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analyse

Comment rentrer de Syrie sans se faire pincer…

©AFP

Les frontières de l’UE en Grèce, en Roumanie et en Bulgarie sont poreuses. Et il ne faut pas oublier qu’en démocratie, un individu dangereux, mais qui n’a rien fait, peut circuler librement.

En démocratie, un individu dangereux peut circuler librement tant qu’il n’a rien fait.

Parmi les kamikazes de vendredi, plusieurs avaient effectué des séjours en Syrie et étaient connus des services de renseignements. Dès lors se pose la question: comment font-ils pour rentrer de Syrie sans se faire repérer et commettre leurs méfaits? Comment parviennent-ils à se déplacer aussi facilement à l’intérieur de l’Europe? Comment font-ils pour passer ainsi sous le radar?

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Spécialiste des questions de terrorisme, Claude Moniquet rappelle que dans l’espace Schengen, aucun contrôle n’est effectué. Pour ce qui est des frontières extérieures de l’espace Schengen, il faut faire une distinction. Les détenteurs de passeport européen ne font pas l’objet de contrôles systématiques. Au contraire des personnes qui n’ont pas de passeport européen et qui, elles, sont systématiquement contrôlées.

La route des Balkans

Sur le terrain, ces contrôles peuvent être plus ou moins efficaces, selon les endroits. "En ce qui concerne la Grèce, la Bulgarie et la Roumanie, on ne peut pas dire qu’il s’agit des frontières les mieux gardées d’Europe", indique Claude Moniquet.

La Bulgarie apparaît en effet régulièrement sur l’itinéraire d’apprentis djihadistes tentant de rejoindre la Syrie par la route, une voie censée être moins repérable que le trajet en avion. Mais depuis les attentats de Paris, les autorités bulgares ont décidé de réagir: depuis lundi, des dizaines de kilomètres de bouchons se sont formés à la frontière bulgaro-turque, où des contrôles rigoureux sont effectués.

Thomas Renard, chercheur à l’Institut Egmont (un think tank associé aux Affaires étrangères), pointe pour sa part la coopération insuffisante entre services de renseignements en Europe. "Nous sommes encore loin du niveau de coopération nécessaire pour s’approcher du risque zéro. Il y aura encore des scénarios où on devra constater que si on avait mieux partagé les informations disponibles, on aurait pu éviter certaines catastrophes."

Résidence surveillée

Un autre élément de réponse, c’est tout simplement que nous vivons en démocratie. Un individu dangereux peut circuler librement tant qu’il n’a rien fait.

Ce qui pose la question de la surveillance des combattants revenus de Syrie et des individus fichés. Deux pistes sont régulièrement évoquées: le bracelet électronique et l’assignation à résidence. Thomas Renard se dit favorable à la première, tandis que Claude Moniquet appuie la seconde.

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"Les services belges travaillent plutôt bien. Comme tout le monde, ils font parfois des erreurs. Peut-être ces critiques expriment-elles certaines rancœurs…"

S’appuyant sur l’état d’urgence, la France a mis des dizaines de personnes en résidence surveillée. Les autorités françaises se disent même prêtes à aller plus loin en ayant recours à l’internement administratif. "Si je suis favorable à des mesures dures, c’est parce qu’il y aura d’autres attentats. Alors soit on fait ce qu’il faut, soit on ne le fait pas et on en assume les conséquences", insiste Claude Moniquet. Mais il doute que l’internement préventif puisse être mis en œuvre chez nous. "En Belgique, on se veut pragmatique, on est gentil et il règne une certaine méfiance vis-à-vis de l’État. Il n’est pas sûr que l’on puisse réunir une majorité pour faire voter un tel dispositif. Sauf si des événements dramatiques devaient se produire sur notre territoire."

A la frontière franco-belge.
A la frontière franco-belge. ©BELGA

Thomas Renard, lui, juge l’internement "inefficace et contreproductif". "Certains se rendent compte qu’ils se sont trompés en partant faire le djihad. Sachant que les prisons belges sont un lieu de radicalisation, un internement préventif risque de les faire rechuter. Ceux qui rentrent doivent éventuellement être jugés pour ce qu’ils auraient fait en Syrie. Les autres doivent êtres suivis. Pourquoi pas avec un bracelet électronique?"

Critiques excessives

Quant à savoir si les services belges de sécurité ne sont "pas à niveau", comme certains en France ont pu affirmer, Claude Moniquet invite à la nuance. "Cette critique est excessive. Les services belges travaillent plutôt bien. Comme tout le monde, ils font parfois des erreurs. Peut-être ces critiques expriment-elles certaines rancœurs…"

Par contre, il admet que Molenbeek constitue "une spécificité belge", au même titre que Toulouse, Montauban et la région lilloise en France, ou le fameux "Londonistan" dans les années nonante.

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