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"La Guerre des Émeus" aux Riches-Claires: et si on arrêtait de tirer sur tout ce qui bouge?

©Bartolomeo La Punzina

Jusqu’au 25 avril aux Riches-Claires, une jeune troupe pleine d’élan ressuscite un épisode absurde de l’histoire australienne pour mieux parler de notre présent. Deux parties, deux continents, une même question: comment cohabiter avec le vivant?

Il court à 50 km/h, ne vole pas et a tenu tête à l’armée australienne: l’émeu, cousin de l’autruche à l’allure préhistorique, est le héros improbable d’un fiasco militaire devenu légendaire. En 1932, excédés par les dégâts causés par ces oiseaux dans les champs de blé, les fermiers d’Australie appellent l’armée à la rescousse. Mitrailleuses contre volatiles: la «guerre des émeus» est lancée… et perdue. Les oiseaux résistent, les balles sont inutiles et le gouvernement se ridiculise. C’est absurde mais véridique, et c’est un parfait point de départ pour un spectacle.

Ce moment d’histoire, à la fois burlesque et révélateur, est aujourd’hui revisité par une bande de jeunes artistes dans «La Guerre des Émeus», une création signée Baptiste Leclere et Jérémy Lamblot. Sur scène, Mattéo Goblet, Camille Léonard, Aurélie Frennet et Siam de Muylder forment un quatuor complice. Ensemble, ils naviguent avec aisance entre narration documentée et liberté de jeu, manipulant archives, objets, cartes et sons. Entre théâtre documentaire et fiction engagée, le spectacle construit une réflexion sur notre manière de réagir – souvent violemment – face à ce qui nous échappe, surtout lorsqu’il s’agit du vivant.

LA GUERRE DES ÉMEUS, DU 9 AU 25 AVRIL 2025, AUX RICHES-CLAIRES

Un spectacle en deux temps

La première partie, fidèle aux faits, déroule cette étrange opération militaire comme une mécanique absurde. Sur scène, les interprètes racontent, expliquent, témoignent, décalent leurs points de vue. Ils deviennent tour à tour des figures politiques, des militaires, et même des émeus (!) Ils fouillent, reconstituent, incarnent. C’est précis, rythmé, vivant, et souvent très drôle. Car le théâtre se fait ici outil de recherche, mais ne perd jamais sa capacité à faire rire.

Entre théâtre documentaire et fiction engagée, le spectacle construit une réflexion sur notre manière de réagir – souvent violemment – face à ce qui nous échappe.

Puis le récit glisse, et c’est là que «La Guerre des Émeus» prend une autre ampleur. La deuxième partie s’ancre en Belgique, dans le petit village de Nidrum, où une troupe de théâtre (celle présente sur scène) se confronte à une autre espèce envahissante: les castors. Là aussi, il y a de la tension, des conflits, des incompréhensions. Et le parallèle avec l’épisode australien de 1932 saute aux yeux: qu’on soit au siècle dernier ou aujourd’hui, à l’autre bout du monde ou dans nos campagnes, face à ce qu’on considère comme nuisible, la réponse reste généralement la même – l’éradication.

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©Bartolomeo La Punzina

Changer de regard

Ce qui frappe surtout, c’est l’intelligence du propos, jamais violent. «La Guerre des Émeus» parle d’écologie sans ton moralisateur, d’histoire sans nostalgie, et de politique sans lourdeur. Elle interroge nos réflexes défensifs, nos schémas de domination, nos relations aux autres espèces – mais le fait à hauteur d’humain, avec humour, énergie, et un vrai plaisir de jeu. La pièce ne cherche pas à donner des leçons: elle ouvre des portes, amène à la réflexion et au dialogue.

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Et derrière ce théâtre jeune, affûté et curieux, on devient spectateur d’un engagement sincère pour d’autres façons de faire du théâtre – et d’habiter le monde. Sans jamais se prendre trop au sérieux, la pièce pose finalement une vraie question de fond: et si on arrêtait, pour une fois, de tirer sur tout ce qui bouge?

Théâtre

"La guerre des émeus"

Pièce en deux parties de Baptiste Leclere et Jérémy Lamblot

Avec Mattéo Goblet, Camille Leonard, Aurélie Frennet, Siam De Muylder. Et le regard chorégraphique de Marie Phan

Au théâtre des Riches-Claires

Jusqu'au 25 avril 2025, à 20h30 - Rue des Riches Claires 24, 1000 Bruxelles

Note de L'Echo:

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