Le Russiagate enflamme le Parlement européen
Le Russiagate, les accusations d'espionnage pour le Kremlin pesant sur deux députés européens, a donné lieu à un débat très vif au Parlement européen.
Les ingérences de la Russie en Europe étaient au cœur d'un débat, mardi, au Parlement européen. Les échanges ont très vite pris l'allure d'un roman de John Le Carré, car il fut surtout question du "Russiagate", une affaire impliquant Tatjana Zdanoka, une eurodéputée lettone, ancienne membre du groupe des Verts, accusée d'espionnage pour le compte de la Russie durant une vingtaine d'années. Le lièvre a été levé, fin janvier, par The Insider, un média d'investigation russe basé en Lettonie. La présidente du Parlement, Roberta Metsola, a jugé les accusations suffisamment graves pour lancer une enquête.
"L'ère de l'innocence de l'Europe est terminée, pour de bon."
"C'est un devoir de cette assemblée de savoir qui fait le jeu du Kremlin", a martelé le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas. "L'ère de l'innocence de l'Europe est terminée, pour de bon."
Plusieurs députés se sont succédé à la tribune pour condamner les pratiques d'espionnage. "Si nous ne sortons pas de notre apathie, nous allons assister tels des sénateurs romains à la chute de la maison Europe", a tonné le Français Raphaël Glucksmann (S&D).
Selon certains élus, d'autres membres du Parlement travailleraient pour les services russes. "La confirmation que Zdanoka est une agente des services de renseignements russes n'est pas une surprise. Plus important, elle n'est pas la seule à poursuivre des politiques d'ingérence à Strasbourg et Bruxelles", a dit la Lettonne Sandra Kalniete (PPE).
Au service du FSB
"Vous êtes une agente de la paix comme l'est Poutine."
D'après The Insider, Tatjana Zdanoka, 73 ans, travaillait avec le service de renseignement russe FSB (ex-KGB) depuis 2005. Sa mission aurait été de promouvoir un climat pro-russe en Europe. Le média se base sur des échanges d'emails avec des agents du FSB et des rapports détaillés.
Lors du débat, Zdanoka a pris la parole pour se défendre. "Oui, je suis une agente, mais une agente de la paix et de la lutte contre le fascisme", a-t-elle dit.
"Vous êtes une agente de la paix comme l'est Poutine", a répliqué la Lituanienne Rasa Jukneviciene (PPE).
Puigdemont mis en cause
Démocrates-chrétiens et libéraux ont lié l'affaire avec des allégations similaires pesant sur le leader indépendantiste catalan, Carles Puigdemont. Ils ont dénoncé une "feuille de route russe" en Catalogne pour déstabiliser l'Europe.
"Des espions de Moscou sont arrivés en Catalogne avant le référendum illégal", a lancé Juan Ignacio Alvares (PPE), en vue de "transformer la Catalogne en satellite russe, avec Puigdemont au service du Kremlin".
Les sociaux-démocrates (S&D), le parti du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, allié à Puigdemont, les ont invités à "rester dans le cadre du débat".
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