Guerre en Ukraine: la Russie envoie les meilleures unités de Wagner à Bakhmout

La ville de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, est quasi complètement détruite. Les forces russes tentent de s'en emparer depuis cet été, sans succès jusqu'ici. Elles grignotent quelques localités, avancent quartier par quartier, coupent des routes importantes pour le ravitaillement ukrainien, mais n'ont pas encore réussi à l'encercler. À l'ouest de Bakhmout, les hommes de Kiev résistent encore, dans des conditions très compliquées à cause de la neige et la boue.

Ce mardi, le commandant des forces terrestres ukrainiennes s'est montré alarmiste. "La situation aux alentours de Bakhmout est extrêmement tendue, selon Oleksandre Syrsky. L'ennemi a envoyé à l'attaque les unités les mieux préparées de Wagner qui tentent de percer la défense de nos troupes et d'encercler la ville." La veille, le président ukrainien avait reconnu que cela devenait "de plus en plus compliqué" dans cette zone.

Des bombardements quasi incessants

Les combats autour de Bakhmout sont très violents et coûteux en vies humaines. Se joue là une guerre de tranchées, où l'artillerie a un rôle très important; les bombardements sont quasi incessants, sur les immeubles de la ville et sur les positions ukrainiennes.

Le patron du groupe Wagner, qui combat en première ligne pour la Russie à Bakhmout, a récemment affirmé que la ville ne tomberait pas avant "mars ou avril". Il s'emportait contre le manque de munitions apportées par Moscou à ses hommes. Mais en fin de semaine dernière, un convoi de munitions lui a été envoyé.

À la mi-février, les autorités ukrainiennes avaient appelé les habitants restant sur place à fuir. Avant la guerre, Bakhmout en comptait quelque 70.000. Ils n'étaient plus que 6.000 au moment de l'appel à fuir.

Pourquoi les Russes veulent Bakhmout?

Les Russes courent toujours derrière une grande victoire. Depuis qu'ils ont perdu Kharkiv et Kherson, ils n'ont pu brandir que la prise de Soledar, en janvier.

Empêtré dans cette guerre qu'il avait crue éclair, le Kremlin, faute d'avoir atteint ses objectifs premiers, voudrait à tout le moins contrôler le Donbass, soit les oblasts de Lougansk et Donetsk. La ville de Bakhmout, dans la région de Donetsk, est la porte d'entrée principale vers deux villes importantes, Sloviansk et Kramatorsk.

Pourquoi les Ukrainiens s'accrochent-ils à la défense de Bakhmout?

Ces combats mobilisent beaucoup d'hommes et permettent aux Ukrainiens de fixer une partie des troupes russes et de leur matériel. Moscou emploie là des moyens considérables, qui ne peuvent donc s'impliquer sur d'autres fronts, où les Ukrainiens tentent de reprendre le terrain perdu.

Mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déjà prévenu que son armée ne défendrait pas Bakhmout "à n'importe quel prix".

Qu'impliquerait la perte de Bakhmout?

En cas de prise de la ville, Moscou utiliserait vraisemblablement cette avancée pour nourrir symboliquement sa propagande.

Mais le gain territorial ne pourrait s'avérer que faible. Les Russes occuperaient une ville détruite. Si Bakhmout constitue un nœud de communication, les unités ukrainiennes ont déjà renforcé leur ligne de défense derrière cette ville, afin de ne pas transformer une éventuelle prise en victoire stratégique pour Poutine.

Enfin, un encerclement russe pourrait n'être qu'une victoire à la Pyrrhus, tant les combats à Bakhmout sont très coûteux, notamment pour le groupe Wagner. Les pertes sont sans doute moindres du côté ukrainien, où l'on tente manifestement d'épargner un maximum de vies, alors que Wagner fait peu de cas de troupes alimentées entre autres par des hommes recrutés en prison.