Élections 2024: Bart De Wever et la N-VA remportent le scrutin en Flandre
La N-VA a démenti les sondages et distance nettement le Vlaams Belang dans le match pour le titre de premier parti de Flandre. Bart De Wever sera à la manoeuvre pour la formation future.
Avec presque l'entièreté des bulletins dépouillés en Flandre, la N-VA décroche une victoire assez nette. Les troupes de Bart De Wever devraient remporter 24,1% des voix. Le Vlaams Belang, qui n’avait pas caché son ambition de devenir le premier parti de Flandre, resterait à 22,8%. Les sondages le donnaient pourtant régulièrement entre 25 et 30%.
A Anvers, bastion historique du Vlaams Belang, le parti est même arrivé en troisième position, derrière la N-VA et le PVDA (PTB).
"Bart De Wever a mis le Belang en difficulté sur les grands thèmes socio-économiques : emploi, budget, financement des retraites."
C’est une réelle surprise, selon Carl Devos, professeur à l’Université de Gand, s’exprimant sur le plateau de la VRT. "Le Vlaams Belang a raté son objectif de devenir le premier parti de Flandre. Bart De Wever a mis le Belang en difficulté sur les grands thèmes socio-économiques: emploi, budget, financement des retraites. Le débat sur les questions de genre dans la dernière ligne droite de la campagne a terminé de plomber les ambitions de Tom Van Grieken."
Dans son discours de victoire, Bart De Wever a déclaré: "La Flandre a plus que jamais voté pour l’autonomie. Il faudra tenir compte du choix des Flamands."
Ce à quoi Tom Van Grieken lui a répondu: "Pour la première fois, une majorité V (V de la Flandre, NDLR) est possible au Parlement flamand. J’appelle la N-VA à ne pas rater cette opportunité historique."
Vooruit en progrès
Derrière les deux principaux partis de Flandre, on retrouve les socialistes de Vooruit, avec 13,7% (+3,6% par rapport à 2019), juste devant le CD&V, avec 13,1% (-2,3%). Conner Rousseau, l’ancien président de Vooruit qui avait dû démissionner suite à des propos xénophobes et sexistes lors d’une soirée arrosée, réalise un plus gros score que la tête de liste Freya Van den Bossche au niveau des voix de préférence.
L’ancien Premier ministre et éminence grise du CD&V Yves Leterme s'est montré plutôt sévère à l’égard du parti qu’il avait mené vers des sommets historiques en 2004 et 2007. "N-VA et Vooruit gagnent les élections. L’actuelle génération aux commandes du CD&V doit réfléchir sur l’opportunité de gouverner ou de choisir au contraire une cure d’opposition", a-t-il déclaré sur le plateau de la VRT.
Le PVDA enregistre un score de 8,3%, soit une progression de 3%, même si ces chiffres sont moins spectaculaires que ceux du PTB en Wallonie.
De Croo assume
Le grand perdant de ce scrutin est l’Open Vld du Premier ministre Alexander De Croo, avec 8,2% seulement des voix (-4,9% par rapport à 2019). "J’étais la figure de proue de cette campagne et j’assume pleinement la responsabilité de cette défaite", a déclaré le Premier ministre sortant, visiblement très pris par l'émotion.
"Le signal de l’électeur était clair. Nous devrons faire une analyse approfondie de cet échec. Il nous faudra du temps pour nous rétablir et reconstruire", a-t-il poursuivi. "Nous sommes combatifs et résilients et nous reviendrons plus forts que jamais", a-t-il promis. Dans l'immédiat, le président de l'Open Vld Tom Ongena a annoncé sa démission.
Chez Groen également, le bilan n’est pas très bon, avec 7,1% (-3%), même si la crainte de passer sous le seuil électoral de 5% ne s’est finalement pas matérialisée.
Quelle coalition à la Région?
Compte tenu de cette arithmétique provisoire, quelle pourrait être la future majorité régionale en Flandre? Bart De Wever se veut prudent: "Pour ma part, ça peut aller très vite. Mais la politique n’est jamais quelque chose de simple. Ce serait tentant d’indiquer dès à présent la direction à prendre mais ce serait aussi la meilleure façon de provoquer un blocage."
"Avec Vooruit et le CD&V, De Wever pourrait monter une coalition centriste qui trancherait avec la ‘suédoise’ qui était arrivée en bout de course."
Carl Devos a déjà sa petite idée: "Bart De Wever sera à la manœuvre pour mener la formation. Une majorité avec N-VA et Vlaams Belang au gouvernement flamand, ce serait beaucoup trop juste et surtout, De Wever n'en veut pas. Avec Vooruit et le CD&V, il pourrait monter une coalition centriste qui trancherait avec la ‘suédoise’ qui était vraiment arrivée en bout de course, après dix années au gouvernement flamand. La Flandre a besoin d’un nouveau départ."
Cette combinaison jaune (N-VA), orange (CD&V) et rouge (Vooruit) a déjà reçu comme nom de baptême par certains journalistes "Raketijsje", référence à la glace à l’eau aux mêmes couleurs. Dans une telle configuration, l’opposition serait très forte, avec à gauche le PVDA et Groen et à droite le Vlaams Belang.
Et l'Open Vld? Compte tenu de l’ampleur de la déconfiture, ils ne seront pas les premiers conviés pour rejoindre le gouvernement flamand. Mais s’ils devaient s'avérer nécessaires pour former une majorité fédérale, ils pourraient monnayer cela contre une participation au niveau flamand.
Les plus lus
- 1 Durant des années, Didier Reynders a dépassé la limite de dépôts en cash à la Loterie
- 2 Le gouvernement fédéral ne prévoit pas de budget pour l’aide militaire à l’Ukraine à partir du 1er janvier
- 3 Le gouvernement wallon face à une facture de 523 millions d'euros liée aux aides énergie
- 4 Didier Reynders perquisitionné et auditionné
- 5 Corée du Sud: le président lève la loi martiale tout juste décrétée