non salariaux pour lesquels le privé se montre plus créatif (voiture de société, chèques-repas, écochèques…).

L’étude ne tient pas compte non plus des avantages spécifiques à la fonction publique: sécurité d’emploi et pension légale très généreuse. La justification des pensions publiques élevées est historique. On compensait ainsi l’existence de salaires plus faibles. On parlait d’ailleurs de "salaire différé". Au fil du temps, ces différences salariales se sont estompées. Un universitaire qui débute sera mieux payé dans l’administration qu’en entreprise.

Si la théorie du salaire différé relève aujourd’hui du mythe, il reste malgré tout bien ancré dans certains esprits soucieux de préserver les "acquis". Tout comme l’image du secteur privé qui gâterait son personnel à grand renfort de bonus et d’avantages en nature. C’est sans doute vrai pour une petite minorité de cadres supérieurs. Pas pour la grande majorité des salariés. Si injustice il y a, ce n’est pas entre le public et le privé, mais au sein même de l’administration, où des contractuels de plus en plus nombreux ne bénéficient ni de la sécurité d’emploi ni de la pension statutaire.

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Benoit Carlier, Alexandre Faletta et François Lecocq.
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