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Un prédicateur musulman au Parlement bruxellois: que faire?

Il y a évidemment des voix pour banaliser le fait qu'un imam récite une sourate du Coran à la tribune du Parlement bruxellois. Il faut, au contraire, reconnaître l'existence de l'entrisme qui pose la question fondamentale de l'agir. Que faire?

Une vidéo montrant un imam psalmodiant le Coran au perchoir du Parlement bruxellois ne cesse de faire le tour de la toile. Au moment où la Belgique prend la présidence du Conseil de l'Union européenne, elle offre au monde une piètre image de ses institutions, abandonnant son agora parlementaire à un prédicateur d’origine pakistanaise dans la mouvance de la dawat islami (islam salafiste). Quel terrifiant spectacle!

Ce qui importe, ici, de comprendre, c’est le concours de circonstances de l’invitation de l’imam en question, Muhammad Ansar Butt (Norani), faite à l’initiative du député Hasan Koyuncu (PS), du conseiller communal à la ville de Bruxelles, Mohammad Nasir (PS) et de l’association sportive (?) «Friends of Brussels». Ce jour-là, le 13 janvier dernier, l’imam est convié au Parlement pour recevoir un trophée en signe de reconnaissance de son travail dans le domaine sportif et celui de l’entrepreneuriat (sic). Que fait-il? Il profite de cette occasion pour soumettre l’assistance à un rare moment d'islamisation de la démocratie en s’adressant à elle exclusivement en arabe (et ceux qui ne comprennent pas l’arabe?) et exclusivement aux croyants (et les non-croyants dans la salle?) pour psalmodier des versets du Coran. Comment est-ce possible?

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Une simple recherche sur internet nous permet de découvrir qui est Muhammad Ansar Butt. Un prédicateur véhément qui s’adresse à des auditoires exclusivement réservés aux hommes pour promouvoir un islam rigoriste

Une enquête doit être immédiatement ouverte pour établir la responsabilité de chacun.

Bien sûr, il y aura toujours des voix pour banaliser cette prise de parole qui n’a duré que quelques minutes sous le motif de ne pas «stigmatiser les musulmans» au risque de faire «montrer l’extrême droite». Pire encore, certains vont continuer à inventer des échappatoires pour fuir leurs responsabilités. Admettre, aujourd'hui, que notre pays fait face à un monstre organisé d'une redoutable efficacité nous renvoie, surtout, à nos propres faiblesses.

Car reconnaître l'existence de cet entrisme pose de facto la question fondamentale de l'agir. Que faire? Certes, le président du Parlement, Rachid Madrane a réagi énergiquement pour rappeler l’évidence même: le Parlement doit s’en tenir au respect de la neutralité. Cela vaut aussi pour les événements qui s’y déroulent. Il s’est engagé à inscrire explicitement ce point dans le règlement comme un impératif catégorique. Mais est-ce suffisant?

Une enquête doit être immédiatement ouverte pour établir la responsabilité de chacun. Quel lien existe-t-il entre Hasan Koyuncu, Mohammad Nasir et l’imam pakistanais? Que nous dit le manque de vigilance de l’élu socialiste de Schaerbeek, commune qui a été frappée de plein fouet par le dernier attentat terroriste du 16 octobre 2023 et qui a coûté la vie à deux ressortissants suédois? Le terroriste de l’État islamique, un tunisien de 45 ans en situation irrégulière, habitait à Schaerbeek. Au lendemain de l’attentat, des élèves d’une école de cette commune avaient demandé à un enseignant de faire une prière lui rendant hommage. En 2022, un policier avait été mortellement poignardé dans cette même commune. En 2015 et 2016, au moment des attentats terroristes de Paris et Bruxelles, certains assaillants s’y étaient réfugiés. Comment expliquer alors l’attitude des deux élus en dépit de ces événements tragiques?

Que faire face aux prédicateurs islamistes qui prêchent la haine sous le dôme généreux de notre démocratie? Que faire face à des élus qui deviennent les relais de ces derniers

Le terrorisme islamiste est le résultat d'un modelage et remodelage de cerveaux exposés à des textes coraniques appelant à la violence et à la haine contre des ennemis idéologisés, fantasmés. Tantôt des non-croyants, tantôt des juifs, tantôt des apostats, tantôt des homosexuels. Cette haine de l’Autre vient toujours avec une détestation exacerbée des femmes dont l’horizon est l'enfermement de la naissance à la mort.

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Alors oui, que faire? Que faire face aux prédicateurs islamistes qui prêchent la haine sous le dôme généreux de notre démocratie?  Que faire face à des élus qui deviennent les relais de ces derniers? Que faire face aux organisations de la société civiles qui leur servent de marchepied? Que faire face à l’ingérence étrangère d’États qui instrumentalisent les diasporas pour en faire une réserve de voix? Nous souhaitons interpeller les formations politiques à ce sujet. Que font-elles pour endiguer ces dérives et promouvoir une citoyenneté de la diversité?

Collectif Laïcité Yallah*

*Malika Akhdim (militante associative), Ava Basiri (activiste pour les droits humains en Iran), Najale Bakkali (militante associative), Djemila Benhabib (politologue et écrivaine), Soade Cherifi (enseignante), Yeter Celili (cheffe d’entreprise), Nadia Debbas (cardiologue), Hajar Khazri (puéricultrice), Kady Koita (formatrice), Kaoukab Omani (enseignante), Sam Touzani (comédien).

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