Va-t-on résister, voire survivre au poids lourd Trump?
Dans le combat de boxe qu’il a entamé avant même de monter sur le ring, Donald Trump nous a encore envoyé quelques beaux uppercuts cette semaine. Il vise (parfois) avec justesse.
On a tremblé devant l’effritement possible du soutien américain face à la Russie. On a tremblé devant les menaces commerciales annoncées. Ces derniers jours, ce sont trois nouveaux fronts qui se sont ouverts: l’assaut de la Big Tech contre les valeurs européennes, une menace sur l’intégrité du Groenland – un territoire lié à l’Europe – et une déréglementation environnementale à marche forcée.
Trois nouveaux coups de poing, assénés dans le ventre mou de l’Europe. Car, oui, en lançant leurs assauts testostéronés, Donald Trump et ses technoligarques visent nos points faibles, avec une certaine justesse. Et les cris d’orfraie entendus çà et là ne suffiront pas, aussi justifiés soient-ils: seul un véritable sursaut évitera au corps européen, déjà dans les cordes, de se désintégrer sous les coups.
Prenons la cour délirante d’Elon Musk faite à la cheffe de l’extrême droite allemande, Alice Weidel, au mépris de l’équilibre politique érigé par nos démocraties; ou la volte-face opportuniste du patron de Meta, Mark Zuckerberg, qui abat au bulldozer ses digues anti-désinformation aux États-Unis.
Ne nous méprenons pas sur leur agenda: la Big Tech américaine a décidé d’étriller l’Europe et ses réglementations. Un assaut qui demandera une réponse puissante, calibrée et surtout unie.
Or que voit-on: de la sidération. La Commission, gardienne des réglementations, reste silencieuse, et les États membres préfèrent temporiser, voire, comme le fait l’Italie de Meloni, se positionner favorablement auprès du prochain locataire de la Maison-Blanche pour le moment où il distribuera ses droits douaniers aux uns et aux autres.
Coups de poing
La menace de Trump de s’emparer du Groenland, militairement s’il le faut, est du même acabit. Le Danemark ne veut pas se mettre à dos l’oncle Sam, gros fournisseur militaire sur l’île. Pourtant, ici aussi, une réaction coordonnée serait salutaire pour l’Europe. D’abord, parce qu’il en va de la souveraineté d’un territoire qui, bien qu’autonome, reste historiquement attaché au Vieux continent, n’en déplaise aux géographes de Washington. Ensuite, parce que cette immensité blanche regorge de matériaux critiques nécessaires à notre économie.
Les coups de poing du grand frère américain font mal, effectivement, mais visent juste. Pour y répondre, l’Europe a deux options: apprendre de ses faiblesses, ou dépérir.
Quant à la déréglementation environnementale que Donald Trump ne cesse d’appeler de ses vœux, elle a pris ces derniers jours une sérieuse accélération avec le retrait successif des grandes institutions bancaires américaines de l’alliance Net-Zero pour le climat. Ce qui coince nos seules banques entre le marteau et l’enclume: une régulation verte musclée (et nécessaire) d’un côté, et de l’autre, les difficultés de financer une transition européenne aux abois faute d’une stratégie ordonnée.
Quod nocet saepe docet, ce qui fait mal enseigne souvent. Les coups de poing du grand frère américain font mal, effectivement, mais visent juste. Pour y répondre, l’Europe a deux options: corriger ses faiblesses, ou dépérir.
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