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Cinémas du Sud

©Pierre Milon

Hasard de la programmation bruxelloise: films turc, méditerranéen et arménien font bon ménage cette semaine…

Ce qui est agréable, avec Europalia, c’est que ça attire les personnalités. Pour preuve, la venue à Bruxelles de la Palme d’or 2014 ("Winter Sleep"), et surtout de son auteur, Nuri Bilge Ceylan. Le Palais des Beaux-Arts nous proposera une "master class" le 6 décembre, suivie par la projection de l’un de ses films les plus emblématiques, "Les Climats".

Les climats (bande annonce)

Dans le même temps, la Cinémathèque royale programme une rétrospective complète de ses 7 longs métrages (du 6 au 26/12). L’occasion, pour le commun des mortels, de se plonger dans cet univers à la fois large et claustrophobique. Large par les horizons, mais étroit par les tourments des hommes qui habitent ces paysages. D’une grande beauté formelle et, en même temps, d’une folle vérité quotidienne, les films de Ceylan explorent, à renfort de (très) longs plans séquence, les subtilités des rapports humains. Le couple dans "Les Climats", la famille, ou plutôt le clan, dans "Winter Sleep"…

Winter Sleep (bande annonce)

Cette semaine s’ouvre le Festival du Film méditerranéen, du 4 au 11 décembre au Botanique, à Bozar et à l’Aventure.

Une des spécificités de Ceylan est d’avoir remporté, à chaque nouveau film, un prix au festival de Cannes. En 2003, pour "Uzak" ("Lointain"), il remporte à la fois le Grand Prix du jury et le Prix d’interprétation masculine pour ses comédiens. Pourtant, comme le souligne la presse internationale, "le film ne raconte rien". Ceylan se place résolument du côté de la contemplation, mais avec une pointe d’humour pour le choix des situations. Et toujours cette charge d’authenticité. En 2008 il remporte le Prix de la mise en scène pour "Les trois singes". Et en 2011, "Il était une fois en Anatolie", peut-être son meilleur film, lui vaut le Grand Prix. Là, il s’essaie au drame, mais teinté de thriller, pour nous conter les errances d’un meurtrier qui va guider la police à travers le pays, vers le corps de sa victime…

Il était une fois en Anatolie (bande annonce)

Pour compléter ce tableau, la Cinémathèque ressort du placard l’autre Palme d’or turque: "Yol", de Yilmaz Güney (1982). Ce film est resté dans les mémoires, non seulement grâce à son prix, mais aussi par les conditions atypiques qui présidèrent à son tournage: le réalisateur était en prison. Et c’est sur ses notes écrites, assorties d’un découpage détaillé, que son assistant tourna cette histoire de 5 prisonniers de droit commun kurdes, qui profitent d’une permission pour rejoindre ceux qu’ils aiment. La permission que Yilmaz Güney n’attendit pas, puisqu’il s’évada, avant de rejoindre la France. Là, il put monter son film, dont on lui envoya secrètement les rushes… Deux ans plus tard, à 47 ans, Güney mourut du cancer. Mais libre, et en laissant des romans et des films, dont l’inoubliable "Yol".

Yol (bande annonce)

Arménie, Turquie

©Pierre Milon

Cette semaine également s’ouvre le Festival du Film méditerranéen (du 4 au 11 décembre au Botanique, à Bozar et à l’Aventure). Pour sa quinzième édition, l’événement fait notamment la part belle à l’Arménie, avec la diffusion du dernier film de Robert Guédiguian: "Une histoire de fou". Nous sommes dans les années 80, en France. Un jeune sympathisant arménien fait éclater une bombe devant l’ambassade de Turquie. Un blessé grave: le cycliste qui passait par-là. Une femme entre dans sa chambre d’hôpital, elle est venue demander pardon au nom du peuple arménien. L’homme qui a posé la bombe, elle le connaît, il a rejoint un réseau de lutte, à Beyrouth. C’est son fils… Inspiré par une histoire vraie, le film explore les tenants et aboutissants du génocide, et de la lutte. Mais le festival nous réserve également d’autres surprises, grâce à une sélection très riche: "Mustang", le film turc acclamé à Cannes (et dans nos colonnes), "Madame Courage", le dernier Merzak Allouache ("Le repenti"), ou "À peine j’ouvre les yeux", récompensé à Namur par le Bayard de la Meilleure Première Œuvre, et qui nous propose une plongée dans le rock tunisien prérévolution de jasmin.

À peine j'ouvre les yeux (bande annonce)

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