L'emploi recule en Belgique, une première depuis le covid
Si l’industrie est la branche d’activité la plus touchée par les pertes d’emplois, la construction, l’horeca et le commerce de détail traversent également une passe difficile.
Les créations d’emplois sont à l’arrêt. L’emploi total au deuxième trimestre en Belgique était inférieur par rapport au premier trimestre, une première depuis 2020 et la pandémie. C’est ce qui ressort des derniers chiffres de la Banque nationale en matière d’emploi. Les données pour le troisième trimestre ne sont pas encore disponibles.
Restructurations
Cela faisait un certain temps déjà que les créations d’emplois connaissaient une phase de ralentissement. Pour le deuxième trimestre 2024, il est question d’une contraction globale de 200 emplois. Depuis 2010, on n'a eu que six trimestres de baisse de l’emploi: deux fois en 2012 et en 2013, ainsi que les deux premiers trimestres de 2020.
Au niveau sectoriel, l'industrie est la branche d’activité la plus touchée. Au deuxième trimestre, on dénombre 3.500 emplois en moins que trois mois auparavant. À un an d’écart, les pertes d’emplois industriels atteignent 10.000 unités (chiffre net). La faillite du constructeur de bus Van Hool pèse lourd dans la balance, mais ce n’est pas seule explication.
Depuis le début de l’année, on a assisté à une véritable vague de restructurations. Ce fut le cas au printemps chez Ontex et Beaulieu. En été, on a eu des annonces similaires chez Audi Forest et Janssen Pharmaceutica à Beerse.
Les dernières données disponibles au SPF Emploi et Concertation sociale montrent que de janvier à septembre, 68 entreprises ont lancé une procédure de licenciement collectif, impactant au passage 8.578 emplois.
On note en revanche une augmentation de l’emploi public, en ce compris l’enseignement et la défense.
Pas seulement l’industrie
Parallèlement, les faillites atteignent également des sommets. En Flandre surtout, on tutoie les records. Les pertes d’emplois pour cause de faillite s’élèvent à 26.800 unités depuis le début de l’année en Belgique. C’est un quart de plus que la moyenne enregistrée sur la période 2014-2023.
Le commerce de détail enregistre les plus hauts chiffres depuis dix ans. Les grandes enseignes ne sont pas épargnées, comme l’illustrent les cas d’Esprit, Carpet Right, Bristol et Game Mania. Mercredi dernier, c’est Casa qui annonçait de mauvaises nouvelles, tandis que Cassis & Paprika ont tenté fin octobre de sauver ce qui pouvait l’être en annonçant la fermeture de 42 magasins.
Au cours de la première moitié de l’année, l’emploi a baissé dans la construction, le commerce et l’horeca. Dans l’agriculture et la pêche également, l’emploi s’est contracté. On note en revanche une augmentation de l’emploi public, en ce compris l’enseignement et la défense. La question est de savoir si cette augmentation est tenable sur le plus long terme. Dans son rapport annuel 2023, la Banque nationale mettait en garde contre l’impact de la forte hausse des dépenses de personnel sur les dépenses publiques totales.
"Beaucoup d’entreprises, certainement dans l’industrie, se montrent très prudentes en matière d’embauche."
Moins de pénuries de main-d’œuvre
Ces chiffres négatifs concernant l’emploi font suite à plusieurs mois de faible croissance économique. Tant au deuxième qu’au troisième trimestre, la croissance de l’économie belge n’a presque pas progressé. Un constat qui est à mettre en rapport avec les difficultés que traverse l’économie allemande et qui, aujourd’hui, se traduit par des pertes d’emplois.
"Beaucoup d’entreprises, certainement dans l’industrie, se montrent très prudentes en matière d’embauche", indique Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING. "Les dernières enquêtes font état d’une diminution des intentions d’embauche au mois d’octobre, sous la moyenne historique, tant en Belgique qu’ailleurs en Europe."
Cette faiblesse du marché de l’emploi devrait avoir un impact (légèrement) positif sur les pénuries de main-d’œuvre. "Les indicateurs qui font état de problèmes de production en raison du manque de main-d’œuvre semblent moins aigus", confirme Peter Vanden Houte. Les pénuries sont devenues davantage structurelles, suite notamment au vieillissement de la population.
- L’emploi total au deuxième trimestre en Belgique était inférieur par rapport au premier trimestre, une première depuis 2020 et la pandémie.
- L’industrie est la branche d’activité la plus touchée, avec 3.500 pertes d’emplois en trois mois.
- Les faillites atteignent également des sommets.
- On note en revanche une augmentation de l’emploi public. À voir si cette augmentation est tenable.
Les dernières infos et tendances sur l'évolution du marché de l'emploi en Belgique: taux de chômage, taux d'emploi, indexation des salaires, emploi des jeunes, insertion sur le marché du travail... Et un décryptage des politiques de l'emploi en Wallonie et à Bruxelles.
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