Tout faire pour éviter une crise subprime à la belge
La BNB limite les prêts destinés à l'investissement locatif.
"La Banque nationale exhorte le secteur financier à faire preuve d’une prudence accrue dans l’octroi de prêts hypothécaires à risques." On a déjà connu mise en garde plus sévère mais on aurait tort de prendre à la légère les mesures annoncées vendredi par le gendarme du secteur financier.
Depuis des années, la BNB suit de près le marché hypothécaire. Elle sait combien l’immobilier est central dans une économie comme la nôtre. Si chacun le sent dans son budget, le régulateur le voit dans son ensemble. Combien de crises financières n’ont pas démarré sur le terrain immobilier?
Prévenir une crise coûte mille fois moins cher que recoller les morceaux après coup.
La BNB ne veut prendre aucun risque. Elle veut ramener la prudence dans un marché qui perd en qualité. Elle veut éviter que la Belgique ne plonge un jour, à son tour, dans une crise immobilière.
Y a-t-il péril en la demeure? Non, le régulateur estime qu’en moyenne maisons et appartements s’achètent 5,9% trop cher en Belgique. Ce n’est pas fracassant, difficile d’y voir une vraie bulle. Mais, d’année en année, la prise de risques semble grandir, lentement mais sûrement, du côté des emprunteurs et des banques prêteuses.
Les prix augmentent régulièrement, les montants prêtés se rapprochent de plus en plus de la valeur du bien acheté, la durée moyenne des emprunts s’allonge, les achats en vue de louer se multiplient.
On comprend les acheteurs: face à des taux d’intérêt durablement au plancher, ils ont trouvé dans l’immobilier un dérivatif réputé moins volatil que les Bourses. On comprend aussi les banques: même si la compétition fait rage, le crédit habitation demeure rentable et reste la meilleure manière d’attirer un client à soi pour longtemps.
Mais il faut aussi comprendre et accepter que le gendarme financier augmente la pression. Il a déjà tenté récemment de calmer le jeu, à deux reprises. En vain. Cette fois, il met des chiffres précis sur ses attentes, et veut que les banques (et les assureurs) puissent justifier les cas où elles ne les respectent pas.
On notera que des marges de tolérance sont prévues pour éviter que ce tour de vis ne pénalise les jeunes (ou moins jeunes) qui achètent leur premier logement.
La Banque nationale a raison de serrer la vis et elle a raison d’agir en souplesse, puisque son job est de prévenir les chocs. Les banques commerciales, elles, ont tout intérêt à respecter les nouvelles règles du jeu. L’autodiscipline n’ayant rien donné de satisfaisant, il faut bien recadrer un peu le marché. Pour une raison toute simple: prévenir une crise coûte mille fois moins cher que recoller les morceaux après coup.
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