Google a mis la main sur un des derniers grands terrains de Wallonie
Malgré ses nombreuses friches industrielles et sa réserve de 300 hectares, la Wallonie ne dispose plus de grands terrains viabilisés pour les entreprises.
L’achat par le géant américain Google d’un terrain de plus de 50 hectares dans la région de Charleroi remet à l’avant-plan la problématique des espaces disponibles pour attirer les investisseurs en Wallonie. D’une certaine manière, par son opération, Google a mis la main sur l’un des derniers grands terrains viabilisés pour les entreprises dans le sud du pays.
La problématique n’est pas neuve. Des acteurs comme l’Awex, l’UWE ou même le ministre en charge de l’Économie tirent régulièrement la sonnette d’alarme. De quoi casser les idées préconçues...
À l’inverse de la Flandre qui se retrouve de plus en plus à l’étroit et ne possède plus énormément de terrains disponibles pour accueillir les entreprises, la Wallonie jouit pourtant de larges espaces vierges. Elle peut aussi compter sur plus de 280 parcs d’activité économique. Cette photographie cache pourtant une tout autre réalité. "C’est une catastrophe", s’inquiète un acteur liégeois qui explique que le taux d’occupation sur les 66 zones d’activités de la province est de 93%. "Il y a un vrai problème", poursuit-il. Le ton est sensiblement le même du côté de Charleroi où l'on explique que le terrain acquis par Google était la dernière grande surface disponible. "Hormis l’ancien site de Caterpillar sur lequel un projet est à l’étude, il n’y a plus de grands terrains de 50 hectares", explique-t-on à Igretec.
"Hormis l’ancien site de Caterpillar sur lequel un projet est à l’étude, il n’y a plus de grands terrains de 50 hectares."
Taux d'occupation de 86%
Dans les zonings économiques, le taux d’occupation oscille ainsi autour des 86%, pointe le cabinet du ministre Borsus, en charge de l’Économie. Et le déménagement probable d’une vingtaine d’entreprises à la suite des inondations ne va pas améliorer la situation en mobilisant entre 100 et 150 hectares rapidement. Certaines zones sont ainsi sous tension. Les parcs d’activités du Bep en province de Namur sont remplis à 90,4%. Le taux est de 92,5% sur le territoire de l’invest Ideta et de 92,5% pour la Spi. "Depuis dix ans, Spi rivalise d’ingéniosité pour gérer le territoire avec parcimonie et veiller à la ressource foncière", explique Pierre Castelain, responsable de la communication à la Spi. "Comment? En procédant au rachat de terrains dans nos propres parcs, une démarche volontariste qui y a permis de recréer 50 hectares de terrains. Parallèlement, nous agissons via le recyclage du territoire à travers la réhabilitation de friches avec des projets ambitieux, mais complexes comme le Val-Benoit ou les Acec. Malgré tous ces efforts, force est de constater aujourd’hui que c’est insuffisant. Toutes les demandes ne peuvent être honorées. De nombreux acteurs économiques souhaitent s’implanter dans des parcs classiques dont nous devons continuer d’assurer le développement."
"Toutes les demandes ne peuvent être honorées. De nombreux acteurs économiques souhaitent s’implanter dans des parcs classiques dont nous devons continuer d’assurer le développement."
Il faut évidemment tenter de relativiser la situation. D’abord parce qu’une demande comme celle faite par Google pour une parcelle de 50 hectares est quelques chose de peu fréquent. "Mais quand elle arrive, la Wallonie a du mal à y répondre", explique cette personne qui évoque le cas récent d’un constructeur automobile européen qui cherchait un terrain de grande taille pour construire une usine de batteries. "Quand l’Awex sollicite les invests afin de connaître les disponibilités pour des terrains de 50 hectares, à Liège, on ne sait pas répondre", regrette un autre interlocuteur.
Toutes les régions ne sont heureusement pas logées à la même enseigne et certaines zones comme celle gérée par Idea, du côté de Mons, disposent d’un stock de parcelles dont quelques terrains de 20 hectares. "Nous avons encore des terrains d’un seul tenant qui font plus de 20 hectares pour accueillir des logisticiens ou des entreprises actives dans la chimie", explique Emilie Zimbili, responsable de la communication d’Idea.
D’après les chiffres transmis par le cabinet du ministre de l’Économie, la Wallonie disposait d'un stock de 300 hectares de terrains viabilisés à la fin 2019. Si les choses ont évolué à certains endroits, avec, par exemple, l’inauguration du site de Sartel à Oupeye ou de Crealys à l’entrée de Namur, la situation reste tendue en Brabant wallon ou à Liège. "La logique est de placer les bonnes entreprises à la bonne place. On ne va pas implanter une salle blanche en centre-ville", estime un acteur qui veut malgré tout démystifier le mythe des grands terrains. "98% de nos demandes proviennent de PME."
Le retard paralysant du SDT
Dans ce contexte, les retards au niveau de l’entrée en vigueur du schéma wallon de développement du territoire (SDT) n’arrangent rien. "Le SDT doit mettre 200 hectares par an à disposition des entreprises et créer une réserve stratégique de 400 à 600 hectares au niveau régional afin de disposer de grandes parcelles. Nous attendons toujours une date pour sa mise en œuvre", regrette Olivier De Wasseige, l’administrateur délégué de l’UWE. "Il faut une stratégie de long terme et poursuivre l’équipement des terrains."
Enfin, du côté des bonnes nouvelles, des terrains, comme ceux de Carsid et Chertal, viendront soulager le marché. La réhabilitation de ces anciennes friches industrielles prendra malheureusement beaucoup de temps!
- Malgré son stock de 300 hectares de terrains pour accueillir les entreprises, la Wallonie manque de grandes surfaces.
- Le géant Google a ainsi mis la main sur une des dernières grandes parcelles de 50 hectares.
- Un schéma de développement territorial prévoit l'instauration d'une réserve stratégique de 400 à 600 hectares, mais sont entrée en vigueur se fait attendre.
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