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L'Europe durcit le ton du confinement, les tensions s'embrasent contre les restrictions

Des manifestations ont eu lieu ce week-end à Barcelone contre la fermeture des bars et des salles de sport. ©EPA

Frappés de plein fouet par la deuxième vague de l'épidémie de coronavirus, plusieurs pays européens imposent de nouvelles mesures, parfois contestées par la population lors de violentes manifestations.

À ce jour, au moins 1.201.927 morts, pour 46.632.558 cas, ont été déclarés dans le monde, selon les chiffres de l'Université Johns Hopkins. Si près d'un décès sur cinq a eu lieu aux États-Unis, pays le plus endeuillé au monde avec 231.003 morts pour 9.209.165 contaminations, l'Europe est la région où la pandémie progresse le plus vite actuellement.

L'Italie divisée en trois zones, le couvre-feu imposé

Un argument invoqué par les gouvernements européens pour imposer de nouvelles mesures souvent impopulaires: ainsi, les tensions pourraient encore augmenter cette semaine dans la péninsule italienne. Le gouvernement de Giuseppe Conte vient en effet d'annoncer de nouvelles mesures, avec un couvre-feu nocturne et des restrictions de voyage vers des régions désormais classées en fonction de leur risque sanitaire, car il juge que "la situation est grave" en Italie.

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"Restons unis dans ce moment dramatique", a appelé lundi à la mi-journée Giuseppe Conte. "La priorité est la défense de la santé", a-t-il commenté tout en se déclarant parfaitement conscient de "la colère des citoyens". Le président du Conseil a déclaré que l'évolution de l'épidémie était "très préoccupante" et que les services de réanimation de 15 des 20 régions du pays seraient débordés d'ici un mois sans nouvelles mesures. Il a annoncé que l'Italie allait être divisée en trois zones en fonction de leur situation sanitaire. Les entrées et sorties des régions les plus touchées vont être limitées aux motifs professionnels, universitaires, sanitaires ou de première nécessité. Au plan national, un couvre-feu nocturne va être imposé – quelques régions l'appliquent déjà – et le gouvernement pourra décider la fermeture des centres commerciaux le week-end.

Un pari risqué après les affrontements ayant opposé samedi à Rome la police à des manifestants en colère contre les restrictions imposées pour tenter d'enrayer l'épidémie. Ce lundi, des rassemblements avaient encore lieu dans le pays en réponse aux nouvelles annonces.

Les propriétaires de restaurants, de bars et de diverses activités touchés par les mesures visant à contenir la pandémie se rassemblent pour protester sur la "Piazza del Popolo", à Rome, ce lundi
Les propriétaires de restaurants, de bars et de diverses activités touchés par les mesures visant à contenir la pandémie se rassemblent pour protester sur la "Piazza del Popolo", à Rome, ce lundi ©EPA

Des nouvelles restrictions qui provoquent aussi de très vives tensions en Espagne. La police a ainsi interpellé dans la nuit de samedi à dimanche des dizaines de personnes protestant contre les restrictions, au cours d'affrontements dans plusieurs villes, notamment à Madrid et Barcelone. Dans la capitale, de nombreux manifestants scandant "Liberté!" ont mis le feu à des bennes à ordures et érigé des barricades de fortune sur la Gran Via, la principale artère du centre de la ville. Les manifestants dénonçaient le couvre-feu nocturne imposé la semaine dernière et le bouclage décrété par la quasi totalité des régions espagnoles.

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Des affrontements entre la police et des manifestants à Barcelone
Des affrontements entre la police et des manifestants à Barcelone ©REUTERS

L'Allemagne reconfine, également dans la souffrance

En Allemagne, on mise par contre sur un confinement légèrement moins strict. Ce sont ici les secteurs de la gastronomie, de la culture et des loisirs qui sont fermés à partir de ce lundi. Les nouvelles restrictions, qui dureront jusqu'à la fin du mois de novembre, limiteront également à 10 personnes issues de deux foyers les participants à des réunions privées. Tous comme les bars, cafés et restaurants, les piscines et autres installations sportives seront fermées tandis que les compétitions professionnelles retrouveront le huis clos. Les écoles et les commerces seront toutefois autorisés à rester ouverts.

Des restrictions plus légères que dans d'autres pays d'Europe, mais qui ont également mécontenté une certaine partie de la population. Près de 1.900 manifestants se sont ainsi réunis dimanche à Munich pour protester contre le confinement décrété dans le pays. Au total, des milliers de personnes ont protesté à travers l'Allemagne durant le weekend, en prévision des nouvelles mesures annoncées ce lundi.

Manifestation à Munich également.
Manifestation à Munich également. ©Karl-Josef Hildenbrand/dpa

Face à une "sévère aggravation de la situation", Genève a pour sa part annoncé qu'elle irait au-delà des restrictions nationales imposées en Suisse et fermerait dès lundi soir les bars, les restaurants et les commerces non essentiels. Le port du masque sera également obligatoire sur toutes les remontées mécaniques des montagnes suisses tout l'hiver.

Le nombre de nouvelles contaminations diminue aux Pays-Bas

Les Pays-Bas ont eux enregistré, entre dimanche matin et lundi matin, 8.306 nouveaux cas de coronavirus, a indiqué l'Institut national de santé publique et de l'environnement (RIVM). Ce nombre laisse espérer un aplatissement de la courbe des infections, alors que le nombre de nouvelles contaminations dépassait encore les 8.700 la veille, les 9.800 samedi et les 11.000 cas vendredi.

Les Pays-Bas ont réinstauré un confinement partiel à la mi-octobre, imposant une fermeture aux établissements horeca et annulant la plupart des évènements à venir.
Au cours des sept derniers jours, près de 67.000 personnes ont été testées positives au coronavirus. Au total, environ 368.000 cas ont été détectés aux Pays-Bas depuis l'apparition du virus en février.

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, en réunion de crise.
Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, en réunion de crise. ©AFP

La France anticipe plusieurs vagues successives

En France, le Conseil scientifique qui guide le gouvernement a estimé que la deuxième vague de l'épidémie de Covid-19 que l'Europe combat actuellement n'est sans doute pas la dernière, et que l'on peut craindre "plusieurs vagues successives durant la fin de l'hiver". Quelque 46.290 nouveaux cas ont été enregistrés dimanche – soit environ 10.000 de plus que la veille – en France, entrée en confinement vendredi.

Dans ce contexte anxiogène, le Premier ministre Jean Castex a exhorté les Français au respect du confinement, "indispensable" pour en sortir au plus vite. Et pour calmer la fronde des petits commerçants, qui protestent contre ce reconfinement à quelques semaines de la période cruciale de Noël, il a annoncé la fermeture des rayons non essentiels dans les grandes surfaces par mesure d'équité.

Le confinement reste cependant en France moins strict que celui du printemps, et 12 millions d'élèves ont effectué lundi leur rentrée. Les établissements sont toutefois soumis à un protocole sanitaire renforcé, qui impose notamment le port du masque dès l'âge de six ans.

Le Portugal va décréter l'état d'urgence sanitaire

Le Portugal, en deuil lundi pour les victimes du Covid-19, a annoncé aujourd'hui qu'il allait décréter l'état d'urgence sanitaire pour se donner les coudées franches dans ses efforts pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus, selon le Premier ministre Antonio Costa. La majeure partie du pays sera reconfinée à partir de mercredi. "Nous proposons que soit déclaré l'état d'urgence à caractère préventif, pour lever les doutes juridiques", a déclaré le chef du gouvernement socialiste à l'issue d'un entretien avec le président de la République, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, à qui il revient de déclarer l'état d'urgence après consultation du Parlement.

"Nous proposons que soit déclaré l'état d'urgence à caractère préventif, pour lever les doutes juridiques."

Antonio Costa
Premier ministre du Portugal

L'exécutif veut notamment s'assurer qu'il peut légalement restreindre la liberté de circulation, instaurer des contrôles de température ou réquisitionner des employés des secteurs public et privé pour lutter contre la pandémie, a expliqué M. Costa devant la presse.

A partir de mercredi, 7,1 millions de Portugais, soit environ 70% de la population, seront reconfinés pendant au moins deux semaines, avait annoncé samedi soir le Premier ministre. Ce nouveau confinement sera toutefois également moins strict que celui du printemps. Dès que possible, le télétravail deviendra obligatoire mais les écoles resteront ouvertes, ainsi que les restaurants et les commerces, même s'ils devront fermer plus tôt.

L'économie britannique sous la menace d'un reconfinement "dévastateur"

Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d'Europe avec au moins 46.807 morts, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé un reconfinement de l'Angleterre de jeudi jusqu'au 2 décembre. Ce reconfinement qui pourrait faire replonger le pays en récession est "vraiment dévastateur" pour l'économie britannique déjà à genoux en raison de la pandémie, a prévenu l'organisation patronale CBI.

Lundi, le journal The Sun a en outre révélé que le prince William, deuxième dans l'ordre de succession à la couronne britannique, a été infecté par le nouveau coronavirus en avril et a subi des difficultés respiratoires.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson
Le Premier ministre britannique Boris Johnson ©AFP

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