Nayib Bukele, le président qui rêve de bâtir l'Alexandrie du bitcoin
Le président salvadorien Nayib Bukele a annoncé la création de la "ville bitcoin". Des obligations libellées en bitcoin serviront à financer son projet.
Et si le Salvador accueillait la première "ville bitcoin", une cité fournie en énergie géothermique par le volcan Conchagua? La seule taxe prélevée y serait la TVA. Elle servirait à rembourser les obligations qui seront émises en bitcoin - pour un milliard de dollars, entend-on - pour financer le lancement de la ville et ses services publics.
"Bitcoin City", telle qu'imaginée par le président Nayib Bukele, serait une économie circulaire et afficherait zéro émission de CO2. Elle disposerait d'un aéroport, d'un port, d'une gare et de quartiers résidentiels et commerciaux. Sa place principale prendrait la forme du symbole du bitcoin.
Fan du bitcoin
Le plus jeune chef d'État d’Amérique latine (40 ans), qui s'est autoproclamé "le président le plus cool au monde", comme le rappelle Le Monde, est un fan inconditionnel du bitcoin. "Si vous voulez que le bitcoin se répande dans le monde, nous devrions construire quelques Alexandrie", a-t-il déclaré.
Début septembre, malgré de vives critiques de la part de l'opposition et le scepticisme des Salvadoriens, il a donné un cours légal au bitcoin à côté de la monnaie nationale (dollar américain). Son argument? Dans un pays où 25% de la population a fui aux États-Unis et envoie de l'argent à la famille, le bitcoin permettra de contourner les banques et les intermédiaires. La population pourra ainsi faire des économies.
Un mois plus tard, la hausse des prix de la "monnaie" rapportait 4 millions de dollars; une somme que Nayib Bukele veut consacrer à un hôpital pour animaux.
Pour une justice sociale
Nayib Bukele se dit progressiste et antisystème. Casquette vissée à l'envers, blouson de cuir sur les épaules, il use et abuse de Twitter. Il a surtout un sens inné du spectacle: à la tribune de l'ONU à New York, il se prenait ainsi en selfie, déclarant que la photo toucherait plus de gens que les discours.
Né à San Salvador, Nayib Armando Bukele Ortez est issu d’une famille d’origine palestinienne catholique. Docteur en chimie industrielle et converti à l'islam, son père, Armando Bukele Kattan, devient un imam reconnu. À sa mort, il lègue à ses dix enfants un consortium d’entreprises dans des domaines aussi variés que la publicité, le textile, le secteur pharmaceutique ou l'automobile.
Nayib arrête ses études de droit et se retrouve notamment à la tête d'un concessionnaire de motos Yamaha. Mais, il se sent très vite attiré par la politique. À 31 ans, il est élu maire d'une ville de la banlieue de San Salvador.
Trois ans plus tard, son parti, le FMLN, le choisit comme candidat à la mairie de la capitale qu'il décroche. Sous son impulsion, la ville se modernise. Il fait installer de l'éclairage public LED, construire un marché couvert et un piétonnier.
En 2019, il crée son mouvement, Nuevas Ideas ("nouvelles idées"), en vue de se présenter aux présidentielles. Son slogan: "Il y a assez d’argent quand personne ne vole". Une fois élu, il s'est attaqué à la corruption qui ronge le pays et à la guerre des gangs de la drogue. Une lutte qui porte déjà ses fruits.
- Né le 24 juillet 1981 à San Salvador.
- Il commence des études de droit qu'il arrête pour reprendre les affaires familiales.
- En 2012, il est élu maire de la municipalité de Nuevo Cuscatlán. En 2015, il remportera la mairie de San Salvador.
- À 37 ans, Nayib Bukele remporte, en 2019, les élections présidentielles avec plus de 53% des voix.
- En septembre 2021 il donne un cours légal au bitcoin qui devient la 2e "monnaie" du Salvador à côté du dollar américain.
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